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Du sang de dragon pour vaincre des bactéries

Un dragon de Komodo

Un dragon de Komodo

Photo : iStock

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La résistance aux antibiotiques est un phénomène grandissant, au point où les bactéries pourraient tuer jusqu'à 10 millions de personnes par an d'ici 2050. Il n'est donc pas étonnant que les chercheurs tentent de trouver de nouvelles substances antibactériennes dans des endroits de plus en plus inhabituels.

Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné

La dernière fois que la communauté scientifique annonçait la découverte d’une nouvelle classe d’antibiotiques était en janvier 2016. Une première en 30 ans!

Toutefois, pour développer de nouveaux antibiotiques, il faut des molécules capables de cibler des mécanismes de plus en plus précis et leur conception coûte de plus en plus cher. Plusieurs chercheurs se tournent donc vers des molécules ou des protéines qui pourraient endommager les bactéries d’une autre façon.

L’arme du dragon

C’est en cherchant dans la nature qu’ils ont trouvé plusieurs nouvelles molécules dans le sang d’un animal rarement utilisé en recherche médicale : le dragon de Komodo. Leur découverte a été publiée dans le journal scientifique Journal of Proteome. (Nouvelle fenêtre)

Le dragon de Komodo est l’un des plus grands lézards carnivores du monde et peut mesurer jusqu’à trois mètres de long. Ce natif d’Indonésie aurait aussi la bouche remplie de bactéries capables d’infecter ses proies, bien que les spécialistes ne s’entendent pas tous sur cette question.

C’est le fait que le dragon ait un contact rapproché avec une flore bactérienne potentiellement dangereuse, sans répercussion sur sa santé, qui a attiré l’attention des scientifiques.

Le système immunitaire possède plusieurs armes dans son arsenal. Certaines cellules immunitaires, comme les lymphocytes, sont capables de reconnaître et de détruire un type de microbe avec une grande précision.

Toutefois, ce qui intéressait ici les chercheurs, c’étaient des peptides antimicrobiens. Ces derniers se retrouvent en grand nombre dans le sang et peuvent neutraliser ou détruire les bactéries de plusieurs façons.

La grande majorité des organismes complexes de la terre – y compris les humains – possèdent déjà plusieurs exemplaires de telles protéines. Sans celles-ci, nous serions à la merci de la moindre infection. Malheureusement, plusieurs bactéries pathogènes capables d’infecter l’humain peuvent se défendre contre ces molécules.

Par contre, ces agents infectieux peuvent rester sensibles à des protéines venant d’autres espèces qu’elles n’ont jamais rencontrées auparavant.

Imiter la nature

Dans leur étude, les chercheurs ont identifié dans le sang des dragons de Komodo une cinquantaine de molécules antimicrobiennes, jusqu’à ce jour inconnues, capables de jouer un rôle dans la défense contre les bactéries.

Parmi elles, sept ont été en mesure de détruire deux bactéries résistantes très répandues dans les hôpitaux et responsables de multiples infections respiratoires (Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus).

Les chercheurs veulent maintenant comprendre comment ces molécules se sont formées, afin d’en faciliter la synthèse.

Afin de développer une quelconque application médicale, il sera nécessaire de répliquer ces protéines en laboratoire, puisque le dragon de Komodo est une espèce menacée.

Bien que cette découverte ne permettra pas l’apparition de nouveaux antibiotiques sous peu, elle ouvre la voie à la conception de nouvelles molécules capables de s’attaquer aux bactéries.

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