•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

De Kinshasa à Watrous, une mère et sa fille reconstruisent leurs vies

Une photo de Nastra Molowayi et de sa mère, Kabibi Feza, dans leur appartement à Watrous

Nastra Molowayi et sa mère, Kabibi Feza, dans leur appartement à Watrous

Photo : Radio-Canada / Nicole Lavergne-Smith

Radio-Canada

Kinshasa, Ouagadougou : Kabibi Feza et sa fille, Nastra Molowayi, ont vécu la plus grande partie de leur vie dans de grandes capitales. Cependant, depuis novembre, c'est la communauté de Watrous, un village de 1900 âmes, qui accueille les deux femmes originaires de la République démocratique du Congo.

Un texte de la Fureteuse fransaskoise Nicole Lavergne-Smith

Nastra Molowayi concède en riant que la petite communauté saskatchewanaise, en bordure de l’autoroute 2, n’était pas son premier choix d'endroit où s'établir. Quand la femme de 27 ans et sa mère rêvaient de vivre au Canada, elles imaginaient plutôt se retrouver à Toronto qu'à Watrous.

Mais, à leur arrivée comme réfugiées, la talentueuse artiste sur cuivre et l’étudiante aux grands rêves ont poussé un soupir de soulagement à l’aéroport de Saskatoon.

Tout à coup, ville ou village, le lieu où elles étaient importait peu. Elles étaient maintenant au Canada, loin d’un passé qui les avait trop longtemps hantées.

La Fureteuse fransaskoise

Consulter le dossier complet

Vue du village et la rivière Saskatchewan nord au loin.

Sous une menace constante

Kabibi Feza présente l'image d'une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Installée à sa table de cuisine, à Watrous, elle raconte son histoire avec passion.

Elle dit qu'au début des années 2000 un homme influent dans son pays d'origine et son épouse ont refusé de la payer pour du travail qu'elle avait fait pour eux. L'artiste sur cuivre a dénoncé la situation haut et fort et cet homme a été congédié. C'est à ce moment que la vie de Kabibi Feza est devenue un cauchemar.

Photo de l'oeuvre de la batteuse sur cuivre, Kabibi Feza : « Danse autour du feu ».

Oeuvre de la batteuse sur cuivre, Kabibi Feza: Danse autour du feu

Photo : Kabibi Feza

Des militaires se sont mis à la suivre.

Son atelier a été pillé plus d'une fois, et sa collègue est tombée sous les balles, atteinte à trois reprises. « Elle est morte à cause de moi. Une hémorragie. »

Kabibi Feza a dû fuir le pays sans en aviser sa fille, puisque celle-ci demeurait chez sa grand-mère. Elle s'est rendue au Togo, puis a passé plus de quatre ans au Burkina Faso avant que Nastra puisse la rejoindre.

Au Burkina Faso, où toutes deux s'étaient réfugiées, la vie n’était pas facile, et la menace était toujours présente.

Maintenant au Canada, elles se sentent finalement en sécurité.

Une photo de Nastra Molowayi et sa mère, Kabibi Feza, en route pour Saskatoon

Nastra Molowayi et sa mère, Kabibi Feza en route pour Saskatoon

Photo : Nastra Molowayi

L'accueil à Watrous

Le profil de Kabibi et de Nastra a attiré l'attention du comité d'accueil de réfugiés de Watrous. Formé en 2015, cet organisme a pour objectif, comme beaucoup d'autres à cette époque, d'accueillir des réfugiés originaires de la Syrie. Jim Coulter, qui est membre de ce comité, explique que celui-ci a modifié ses plans, par crainte d'un sentiment anti-arabe dans la communauté.

« Nous avons évalué que notre communauté serait probablement plus accueillante envers des personnes non arabes. Nous nous sommes donc mis à la recherche de réfugiés d'autres parties du monde. »

Jim Coulter est fier du travail de sa communauté. Ils ont pu amasser plus de 20 000 dollars pour accueillir les deux femmes. Le comité de Watrous est responsable de la moitié de leurs dépenses pour un an, et le gouvernement fédéral paie l’autre moitié.

Une photo de Kabibi Feza et Sarah McKen du comité d’accueil des réfugiés

Kabibi Feza et Sarah McKen du comité d’accueil des réfugiés

Photo : Kabibi Feza

Un nouveau départ

Nastra et Kabibi s'adaptent tranquillement à leur nouvelle vie. Elles se concentrent sur l’apprentissage de l’anglais. Les cours avancent bien pour Nastra, mais Kabibi à un peu plus de difficulté.

Nastra continue ses études à distance en communication d’entreprise et en relation internationale dans une université du Burkina Faso.

Son grand rêve est de devenir mannequin, chose qu'elle croyait impossible alors qu'elle vivait sur le continent africain. Mais au Canada, qui sait? « Je rêve de ça, j’adore ce métier-là. Je n’ai jamais pratiqué ça en Afrique parce que j’ai toujours dit que j’irai faire ça ailleurs. Ailleurs, je ne savais pas quel pays c’était, je disais juste ça comme ça. »

Oeuvre de la batteuse sur cuivre, Kabibi Feza: Masque combiné

Oeuvre de la batteuse sur cuivre, Kabibi Feza: Masque combiné

Photo : Kabibi Feza

L’idéal pour les deux femmes serait de vivre dans une grande ville, parce que Kabibi souhaite que son art soit reconnu au Canada, comme il l'était en Afrique. Elle vient d’acheter son premier lot de cuivre en sol canadien et a trouvé un local dans une église près de son appartement où elle va recommencer à travailler.

« On nous aide en tout cas. On nous aide vraiment très bien. Il n’y a pas de problème, on est à l’aise… »

Les deux femmes sont reconnaissantes pour l'accueil qu'elles ont reçu à Watrous. Elles disent que les habitants sont curieux et veulent les connaître. De temps en temps, elles font des sorties avec eux. Cependant, elles passent également beaucoup de temps dans leur appartement, Nastra aux études, Kabibi, sur ses dessins.

Elles ont bon espoir que tout ira pour le mieux. « C’est Dieu seul qui connaît, c’est Dieu qui décidera », affirme avec assurance Kabibi Feza.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.