Dans quels pays la population augmente-t-elle le plus? La réponse en carte
Le Canada arrive au premier rang des pays du G7, en grande partie en raison de l'immigration. Mais c'est en Afrique que la population croît le plus, du fait des taux de fécondité nettement plus élevés qu'ailleurs.
Les pays de l’Afrique subsaharienne ont les taux de croissance démographique les plus élevés du monde, soit des hausses de 3 % ou 4 % annuellement. Les femmes y ont en moyenne six enfants. La fécondité y est plus grande, mais aussi la mortalité. L’espérance de vie ne dépasse pas les 60 ans dans plusieurs pays de cette région, comme c’était le cas au Canada le siècle dernier.
« Après ça, en matière de croissance démographique, on a certains pays de l’Asie et du Moyen-Orient. Puis l’Amérique du Sud, des pays comme l’Inde et la Chine. Ensuite, on tombe dans les pays industrialisés de l’Europe de l’Est d’abord, et de l’Europe de l’Ouest, du Canada et des États-Unis à la toute fin », explique Laurent Martel, directeur de la division de la démographie à Statistique Canada.
Le Canada en tête du G7
Le Canada a connu la plus forte croissance démographique parmi les pays industrialisés du G7 depuis les 15 dernières années. De 2011 à 2016, la population canadienne s’est accrue de 5 %, soit 1,7 million de personnes de plus. La croissance moyenne annuelle est de 1 %, nous apprend le dernier recensement de Statistique Canada, publié cette semaine.
Le Canada doit les deux tiers de sa croissance démographique à l’immigration, de 2011 à 2016. L’autre tiers vient de l’accroissement naturel.
Les facteurs de croissance démographique
- l’accroissement naturel (la différence entre le nombre de naissances et de décès)
- l’accroissement migratoire (la différence entre le nombre d’immigrants et d’émigrants)
Laurent Martel mentionne qu’avant les années 90, l’accroissement naturel était le principal moteur de croissance de la population canadienne, notamment lors du baby-boom des années 50 et 60. L’immigration ne jouait alors qu’un rôle mineur.
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Selon les projections de Statistique Canada, l’immigration contribuera de plus en plus à la croissance de la population canadienne au cours des prochaines années.
Aux États-Unis, la fécondité avant l’immigration
« Beaucoup d’immigrants vont aux États-Unis, mais proportionnellement, le taux d’immigration est nettement plus faible aux États-Unis qu’au Canada, explique Laurent Martel. Par contre, les États-Unis ont un taux de fécondité plus élevé. La croissance démographique de ce pays tient donc surtout à l’accroissement naturel. »
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Selon les démographes, le seuil de remplacement des générations est de 2,1 enfants par femme.
Des croissances plus faibles en Europe
Certains pays européens, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Italie, comptent sur l’immigration pour accroître leur population. Ils ont connu des croissances démographiques bien plus faibles que celle du Canada, en raison des taux d’immigration et de fécondité plus bas. Par exemple, en Allemagne, les femmes ont en moyenne 1,4 enfant.
L’Allemagne, l’Italie et le Japon ont enregistré plus de décès que de naissances au cours des dernières années. Cela signifie que leur croissance démographique ne repose que sur l’immigration.
Le cas du Japon
La population du Japon diminue depuis plusieurs années déjà, et cette décroissance pourrait durer encore pendant trois ou quatre décennies, selon Laurent Martel.
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La transition démographique
Les pays industrialisés sont passés d’une population ayant une fécondité et une mortalité très élevées à une population avec de faibles taux de natalité et de mortalité. C’est ce qu’on appelle la transition démographique.
Le Canada et la plupart des pays occidentaux ont complété aujourd’hui leur transition démographique, avec des taux de croissance de 0 % à 1 %, note Roland Martel. « Certains pays africains n’ont à peu près pas amorcé cette transition démographique, mais vont le faire éventuellement en se développant », dit le démographe.
Le Canada, pays d’immigration
Carolle Simard, professeure de science politique et spécialiste en politiques publiques à l’UQAM, explique que le Canada a depuis plusieurs années une « politique d’immigration de peuplement », qu’il fixe des cibles et qu’il a mis en place tout un processus de sélection des nouveaux arrivants. Il accueille environ 300 000 immigrants par année.
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Elle rappelle que la politique d’immigration du Canada a deux objectifs : le développement économique et l’augmentation de la population. « Si effectivement les données de Statistique Canada montrent que l’augmentation de la population est liée à la politique migratoire du gouvernement, on peut dire que ça fonctionne. » Est-ce que l’immigration a stimulé le développement au pays? « Ça, c’est une autre question », dit-elle.
L’experte fait valoir que différentes thèses s’opposent quant à la politique d’immigration canadienne. Si certains croient en son efficacité, d’autres en doutent.
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Selon Carolle Simard, ces économistes estiment qu’accueillir des immigrants coûte cher et qu’il n’est pas démontré que leur arrivée augmente la richesse du pays. Quant à la croissance démographique, ces mêmes économistes soutiennent que les immigrants, au bout d’une génération, finissent par adopter les comportements des familles nées au Canada, et qu'ils font donc moins d’enfants.