Le coût social faramineux des boissons sucrées

Les boissons gazeuses contiennent jusqu'à 10 cuillerées à thé de sucre.
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Une étude menée à l'Université de Waterloo, en Ontario, signale qu'en raison d'une trop forte consommation de boissons sucrées, les Canadiens risquent des conséquences dévastatrices pour leur santé, de même que pour l'ensemble du réseau de la santé.
L'étude prévoit que d'ici 25 ans, ces boissons devraient coûter plus de 50 milliards de dollars au système de santé et provoquer des maladies entraînant plus de 63 000 décès.
La recherche estime que la consommation de boissons sucrées au Canada sera liée à plus de 3 millions de cas d'obésité, à près de 1 million de cas de diabète de type 2, à près de 300 000 cas de cardiopathie ischémique, à plus de 100 000 cas de cancer et à près de 40 000 accidents vasculaires cérébraux (AVC).
En 2015, les Canadiens ont chacun acheté en moyenne 444 millilitres de boissons sucrées quotidiennement, soit l'équivalent d'une canette de soda par jour, tous les jours.
Cette consommation était de 578 millilitres chez les jeunes, ce qui représente jusqu'à 16 cuillères à thé de sucre, une quantité qui dépasse largement l'apport maximal quotidien recommandé.
Robert Nuttall, de la Société canadienne du Cancer (SCC), souligne que les boissons sucrées sont la plus importante source de sucre du Canadien moyen. Sa consommation excessive augmente le risque d'au moins 11 différents cancers, a-t-il précisé par communiqué.

Martin Juneau, cardiologue, Institut de cardiologie de Montréal
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La SCC, la Fondation des maladies du cœur de l'AVC et trois autres organisations en santé ont financé cette étude.
Un de ses coauteurs, le docteur David Hammond, soutient que « réduire sa consommation de boissons sucrées est l'une des meilleures manières de réduire un apport calorique trop élevé et de maintenir un poids santé ».
Selon les données d'Euromonitor International, une entreprise spécialisée en études de marché, les ventes de boissons gazeuses non-diètes ont dégringolé au cours des 12 dernières années.
Or, de 2001 à 2015, il y a eu forte augmentation des ventes de cafés et thés sucrés, d'eaux aromatisées et de yogourts à boire, entre autres. Les ventes de boissons énergisantes ont notamment grimpé de 638 % à elles seules.
La taxation et un environnement alimentaire plus sain

Yann Le Bodo, chercheur à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec
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Pour lutter efficacement contre la consommation des boissons sucrées, les gouvernements doivent taxer ces aliments et favoriser un environnement alimentaire plus sain, selon le nutritionniste et épidémiologiste Michel Lucas.
Depuis les années 60, l’histoire se répète « comme avec le tabac », qui, malgré des campagnes de sensibilisation sur ses effets néfastes, a continué de connaître une grande popularité, fait-il remarquer. « On a eu besoin de mesures politiques fermes avant de voir un effet sur la consommation », rappelle-t-il.
Les consommateurs doivent, selon lui, cesser d’être exposés à des étalages de boissons gazeuses et de jus en rabais, un environnement alimentaire qu’il qualifie de « toxique ».
Il recommande également la taxation qui a démontré son efficacité sur la consommation de tabac. « Lorsqu'on augmente les produits de 20 %, on voit une diminution de la consommation », assure-t-il.
La championne olympique Sylvie Bernier aussi réclame l'imposition d'une taxe sur les boissons sucrées pour limiter leur consommation tout en aidant à financer les coûts qu'elles entraînent dans le réseau de la santé.
À titre d'ambassadrice des saines habitudes de vie au sein du Regroupement pour un Québec en santé, l'ex-plongeuse revendique aussi davantage de financement en matière de prévention.
« »
L'Association canadienne des boissons (ACB) a répliqué qu'il est « illogique » de présenter un seul produit ou un ingrédient comme « l'unique contributeur ».
L'ACB, qui représente les producteurs et distributeurs canadiens de boissons non alcoolisées, maintient que l'industrie s'autoréglemente avec succès et travaille déjà à diversifier son offre de produits.
L'organisme dit s'être fixé comme objectif de réduire de 20 % les calories consommées par les Canadiens sous forme de boissons rafraîchissantes d'ici 2025.
« Aujourd'hui, 46 % des boissons rafraîchissantes consommées au Canada comptent zéro calorie ou un nombre réduit de calories », précise son communiqué.