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L'Île-du-Prince-Édouard, dernière province à offrir le service d'avortement

Une salle dans une clinique d'avortement

Une salle dans une clinique d'avortement

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Les femmes de l'Île-du-Prince-Édouard ont maintenant accès à des services d'avortement dans leur province. Il y a un an, le premier ministre Wade MacLauchlan en faisait la promesse.

Un texte de Élisa SerretTwitterCourriel 

Une clinique de santé reproductive a ouvert ses portes à l'hôpital Prince County, de Summerside. Il s'agit du seul endroit où les avortements sont pratiqués dans la province.

En 2016, le premier ministre Wade MacLauchlan avait annoncé l’ouverture d’une clinique après que le gouvernement eut reçu une poursuite judiciaire d’une coalition de groupes de femmes pro-choix. La poursuite invoquait la Charte des droits et libertés du Canada. Le premier ministre de la province savait que le gouvernement ne pouvait pas gagner. Il a donc promis l’ouverture d’une clinique dès le début de l’année 2017.

Le dernier avortement à avoir eu lieu à l’Île-du-Prince-Édouard remonte à 1982. Il était impossible jusqu'à aujourd'hui pour les femmes de se faire avorter sur l’île, et ce, même si le Canada a décriminalisé l'avortement en 1988.

Une militante qui continuera de se battre

Ashley Fraser est une militante pro-choix. Elle a eu recours à deux avortements dans sa vie. Pour elle, l’ouverture de cette clinique de santé reproductive est un grand jour. À 18 ans, elle a dû voyager jusqu'à Fredericton, au Nouveau-Brunswick, pour subir son premier avortement. Elle a dû parcourir plus de 400 km et débourser environ 800 $ pour y avoir accès.

Six ans plus tard, alors qu’elle souffrait de problèmes de santé mentale, Ashley Fraser a eu besoin à nouveau d’un avortement. Cette fois-ci, faute de pouvoir se payer un avortement dans une autre province, elle a eu recours à la méthode médicamenteuse. Le tout s’est fait clandestinement avec l'appui d’un médecin qui a accepté de l’aider.

Ashley Fraser est une militante pro-choix de l'Île-du-Prince-Édouard.

Ashley Fraser est une militante pro-choix de l'Île-du-Prince-Édouard

Photo : Radio-Canada / Elisa Serret

Ashley Fraser est soulagée que les services soient enfin disponibles chez elle. Mais elle croit malgré cela que tout n’est pas gagné. Les femmes de la province qui habitent au bout de l’île ont quand même plus de deux heures de route à faire pour avoir accès au service. Ashley, qui milite depuis des années avec d’autres femmes, espère que d’autres cliniques ouvriront sur l’île avec les années.

Un bastion anti-avortement au Canada

L'Île-du-Prince-Édouard reste un bastion anti-avortement. Les militants pro-vie sont organisés et liés à la communauté religieuse de l’île. Nicole Dupuis est là directrice de l’association Right to Life de la province insulaire, elle veut continuer de militer un peu partout sur l’île. Elle croit que l’avortement est un crime.

Nicole Dupuis est contre l'avortement. Elle veut continuer de militer partout dans sa province.

Nicole Dupuis est contre l'avortement. Elle veut continuer de militer partout dans sa province.

Photo : Radio-Canada / Elisa Serret

Elle parcourt la province avec une vidéo contenant des images d’échographies et des modèles miniatures de foetus pour donner ses conférences. Rien ne l’arrêtera, pas même l’ouverture de la nouvelle clinique qui pratique les avortements.

Je félicite les gouvernements précédents de ne pas avoir cédé sous la pression des groupes pro-choix.

Une citation de Nicole Dupuis, directrice de l’association Right to Life de l'Île-du-Prince-Édouard

Une grande victoire pour la condition féminine

La directrice générale du Conseil consultatif sur la condition de la femme à l’Île-du-Prince-Édouard, Jane Ledwell, est ravie de l’ouverture de la clinique. La santé des femmes de l’île était menacée. Certaines d’entre elles choisissaient de garder leurs bébés alors qu’elles ne le souhaitaient pas.

Certaines femmes croyaient même que l’avortement était illégal à l’Île-du-Prince-Édouard, mais pourtant c’était absolument légal.

Une citation de Jane Ledwell, directrice générale du Conseil consultatif sur la condition de la femme à l’Île-du-Prince-Édouard

« Nous avons vu des histoires d’horreurs au fil des ans, des femmes ont dû payer des centaines de dollars pour avoir accès à une procédure tout à fait légale dans notre pays », poursuit-elle.

Les femmes pro-choix de l'île se sont battues pendant plus de 35 ans pour avoir les mêmes droits que le reste des Canadiennes.

Poursuite en Cour suprême

En juin 2015, le gouvernement libéral de Wade MacLauchlan a conclu une entente avec l'Hôpital de Moncton pour faciliter l'accès à l'avortement aux femmes de la province. Les patientes peuvent prendre rendez-vous pour un avortement à Moncton, au Nouveau-Brunswick, sans passer par un médecin. Les frais sont pris en charge par le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard.

Le groupe pro-choix Abortion Access Now PEI a jugé que ce n'était pas suffisant. Il a demandé en janvier une ordonnance de la Cour suprême provinciale pour obliger le gouvernement à fournir des services d'avortement à la province.

Abortion Access Now PEI estime que la province contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés en n'offrant pas l'avortement dans ses établissements de santé.

Les avocats du gouvernement ont étudié le dossier et ont conclu que les chances de gagner étaient minimes et que les procédures seraient longues et coûteuses. Le premier ministre Wade MacLauchlan a donc décidé d'offrir l'avortement dans la province.

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