Marijuana médicinale contaminée : une patiente se sent abandonnée

Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une ancienne militaire acadienne qui a consommé de la marijuana médicinale contaminée par des pesticides se sent laissée pour compte. Selon elle, son état de santé s'est grandement détérioré depuis qu'elle a consommé des produits de l'entreprise Organigram.
Alvina Savoie, 41 ans, originaire de Neguac, au Nouveau-Brunswick, a fait partie des Forces canadiennes pendant 18 ans. En 2006, elle a appris qu’elle souffrait du syndrome de stress post-traumatique et de dépression sévère.
Pendant 5 ans, elle a pris 17 comprimés par jour, mais ni ces médicaments ni la psychothérapie ne sont venus à bout de ses problèmes de santé mentale.
Nouveau traitement, nouveaux problèmes de santé, selon Alvina Savoie
Alvina Savoie explique que la marijuana provenant du marché noir l’a toujours aidée dans son cheminement. Elle a décidé en 2015 de participer au programme de marijuana médicinale. Elle a reçu des produits de l’entreprise Organigram, de Moncton.
En octobre 2015, Mme Savoie a elle-même décidé d’être hospitalisée pendant 56 jours. Puis, en juillet 2016, elle s’est rendu compte que quelque chose clochait dans son état de santé.
« C’est là que je me suis aperçu que j’avais beaucoup de problèmes avec ma vision. J’avais beaucoup de problèmes à [me concentrer]. C’est comme si je ne pouvais plus entendre. J’avais beaucoup de misère avec mes mains. Je disais à mes [médecins] que je m’étais aperçue que je commençais à perdre du poids. Je ne pouvais pas manger. Je suis même allé voir une diététicienne. J’ai dit : “Là, il y a de quoi, ce n’est pas normal”. J’ai commencé à marcher beaucoup. J’ai commencé à halluciner. J’entendais des voix. Je pensais que c’était mes enfants qui me parlaient. C’est dur parce que je suis encore [un cobaye]. Je me sens comme [un cobaye] », explique Alvina Savoie.
Au début de janvier, Mme Savoie a reçu une lettre du producteur Organigram. L’entreprise l’a informée qu’elle a consommé des produits qui faisaient l’objet d’un rappel à cause de leur contamination par de faibles quantités de myclobutanil ou de bifénazate. Ces pesticides sont interdits dans la culture de marijuana. Mme Savoie avait fumé cette marijuana.
Alvina Savoie est furieuse de voir qu’un produit qui devait l’aider a au contraire nui à sa santé. Elle en veut au ministère des Anciens Combattants et à Organigram. Elle juge que l’entreprise devrait l’aider.
« Pour moi, leur responsabilité, ils devraient avoir un [médecin], ils devraient vouloir m’aider. C’est eux qui devraient me dire ce que je dois faire pour me détoxifier. Puis, ils n’en sont pas capables parce qu’ils n’ont pas de [médecin] », dit-elle.
Mme Savoie ajoute qu’elle a communiqué avec un avocat et qu’elle espère qu’il la défendra dans sa cause contre Organigram. « [...] Au moins, s’ils m’avaient dit qu’il y avait [un risque] qu’il y avait du pesticide dedans, je le sais, ça n’a pas été dit. [...] J’ai deux enfants. C’est moi qui [subviens à leurs besoins]. Si quelque chose arrive et que je meurs demain, qui va s’occuper de mes enfants? » lance-t-elle.
Alvina Savoie ne fait plus confiance à aucun fournisseur de marijuana médicinale. Elle habite à Halifax, mais elle a l’intention de s’établir à nouveau à Neguac, où elle sent qu’elle aurait un meilleur appui de la communauté.
Elle se demande si les effets de la marijuana contaminée chez elle vont se dissiper un jour ou si elle va continuer à être malade.
Organigram dit resserrer ses normes
Le myclobutanil est permis sur les cultures vivrières, mais non sur la marijuana parce que, lorsqu’il brûle, il produit du cyanure d’hydrogène. Lorsque cette substance est inhalée, elle peut causer des maux de tête, des étourdissements, des nausées et des vomissements.
La direction d'Organigram a annoncé jeudi matin qu'elle avait adopté un processus plus rigoureux pour tester ses produits. Cela comprend notamment l'analyse des produits provenant de ses fournisseurs, l'analyse de tous ses produits avant l'empaquetage et une meilleure formation de ses employés.
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Aucune autre substance interdite n'a été décelée dans ses produits depuis qu’elle a effectué les rappels, ajoute l'entreprise.
Avec les renseignements de Michel Nogue