Le pouvoir des mots en soutien aux Autochtones LGBT

La présidente du centre pour mères de Saskatoon Marjorie Beaucage.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Une artiste métisse veut que les personnes LGBT autochtones, ou bispirituelles, « reprennent leur place dans le cercle de la vie » grâce au pouvoir des mots.
Un texte d'Omayra Issa
Marjorie Beaucage organise ainsi « Wîsahkêcâk vient en ville », une série de conférences et d’expositions à Saskatoon, sous le thème de la sexualité chez les personnes LGBT autochtones.
« Wîsahkêcâk est l’esprit qui raconte les histoires dont a besoin pour vivre une bonne vie. Cet esprit fait cela par l’humour et les histoires sur ses aventures », explique Mme Beaucage. Elle précise que les personnes bispirituelles ont la responsabilité de balancer les principes du masculin et du féminin dans la cosmologie crie. C'est pour cela qu'elle croit que ces personnes contribuent, entre autres, à la guérison des sévices sexuels issus des pensionnats autochtones.
La sexualité est une des blessures les plus graves dans notre communauté depuis les pensionnats autochtones.
« [La blessure] se passe de génération en génération, alors on n’a pas de bons modèles sur les manières de vivre notre sexualité », souligne Mme Beaucage.
L’esprit de Wîsahkêcâk se manifeste dans les histoires qui sont transmises pendant l’hiver.
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Briser le silence et créer des liens

« Wîsahkêcâk vient en ville » invite les gens à partager leurs histoires et à se confesser.
Photo : Radio-Canada / Albert Couillard
La cinéaste souligne qu’il demeure encore « beaucoup de silence autour de la sexualité. C’est presque tabou d’en parler. » Elle ajoute que l’homophobie persiste dans la société et estime qu’il est impératif de faire de la place à la diversité sexuelle, d’où l’importance des histoires.
À chaque fois qu’on partage notre histoire, on brise notre silence. On créée une médecine pour s’entraider, ça console.
Mme Beaucage croit que les Autochtones et non-Autochtones peuvent récréer de nouvelles relations en partageant des histoires sur la sexualité.
La responsabilité de servir
Marjorie Beaucage indique les personnes LGBT autochtones avaient « toutes sortes de responsabilités dans le cercle avant que les chrétiens arrivent et imposent leurs valeurs. »
Elle ajoute qu’être « gai dans la communauté autochtone est différent d’être gai dans la communauté non autochtone » en raison des responsabilités.
On utilise nos dons pour servir la communauté, ce n’est pas juste pour la sexualité. [… ] On veut reprendre cette place, avoir nos valeurs et notre place dans le cercle.
L’artiste dit qu’à travers l’esprit de Wîsahkêcâk, les gens peuvent examiner des tragédies contemporaines, telles que le suicide des jeunes dans les communautés autochtones.
« On va poser la question : pourquoi les jeunes se suicident-ils? Beaucoup de fois, c’est à cause de l’abus sexuel, de l’homophobie. Les jeunes filles qui ont été abusées, on voit que la lumière est déjà partie de leurs yeux », déclare Marjorie Beaucage
« Wîsahkêcâk vient en ville » se tiendra du 12 au 17 février dans la Ville des Ponts.