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Le sirop d'érable québécois fond comme neige au soleil sur les marchés mondiaux

Fabrication de sirop d'érable

Une cabane à sucre du New Hampshire

Photo : La Presse canadienne / Jim Cole

La Presse canadienne
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Principal producteur de sirop d'érable de la planète, le Québec augmentera sa production même s'il doit faire face à la concurrence croissante des États-Unis et de ses provinces voisines ainsi qu'à une opposition de certains acériculteurs.

En juin, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) a autorisé la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) à délivrer de nouveaux contingents représentant cinq millions d'entailles au cours des deux prochaines années.

Jusqu'en 2016, la production s'élevait à 43 millions d'entailles. Selon le directeur général de la FPAQ, Simon Trépanier, l'objectif est de répondre à la demande grandissante de sucre naturel, un ingrédient de plus en plus utilisé dans les aliments et les boissons.

« Nous accordons ces entailles supplémentaires afin de satisfaire la demande et de nous assurer que le Québec participe à la croissance du marché dès maintenant », a dit M. Trépanier.

Selon Statistique Canada, plus de 90 % de la production nationale de sirop d'érable – 12,2 millions de gallons – a été récupérée au Québec, l'an dernier. Malgré ces données impressionnantes, le quasi-monopole de la province sur ce marché se relâche.

Ainsi, malgré une augmentation de 30 % de sa production au cours des 10 dernières années, la part du Québec sur le marché mondial est passée d'environ 82 % en 2003 à 71 % en 2016, selon des données de Statistique Canada et du ministère de l'Agriculture des États-Unis.

Du sirop d'érable
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Du sirop d'érable

Photo : Radio-Canada / Lisa-Marie Noël

L'emprise de la FPAQ

Selon des observateurs, la cause de cette chute est attribuable à l'emprise de la FPAQ sur les producteurs de la province. L'association établit les quotas et les prix, oblige les producteurs à vendre à des acheteurs autorisés seulement et à payer des frais administratifs.

N'ayant pas à répondre à cette réglementation, les concurrents aux producteurs québécois augmentent rapidement leur part du marché.

Le président de l'Association des producteurs acéricoles de l'État de New York, Tony VanGlad, affirme que la production a crû annuellement de 5 à 10 % sur son territoire au cours des dernières années. « Nos plus importants producteurs continuent de croître », a-t-il avancé.

Le système québécois fait l'objet de maintes critiques.

Le gouvernement québécois a publié un rapport recommandant une série de changements dans le secteur du sirop d'érable. Parmi ceux-ci figurait l'abandon des contingentements. « Le modèle québécois doit évoluer s'il veut survivre, a écrit l'auteur du rapport. [Il] en est venu à favoriser le développement de l'industrie acéricole partout sauf au Québec. »

Les recommandations du rapport sont, jusqu'à présent, demeurées lettre morte. Le gouvernement n'a pas agi et a dit que le ministre de l'Agriculture ne pouvait pas répondre à nos questions.

Selon la FPAQ, le système des contingentements apporte de la stabilité à l'approvisionnement et aux prix, un élément important pour un secteur assujetti notamment aux caprices de Dame Nature. « Nous ne sommes pas des cheiks vivant dans un building de Longueuil », réplique M. Trépanier à ceux qui comparent le fonctionnement de la FPAQ à un cartel comme l'OPEP.

« On n'est pas des Goliaths; on représente les producteurs. »

Des producteurs récalcitrants

Ce n'est pas l'opinion d'Angèle Grenier, une productrice acéricole de Sainte-Clotilde-de-Beauce. Mme Grenier a dépensé 150 000 $ en frais juridiques pour s'opposer aux amendes totalisant 400 000 $ pour avoir vendu son sirop à un acheteur du Nouveau-Brunswick sans l'autorisation de la FPAQ. La cause est devant la Cour suprême qui doit décider si elle entendra l'appel. « Les producteurs subissent des restrictions sur tout, affirme-t-elle. Au Québec, on n'est pas capable d'avoir un peu de liberté. »

L'enjeu est important, estime Nicole Varin, une productrice d'Oka qui doit verser environ 500 000 $ en amendes pour avoir vendu des produits de l'érable en dehors du système imposé par la FPAQ. « Si Mme Grenier gagne sa cause, nous gagnerons la liberté de vendre nos produits à qui on veut », a-t-elle soutenu.

Beaucoup d'argent est en jeu. L'an dernier, la valeur brute des produits de l'érable au Canada avait dépassé les 486,5 millions de dollars.

Le prix du sirop d'érable est d'environ 2,88 $ la livre, selon la FPAQ. Le produit est si précieux qu'il a fait l'objet d'un vol audacieux entre août 2011 et juillet 2012. Des malfaiteurs avaient volé plus de 9500 barils de sirop d'érable, une cargaison évaluée à environ 18 millions entreposés à Saint-Louis-de-Blandford, dans le Centre-du-Québec.

Le professeur Sylvain Charlebois, de l'Université Dalhousie, à Halifax, croit que la décision de la FPAQ d'augmenter ses contingentements indique que celle-ci est au courant de la montée de la concurrence étrangère.

« Elle reconnaît qu'il y a des ratés dans le système et elle tente d'y remédier », a-t-il dit.

 

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