Écrasement à Saint-Bruno : inexpérience, langue et bris au centre de l'enquête
Accident d'avions aux Promenades Saint-Bruno
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
Le Bureau de la sécurité des transports (BST) étudie différentes hypothèses pour expliquer la collision entre deux avions, vendredi, à proximité de l'aéroport de Saint-Hubert. L'un des pilotes, qui avait 21 ans, a été tué lorsque les appareils se sont percutés en plein ciel.
Les deux pilotes étaient des étudiants chinois d'une école de pilotage. Leurs appareils se sont écrasés dans le stationnement et sur le toit d'un centre commercial à Saint-Bruno.
La compagnie Cargair / Max Aviation forme chaque année environ 150 pilotes issus de la Chine en vertu d’un partenariat signé il y a 11 ans. Le directeur de l’exploitation, Daniel Adams, assure que la langue n’était pas un obstacle.
« »
Il reconnaît néanmoins que lorsqu’il y a une forte densité de vols en raison de bonnes conditions météorologiques – ce qui était le cas vendredi –, il peut y avoir une congestion au niveau des communications. « Y a-t-il eu deux communications en même temps? De manière générale, tout se passe bien », ajoute Daniel Adams.
Bris mécanique
Dans les enregistrements audio des communications entre la tour de contrôle et les pilotes, le contrôleur interpelle pourtant celui de 23 ans, qui a survécu à son écrasement sur le toit du centre commercial, à au moins quatre reprises, sans réponse. « S’il y a eu un problème mécanique, comme un bris de radio, les inspecteurs du Bureau de la sécurité des transports (BST) pourront le déterminer très rapidement », indique Jean Lapointe, pilote de ligne.
Les pièces recueillies sur les lieux du drame ont été mises de côté pour la fin de semaine, le temps de terminer la phase de collecte de données, a indiqué samedi un porte-parole du Bureau de la sécurité des transports.
Selon le gestionnaire des enquêtes aéronautiques pour le Québec, Jean-Marc Ledoux, il est encore trop tôt pour déterminer les causes de l'accident. « Tout ce qu’on a de fait présentement, c’est l’étape sur le terrain, qui s’est terminée hier [vendredi] en fin de soirée vers 23 h », a-t-il expliqué. Néanmoins, un problème de communication n'est par écarté. « Comme dans toutes les enquêtes, il faut regarder tous les autres éléments aussi », a-t-il ajouté.
Les données du radar vont d'ailleurs permettre de connaître la position à laquelle les appareils se sont touchés.
Plusieurs entrevues seront aussi menées auprès des contrôleurs aériens, des instructeurs de vols et du personnel de l'entreprise. Une trentaine de témoins ont été interrogés jusqu’à maintenant.
Jean-Marc Ledoux a également indiqué que ce genre d'accident est rare au Canada. « On a quand même un système de transport aérien au pays qui est très sécuritaire comparé à d’autres pays », a-t-il dit.
Erreur humaine
L’expert Jean Lapointe soutient par ailleurs que le BST devra aussi déterminer si les pilotes avaient assez d’expérience. « Un des pilotes convergeait vers l’aéroport en préparation pour l’atterrissage, une phase exigeante. Son niveau d’expérience a-t-il compromis sa compréhension des informations qu’il recevait de la tour? », s’interroge-t-il.
Daniel Adams de Cargair / Max Aviation assure que la formation donnée dans son établissement est adéquate. « Les objectifs du programme sont très clairs et bien définis. Les élèves doivent cheminer et obtenir les résultats attendus. Il n’y a pas de place à l’erreur. » Il précise que les étudiants repartent avec une licence qui respecte les plus hautes normes.
Le BST a indiqué que les élèves de l'école de pilotage recevront de l'aide psychologique. « J’ai des psychologues qui vont être au bureau. Je tiens vraiment à ce que chacun soit vu et qu’on me dise : “Oui, il est correct, il va passer à travers”. On prend ça très au sérieux », a souligné une enquêteuse du BST, Isabelle Langevin.
Le Bureau de la sécurité des transports poursuit son enquête, qui pourrait durer des mois, en collaboration avec le Service de police de la Ville de Longueuil.