Redécoupage électoral : la région Évangéline à l'Î.-P.-É. pourrait être désavantagée

L'Assemblée législative de l'Île-du-Prince-Édouard.
Photo : Radio-Canada / François Pierre Dufault
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les francophones de la région Évangéline, à l'Île-du-Prince-Édouard, pourraient perdre du poids politique à la suite d'un redécoupage de la carte électorale de la province.
Une révision des limites des circonscriptions électorales doit avoir lieu toutes les trois élections, soit tous les 12 ans environ. Le but est d'assurer une répartition équitable du nombre d'électeurs dans les 27 circonscriptions de la province insulaire.
La commission de révision des limites des circonscriptions électorales de l'Île-du-Prince-Édouard mène présentement une série de consultations publiques. Elle a produit pour l'occasion deux modèles de cartes électorales.
Bien qu'il s'agisse seulement d'esquisses, les deux cartes indiquent la même tendance : une migration de la population vers le centre de l'île, au détriment de ses extrémités.
La région de l'ouest de l'Île-du-Prince-Édouard pourrait ainsi perdre une circonscription au profit de la grande région de Charlottetown.
« Déclin de la population »
Dans un tel cas, la circonscription d'Évangéline-Miscouche, qui compte la plus grande concentration de francophones de la province, pourrait absorber une partie de la circonscription voisine de Tyne Valley, majoritairement anglophone.
« Il y a eu un important déclin de la population dans l'est et dans l'ouest, alors que les gens se sont déplacés vers le centre de la province », observe le juge à la retraite Gerard Mitchell, qui préside les travaux de la commission de révision des limites des circonscriptions électorales de l'Île-du-Prince-Édouard.
La circonscription d'Évangéline-Miscouche a une population qui est 30 % inférieure à la moyenne provinciale, qui est d'environ 3700 électeurs par circonscription.
En vertu de la loi, le nombre d'électeurs par circonscription ne doit pas être 25 % inférieur ou supérieur à la moyenne des autres circonscriptions. Mais encore, le président de la commission, Gerard Mitchell, dit qu'il vise un écart de plus ou moins 5 % à 10 % dans la mesure du possible.
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Il n'y a pas de circonscription acadienne « protégée » à l'Île-du-Prince-Édouard, comme ce fut le cas pendant plusieurs années en Nouvelle-Écosse.
Toutefois, la commission de révision des limites des circonscriptions électorales doit aussi tenir compte des caractéristiques géographiques, des communautés d'intérêts et des limites municipales. C'est ainsi que la population acadienne de la région Évangéline a longtemps pu maintenir son poids politique.
Le prochain redécoupage de la carte électorale de l'Île-du-Prince-Édouard soulève néanmoins des inquiétudes parmi les francophones. Plusieurs résidents de la région Évangéline souhaitent le statu quo. Ils craignent de voir le vote acadien dilué dans une circonscription plus grande.
« Il faut essayer de garder le même pourcentage de francophones dans la circonscription », exhorte Alcide Bernard, le président du conseil communautaire du village de Wellington, s'exprimant à titre de citoyen.
L'est de l'île aspiré vers le centre
Les circonscriptions rurales de l'est de l'Île-du-Prince-Édouard risquent, elles aussi, perdre du poids politique à la suite du prochain redécoupage électoral. Les districts électoraux du comté de Kings seraient tous aspirés vers le centre.
La circonscription de Morell-Mermaid pourrait même enjamber la rivière Hillsborough jusqu'à la baie de Tracadie.
Il faut dire que depuis une dizaine d'années, la municipalité de Souris, à l'extrémité est de l'île, a perdu près de 15 % de sa population, tandis que la municipalité de Stratford, près de Charlottetown, a connu un bond démographique de plus de 20 %.
À l'heure actuelle, le nombre d'électeurs dans la circonscription de Stratford-Kinlock est 42 % supérieur à la moyenne provinciale.
La commission de révision des limites des circonscriptions électorales de l'Île-du-Prince-Édouard doit faire part de ses recommandations à l'Assemblée législative au printemps, soit deux ans avant les prochaines élections provinciales.
Avec des informations de Jean-Luc Bouchard et de CBC