Créer ensemble pour mieux se comprendre

« L’idée est d’être capable de déconstruire et de reconstruire, puis de redécouvrir ce qui constitue la francophonie pour chacun et pour l’ensemble de la communauté », dit Brigitte Dorge.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Percevoir/Couper/Rassembler est un projet d'art visuel de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) qui vise à créer des rapprochements durables entre les nouveaux arrivants d'expression française et la communauté d'accueil franco-manitobaine à travers la médiation culturelle.
Chaque mardi depuis plus d’un mois, l’artiste Dominique Rey rencontre une dizaine de participants à la Maison des artistes visuels francophones à Saint-Boniface. IIs partagent leur vécu comme francophones et discutent ensemble afin d’aboutir à un projet de co-création visuel.

La Maison des artistes visuels francophones est un centre d’artistes en art actuel œuvrant avec la communauté francophone du Manitoba.
Photo : Radio-Canada
« On n’est pas ici pour faire de la propagande pour la francophonie. C’est d’être vraiment vrai, de créer une mini communauté entre nous et d’arriver à travers ce processus artistique à l’inattendu », explique Mme Rey.
Dans le groupe se trouvent de nouveaux arrivants francophones, un anglophone issu de l’immersion et des Franco-Manitobains établis.

Les ateliers de co-création à la Maison des artiste visuels francophones sont gratuits pour les participants.
Photo : Radio-Canada
La majorité du groupe est composée de personnes qui n’ont pas d’expérience en arts visuels comme Wilgis Agossa, originaire du Bénin.
« La francophonie ce n’est pas visuel, mais en même temps on la voit chaque jour. On la vit et l’explore chaque jour. Et parfois, il y a des détails dont on n’est pas conscient, affirme M. Agossa. Un atelier comme celui-ci me fait prendre conscience d’un certain nombre de choses qui sont importantes pour moi par rapport à qui je suis vraiment. »
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« Les gens ne se connaissent pas, alors tout le monde arrive avec son vécu et c’est une découverte pour les autres », explique la conseillère Brigitte Dorge (au centre).
Photo : Radio-Canada
Brigitte Dorge, conseillère à Pluri-elles, a suivi une formation en médiation culturelle. Elle participe aux rencontres pour soutenir le groupe dans son cheminement.
« La médiation, c’est de faire un pont entre l’artiste et les participants, explique Mme Dorge. Les participants s’inspirent du style de l’artiste et de son expertise et je les aide à faire ressortir leurs idées. Et l’artiste s’inspire du vécu des participants et de leur perception. Ensemble, ils arriveront à une co-création. »
Qu’est-ce que l’individu va découvrir dans sa création qui va lui apporter un nouveau regard sur lui-même, sur la question de la francophonie? C’est un élément vraiment important de ma pratique.

« On est tous co-créateurs dans ce projet. Ce n'est pas des citoyens au service de l'oeuvre de l'artiste », explique Dominique Rey.
Photo : Radio-Canada
La Franco-Manitobaine Dominique Rey est professeure adjointe à l’École d’art de l’Université du Manitoba et artiste visuelle multidisciplinaire de renommée internationale basée à Winnipeg.
« Je fonctionne principalement dans un milieu anglophone, mais maintenant que mon enfant va à la garderie, je vois la diversité francophone qui s’accroît de plus en plus, explique Mme Rey. Ce projet est un bon prétexte pour voir comment je peux m’insérer davantage dans cette diversité croissante. Je suis allée à Pluri-elles et à l’Accueil francophone et mon appréciation de ce qui se passe chez nous s’est épanouie. »

Pierrette Sherwood et Wilgis Agossa participent au projet. « C’est fou de le dire, mais je pensais que la plupart des nouveaux arrivants étaient des Congolais, dit Pierrette Sherwood. Je ne savais pas qu’il y avait autant de Français venant de la France qui vivent ici. »
Photo : Radio-Canada
L'artiste visuelle Pierrette Sherwood de Sainte-Anne-des-Chênes au Manitoba participe pour la première fois à un projet de collaboration artistique.
« Comme artiste, on travaille souvent en isolement, alors c’était l’occasion pour moi de rencontrer d’autres gens de la communauté et il est certain que la réputation de Dominique a influencé ma décision, dit Mme Sherwood. En puisant dans le vécu des autres, tu ne peux pas t’empêcher d’avoir une optique plus large. C’est très enrichissant. »

« Chaque semaine, le projet évolue grâce à nos actions, à ce qu’on partage et à ce qu’on découvre ensemble », souligne Dominique Rey.
Photo : Radio-Canada
Le fait que ça touchait aux nouveaux arrivants, je trouvais ça intéressant parce que je voulais m’immerser davantage, épanouir mon monde à moi.

Dominique Rey (debout) est une artiste multidisciplinaire dont la pratique comprend la vidéo, la performance, la peinture, la sculpture et la photographie.
Photo : Radio-Canada
Pendant la durée du projet, Dominique Rey reçoit un soutien hebdomadaire en médiation culturelle de Yves Amyot, fondateur du Centre Turbine de Montréal.
« Ce projet n’est ni un atelier ni de l’enseignement. C’est autre chose et c’est un bon défi, souligne Mme Rey. Alors je discute avec lui un plan de match chaque semaine. Il n’y a rien d’établi au départ, mais nous sommes hautement organisés. De façon subtile, tout le monde participe dans la création de l’art actuel sans même y penser. »

« Je trouve ça bien de pouvoir faire parler son imagination, laisser libre-court à son sentiment à travers une production artistique », souligne Wilgis Agossa.
Photo : Radio-Canada
Wilgis Agossa a choisi de participer au projet afin de profiter des échanges issus des rencontres.
« Chaque culture est différente et je trouve que tout ce qui peut émaner d’une rencontre nous permet de connaître l’autre, dit-il. Il y a un certain nombre de choses à comprendre. Et quand on les comprend, c’est plus facile d’aller les uns vers les autres. »
Le projet se déroule entre le 14 janvier et le 31 mars 2017 à la Maison des artistes visuels francophones à Saint-Boniface.