Deux armes plutôt qu'une pour lutter contre la malaria

L'anophèle peut transmettre le parasite causant la malaria.
Photo : La Presse canadienne / AP Photo/CDC, University of Notre Dame, James Gathany
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Combiner une prise constante de médicaments avec une exposition directe au parasite causant la maladie permettrait de donner une meilleure immunité contre la malaria.
Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné
Le seul vaccin actuellement disponible contre la malaria offre une efficacité d’environ 40 %, ce qui est bien peu contre une maladie qui, selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, infecte plus de 200 millions de personnes par année, et à laquelle un malade sur cinq ne survivra pas.
Des chercheurs ont donc proposé une nouvelle méthode dans le but de mettre au point un vaccin efficace : injecter directement le parasite chez des patients recevant un médicament antimalaria, la chloroquine, durant toute la période des injections.
Dans un article publié dans Nature (Nouvelle fenêtre), les chercheurs montrent que cette méthode a protégé d’une nouvelle infection les neuf patients participant à l’étude, 10 semaines après la fin du traitement.
La malaria est difficile à traiter, car elle est causée par un parasite intracellulaire, un organisme microscopique qui vit principalement à l’intérieur des cellules.
Quand on est piqué par un moustique porteur, le parasite s’installe rapidement dans le foie, où il va se développer avant de retourner dans les vaisseaux sanguins pour infecter et détruire les globules rouges (qui contiennent des éléments nécessaires à sa survie).
Sans médicament, plusieurs complications risquent de survenir, dont des dommages à différents organes. Ces dommages peuvent entraîner la mort.
Un vaccin à la hauteur de sa cible
Les vaccins sont peu efficaces, car le parasite excelle dans l’art de se soustraire aux yeux du système immunitaire en passant le plus clair de son temps à l’intérieur d’une cellule. Les globules blancs ont alors beaucoup de difficulté à le repérer.
Les vaccins typiques sont composés d’un microbe atténué ou de ses fragments et d’un adjuvant, un produit qui va activer le système immunitaire. Dans le cas de la malaria, ce n’est pas suffisant pour donner une réponse efficace chez toutes les personnes traitées.
La méthode proposée par les chercheurs, qui combine un parasite plus robuste à une prise constante du médicament antimalaria, affaiblit le parasite après son entrée dans le corps. Exposer le système immunitaire à la maladie de cette façon semble pouvoir immuniser tous les patients traités dans cette petite cohorte.
Effets secondaires et problèmes logistiques
La prise de chloroquine vient toutefois avec son lot de problèmes et est responsable de plusieurs effets secondaires pénibles. De plus, cette méthode pourrait ne bénéficier qu’aux personnes provenant de pays développés.
Certains chercheurs ont indiqué qu’il serait extrêmement difficile de réaliser une vaccination suivie d’une prise de médicaments de masse sur un terrain où la malaria est endémique, comme dans plusieurs pays d’Afrique.
Il faudrait une logistique extrêmement poussée et un bon financement pour s’assurer que toutes les personnes vaccinées de cette manière aient accès au médicament antimalaria en permanence, sinon, on risque de simplement leur donner la maladie, ce qui aurait de graves conséquences.
Bien appliquée, cette méthode pourrait toutefois devenir une nouvelle arme importante pour lutter contre ce fléau.