Le français nord-américain : « chocolatine » ou « croissant au chocolat »?

Le français dans le dictionnaire
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Dites-vous plus « espadrilles » ou « running »? Comment prononcez-vous « arrête »? Une équipe de chercheurs souhaite décortiquer et réunir tous les régionalismes francophones de l'Amérique du Nord dans un atlas détaillé.
Un texte de Natacha Lavigne
Les 55 000 participants au volet européen de l'enquête en ont fait un succès. André Thibault, professeur à l’Université Paris-Sorbonne, de même que ses collègues ont élargi leur territoire et s’intéressent maintenant aux particularités du français de l’autre côté de l’Atlantique.
Le questionnaire, accessible sur le site le francaisdenosregions.com, comporte une quarantaine de questions portant notamment sur le vocabulaire, la grammaire et la prononciation.
« On va de surprises en surprises. A priori, on pense savoir comment les gens parlent, mais c’est toujours très impressionniste finalement. Chacun a sa propre vision des choses à partir des gens qu’il côtoie », explique M. Thibault.
La motivation des Franco-Ontariens
L’enseignant compile les réponses de 3500 internautes du Yukon à Terre-Neuve, en passant par la Louisiane et les Antilles. Il se réjouit du « buzz » que crée l’enquête sur les médias sociaux et note une forte participation des Franco-Ontariens.
« Un bon gros 10 % des résultats viennent de l’Ontario. On est très contents! [...] Il y a une fierté franco-ontarienne, les gens voulaient être représentés dans cette enquête », d’ajouter ce dernier.
Toujours selon le professeur, les Franco-Ontariens ont souvent leur particularisme. Il est donc intéressant de voir la place de la francophonie en Ontario.
Partisans divisés
L’équipe se penche sur des termes ou expressions particulières, variant d’une région à l’autre du Canada francophone. Le mot « maringouin », par exemple, est généralisé; tout le monde l’utilise. Cependant, la prononciation du mot « baleine » ou de « poteau » diffère qu’on soit dans la capitale du Québec ou à Montréal.
Les premiers résultats du sondage ont déjà été publiés sur le site Internet. On y apprend alors qu’une guerre sans merci existe entre le Québec et l’Ontario notamment, en ce qui a trait au terme pour désigner la viennoiserie au chocolat.
Au Québec, la « chocolatine » domine et est maintenant utilisée dans les grandes chaînes de restauration. Les francophones hors Québec en Ontario et au Manitoba ont créé le calque de l’anglais « chocolate croissant » maintenant devenu le « croissant au chocolat ».
Quant aux chaussures de sport, le terme « espadrille » remporte la palme du plus utilisé à travers le pays : 44,5 % des participants ont dit l’utiliser, contre 42,1 % qui ont plutôt choisi les « runnings ». À Montréal, les « sneakers » sont très populaires (11,3 %), tandis que les « shoe-claques » traînent derrière. Les répondants pouvaient cocher plusieurs choix de réponses.
Si tout va bien, le chercheur aimerait lancer une deuxième puis une troisième enquête d’ici quelques mois, ce qui permettrait de publier l’atlas des tendances régionales, racontant ainsi l’histoire de la langue française en Amérique.