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Un politicien à contre-courant aux Pays-Bas

Jesse Feras Klaver

Jesse Feras Klaver, chef du parti vert aux Pays-Bas

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Il est jeune, il ressemble à Justin Trudeau, il est idéaliste et il est l'un des politiciens les plus populaires de ce petit pays d'Europe. Rencontre avec le chef du parti vert, Jesse Feras Klaver.

Un texte d’Alain Crevier, de Second regard

Les Pays-Bas, c’est une histoire de marchands, de commerçants, de gens qui allaient au large et qui ont développé une grande ouverture d’esprit. Mariage homosexuel, euthanasie, suicide assisté, drogue douce… Ce sont des pionniers. Et un modèle de tolérance.

Mais quelque chose a changé. Aujourd’hui, le parti qui bouscule tout l’échiquier politique, c’est le Parti pour la liberté, l’extrême droite. Avec ses cheveux peroxydés, le toupet à la Trump, Geert Wilders voudrait bien se débarrasser de l’Islam, du Coran et des mosquées.

Geert Wilders

Le dirigeant du PVV Geert Wilders a lancé officiellement sa campagne électorale le 18 février 2017 à Spijkenisse, aux Pays-Bas.

Photo : Getty Images / Dean Mouhtaropoulos

Son cheval de bataille : l’immigration, les réfugiés et plus particulièrement une portion de la minorité marocaine qu’il considère comme de la racaille. Il ne se gêne pas pour le dire publiquement d’ailleurs. L’enjeu, selon lui? La culture, l’identité, la manière de vivre et d’être néerlandais. On pourrait presque entendre un slogan : « Make Holland great again! »

Populaire extrême droite

Ceux qui ne prenaient pas au sérieux ce mouvement d’extrême droite doivent se mordre les doigts aujourd’hui. Tous les sondages ou presque placent Wilders en tête dans les intentions de vote. Et comme leur système électoral est proportionnel, si l’extrême droite obtient 30 % des votes, elle obtiendra du coup 30 % des sièges à la Chambre des députés. Difficile de l’ignorer, quoi.

Mais dans ce pays où les gouvernements sont toujours des créatures de coalition, Wilders et l’extrême droite risquent-ils de prendre le contrôle du pays? Pas certain. On le considère un peu comme un pestiféré. Quels politiciens voudraient pactiser avec lui?

Pendant ce temps, un vent de fraîcheur

Pendant que tous les yeux sont tournés vers l’inquiétant Wilders et l’extrême droite, aux Pays-Bas, un tout autre phénomène prend forme.

Il ressemble à Justin Trudeau. Il s’inspire de Barack Obama et de John F. Kennedy. Il est le plus jeune chef de parti politique de l’histoire des Pays-Bas. Il a 30 ans et il se nomme Jesse Feras Klaver. Oui, JFK!

Jesse Feras Klaver

Jesse Feras Klaver

Photo : Radio-Canada

Il a des origines marocaines et indonésiennes. Il n’a pratiquement aucune chance de devenir premier ministre aux élections du 15 mars, et pourtant!

« Je suis né ici. C’est mon pays [...] Alors, la première fois où je me suis senti un peu marocain, c’est lorsque Wilders a dit qu’il voulait moins et encore moins de Marocains. Je venais tout juste d’être père pour la première fois. J’avais le plus beau bébé au monde et je me suis dit : "Où ça s’arrête?" Est-ce que moi et mon enfant allons devoir quitter notre pays? C’est la première fois que je me suis senti furieux [...], que je me suis senti blessé », raconte Jesse Feras Klaver.

On a bien rigolé lorsqu’il a été élu la première fois, dans la jeune vingtaine avec ses longs cheveux bouclés. On ne l’a pas pris au sérieux lorsqu’il est devenu le chef du parti vert, GroenLinks.

Pourtant, à Nimègue, j’ai vu une salle pleine à craquer, 1400 personnes venues l’écouter et l’applaudir. Ça sautait aux yeux, il y avait dans cette assemblée beaucoup de jeunes de moins de 30 ans. Et nous étions un vendredi soir, en pleine tempête de neige.

Je ne sais pas ce que les gens attendent de moi, mais ils veulent que dans ce pays, l’espoir l’emporte sur la peur. Parce que partout dans le monde la peur domine. Alors ils veulent de l’espoir pour leur avenir et celui de leurs enfants.

Une citation de Jesse Feras Klaver

Le reportage avec Jesse Feras Klaver a été diffusé le 5 mars à Second regard sur ICI Radio-Canada Télé.

JFK parle avec passion du capitalisme débridé, de la justice sociale, de la crise du logement et, évidemment, en bon parti vert, des changements climatiques.

Est-ce suffisant pour contrer la grogne, la colère et l’extrême droite? Probablement pas. Mais peut-être est-ce déjà pas mal pour intéresser les plus jeunes générations à la politique et à d’autres enjeux que ceux qui obsèdent les partis traditionnels.

Cette nouvelle génération se tient debout et elle veut se réapproprier la démocratie. On veut que ça change. Mais il faudra y travailler et c’est ce que je fais.

Une citation de Jesse Feras Klaver

JFK est devenu l'un des politiciens les plus populaires du pays. S’il n’est pas tout à fait l’antidote à l’extrême droite, il est tout de même un vent de fraîcheur dans ce pays où la tolérance est devenue un enjeu électoral.

Nous avons obtenu un accès exceptionnel à ce jeune et fougueux politicien néerlandais. De l’arrière-scène à son salon en passant par l’épicerie du coin. Nous avons vu dans ses yeux beaucoup de passion et une bonne dose d’idéalisme. Reste à voir quel impact sa candeur aura sur la peur et la haine dont parle ad nauseam Geert Wilders.

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