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Le débat est clos : Erik Guay fait partie des grands de son sport

Erik Guay avec sa médaille d'or du super-G

Erik Guay avec sa médaille d'or du super-G

Photo : La Presse canadienne / Gian Ehrenzeller/AP Photo

Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

BILLET - Avec son titre mondial au super-G mercredi et sa médaille d'argent en descente dimanche, Erik Guay est entré, par la grande porte, dans l'histoire du ski alpin, et pas seulement au Canada.

Pourtant, il y a une semaine, personne ne lui aurait prédit un tel succès sur la Corviglia de Saint-Moritz.

Au fil d’une conversation avec des collègues, la majorité d’entre eux estimaient que Ken Read et Steve Podborski étaient encore les plus grands skieurs canadiens, même si le Québécois comptait plus de victoires en Coupe du monde que les deux « Crazy Canucks », une médaille d’or en descente aux Championnats du monde en 2011 et le petit globe de cristal du super-G en 2010.

Read n’a pourtant jamais décroché de médaille à des Championnats du monde ni de globe de cristal qui récompense le skieur le plus constant dans une discipline.

Podborski affiche à son palmarès 20 podiums en Coupe du monde, 6 de plus que Read, le petit globe de la descente en 1982 et une médaille de bronze aux Jeux de Lake Placid, qui compte aussi pour une médaille aux Championnats du monde. En 1980, les Jeux olympiques d’hiver faisaient aussi office de mondiaux lors de l’année olympique.

Bien sûr, les « Crazy Canucks » ont marqué l’imaginaire canadien en s’imposant, à partir de 1975, dans un univers dominé jusque-là par les Européens. La victoire de Read lors de la descente de Val-d’Isère en décembre de cette année-là, une première pour un Nord-Américain, a défoncé une porte, fermée à double tour depuis des décennies.

Steve Podborski sur le parcours olympique de Lake Placid
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Steve Podborski sur le parcours olympique de Lake Placid

Photo : Getty Images / Tony Duffy

Entre 1975 et 1984, Read, Podborski ainsi que leurs coéquipiers Jim Hunter, Dave Irwin et Dave Murray, ont amassé 39 podiums en Coupe du monde, dont 14 victoires, toutes l’affaire de Read et de Podborski, à part la descente de Schladming remportée par Irwin.

La comparaison entre Podborski et Guay pouvait tenir la route au chapitre des chiffres, même si le skieur de Mont-Tremblant a battu le record de Podborski avec sa 3e place à la descente de Bormio en décembre 2013 et que, depuis, il a ajouté trois autres podiums pour porter son total à 24 en Coupe du monde.

Mais dans un sport qui ne pardonne pas, Guay se démarque par sa longévité et sa constance. En 15 saisons en Coupe du monde (contre 10 pour Podorski et 9 pour Read), il a fini 79 fois parmi les 10 premiers. Depuis décembre 2013, il n’a jamais été exclu du top 20.

Avec le ski de fond, le ski alpin est le sport d’hiver où la compétition est la plus relevée. À la différence qu’à 130 km/h, l’erreur n'a pas sa place. Aucun sport olympique n’a brisé autant de carrières que le ski alpin.

On a qu’à penser au prometteur Autrichien Matthias Lanzinger qui s’est fait amputer les deux jambes après une violente chute à Kvitfjell en mars 2008. Que dire de Daniel Albrecht, presque laissé pour mort à peine un an plus tard à Kitzbühel? Le Suisse a bien tenté un retour, mais il n’a plus jamais été le même. Même chose pour le jeune Américain TJ Lanning après sa violente sortie de piste à Beaver Creek en 2006.

Tous des skieurs que Guay a côtoyés. Il faut avoir le mental solide pour ne pas se laisser affecter, surtout avec l'âge qui avance et trois jeunes enfants qui vous attendent à la maison.

Erik Guay lors de la descente de Saint-Moritz
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Le skieur québécois Erik Guay

Photo : Getty Images / Fabrice Coffrini

C’est exactement ce qui avait motivé le Suisse et double champion olympique du contre-la-montre Fabian Cancellara à accrocher son vélo l’automne dernier. À 35 ans, il n’avait plus la volonté de rivaliser avec ses jeunes adversaires dans les descentes vertigineuses.

Guay, lui, a encore cette féroce volonté de gagner et de prendre les risques nécessaires pour le faire. Une volonté motivée par son ambition, celle d’un ardent travailleur qui a toujours mis les bouchées doubles, voire triples, pour atteindre ses buts en dépit des six chirurgies aux genoux et des lancinants maux de dos qui ont miné son parcours.

Au cours de sa carrière, Guay a su cependant éviter les lourdes chutes. Question de chance? Plutôt d'intelligence.

Guay n’a rien du casse-cou, du fou de la vitesse qui s’élance tête baissée. Il est un skieur intelligent, un fin tacticien qui prendra des risques pour gagner, mais des risques calculés dans une certaine mesure.

Dimanche, il aurait pu prendre une ligne plus directe à mi-parcours pour gagner les 12 centièmes qui le séparait de l’or, mais il aurait pu aussi sortir de piste. Cette décision l’a fait passer au rouge, lui qui menait jusque-là. Mais il savait qu’elle maximiserait sa vitesse au bas de la piste.

Il faut savoir peser le pour et le contre. Et Guay l’a très bien démontré à Saint-Moritz.

Erik Guay après son titre mondial en super-G
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Erik Guay

Photo : Getty Images / Julian Finney

Si la question se posait encore pour certains la semaine dernière, elle ne se pose plus depuis dimanche. Avec trois médailles aux Championnats du monde, Erik Guay est le plus prolifique skieur alpin au Canada… Et l’un des plus prolifiques de sa génération, ajouterais-je.

Parmi les skieurs trentenaires, seuls Benjamin Raich (retraité), Bode Miller (inactif depuis deux saisons), Aksel Lund Svindal, Ted Ligety, Hannes Reichelt et Kjetil Jansrud affichent de meilleures statistiques. À l’instar de Guay, Reichelt est toujours en quête d’une médaille olympique, tandis que Jansrud court encore après le titre mondial.

Même s’il reste encore quelques Coupes du monde à sa saison, Guay se tourne désormais tranquillement vers Pyeongchang. C’est ce qu’il a indiqué dimanche après sa médaille d’argent.

Quatrième en super-G aux Jeux de Turin, deux fois 5e à Vancouver, notamment à trois centièmes du bronze en super-G, Guay a vu la récompense olympique lui filer entre les skis deux fois plutôt qu’une.

À Pyeongchang, avec cette fameuse médaille olympique qui manque à son palmarès, Guay mettrait un point d’exclamation à une magnifique carrière.

La clé pour lui, c’est de rester en santé d’ici là. Sa saison à l’écart des pentes en 2014-2015 lui a fait le plus grand bien. Pour la première fois depuis des lunes, il a pu s’entraîner sans douleur l’été dernier.

Une approche qu’a adoptée Roger Federer après Wimbledon l’an dernier avec le résultat que l’on connaît… une 18e victoire en grand chelem aux récents Internationaux d’Australie.

Le repos serait-il la clé du succès de ses deux grands athlètes de 35 ans… nés à 3 jours d’intervalle?

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