Habiter dans la ruelle pour favoriser la vie de quartier

La Ville autorise la construction de maisons de ruelles depuis mai 2014, mais n'envisage pas cette option pour augmenter la densité des quartiers existants.
Photo : Radio-Canada / Albert Couillard
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un entrepreneur de Saskatoon croit que de nouveaux types d'habitation comme les maisons de ruelle sont une solution pour augmenter la densité des quartiers centraux de cette ville des Prairies. Mais la Ville a d'autres projets pour faire face à la croissance de sa population, qui devrait doubler et atteindre 500 000 habitants d'ici 2050.
Un texte d’Anouk Lebel
Jeff Nattress a réalisé le premier projet de garage avec appartement dans la cour de sa maison du quartier North Park, au nord du centre-ville de Saskatoon. En décembre 2015, sa conjointe et lui ont quitté la maison principale d’un peu plus de 90 m2 pour ce logement de 70 m2.
« C’est une diminution d’espace qui est gérable », affirme-t-il. M. Nattress a conçu son entreprise, Laneway Suites, autour de ce concept, qui permet selon lui de profiter des infrastructures et de la qualité de vie des quartiers existants.
Il explique toutefois que reproduire l’appartement type qu’il a construit dans sa cour n’est plus possible. Les règlements municipaux sont désormais plus restrictifs en ce qui a trait à la taille de la nouvelle construction, qui ne doit pas être plus grande que la maison existante.
Ç'a été un défi pour plusieurs clients qui voulaient refaire ce que j’ai fait ici. Ils ont besoin d’une plus grande maison pour le faire.

Jeff Nattress explique que l'espace est utilisé à son plein potentiel dans l'appartement de 70m2.
Photo : Radio-Canada / Albert Couillard
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Pour l’instant, la Ville de Saskatoon n’a approuvé que 15 projets et n’a accordé que 7 permis de construction pour des appartements sur des garages ou des maisons de ruelle.
La directrice de la planification et du développement à la Ville, Lesley Anderson, explique qu’autoriser ce type de construction vise davantage à répondre aux besoins des résidents des quartiers existants qu’à augmenter leur densité.
« Quand on parle de développement des terrains existants dans les quartiers, nous, nous regardons des projets à petite échelle, de deux ou de quatre unités dans certains secteurs, mais ça ne comporte pas un grand potentiel de croissance. »
Nous n’allons pas augmenter la densité des quartiers existants dans une large mesure.
Dans son plan de croissance pour les 30 prochaines années, la Ville mise sur les espaces résidentiels de haute densité autour des grands axes routiers à l’intérieur de Circle Drive. « Ça nous permettra d’accommoder davantage de population », souligne Mme Anderson.
À long terme, la Ville souhaite aussi développer les terres agricoles de l’Université de la Saskatchewan et certains terrains vagues au nord du centre-ville.

Le règlement municipal ne permet plus les ajouts plus grands que la résidence principale.
Photo : Radio-Canada / Albert Couillard
De nombreux espaces vacants au centre-ville, selon un professeur
Pour le professeur au département de géographie et d’aménagement de l’Université de la Saskatchewan Bob Patrick, la Ville n’en fait pas assez pour augmenter la densité des quartiers près du centre-ville.
S’il estime que les garages avec appartements et les maisons de ruelles sont innovateurs pour augmenter la densité des quartiers sans en changer l'apparence, il croit que peu de personnes opteront pour ce type d'habitations.
Selon lui, la Ville devrait surtout mettre en place des incitatifs pour promouvoir la construction sur des terrains vacants inutilisés plutôt que de les transformer en stationnements.
Construisons là-dessus, favorisons plus de densité, ça va aider autant les restaurants que les épiceries du quartier.
Il ajoute que la Ville favorise davantage le développement de nouveaux quartiers à faible densité en périphérie. « Ce type de développement est risqué sur le plan de l’environnement, mais aussi sur celui de l’économie. »