Conférence sur le Proche-Orient : la solution à deux États réaffirmée

Quelque 70 pays et organisations internationales étaient réunis dimanche à Paris pour tenter de raviver le processus de paix israélo-palestinien.
Photo : Getty Images / Bertrand Guay
Quelque 70 pays et organisations internationales ont réaffirmé dimanche, à Paris, leur attachement à la solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien et adressé une mise en garde aux deux parties contre l'adoption de mesures unilatérales susceptibles de peser sur cet objectif.
À cinq jours de l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, la déclaration finale de la Conférence pour la paix au Proche-Orient ne mentionne pas explicitement la proposition controversée du président élu américain de transférer l'ambassade américaine à Jérusalem, mais contient, selon un diplomate français, une mise en garde « subliminale » à la nouvelle administration.
« La paix ne se fera que s'il y a une volonté et un engagement concret entre Israéliens et Palestiniens », a déclaré le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, à l'issue d'une journée d'échanges à laquelle ont participé des pays arabes, européens et membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU.
Près de trois ans après la suspension, en avril 2014, des dernières négociations de paix directes menées sous l'égide des États-Unis, les pays réunis à Paris appellent les deux parties à montrer « leur engagement sincère » à avancer vers la solution à deux États.
Dans leur déclaration finale, ils préviennent qu'ils ne reconnaîtront aucune mesure « unilatérale » qui préjugerait « du résultat des négociations sur le statut final », qu'elle soit liée à la question de Jérusalem, des frontières, de la sécurité ou des réfugiés.
« Alors que certains s'interrogent, il est bon de rappeler la base [des négociations-NDLR], ce sont les frontières de 1967 [avant la guerre des Six Jours-NDLR] et ce sont les grandes résolutions des Nations unies », a souligné Jean-Marc Ayrault.
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Relégué au second plan compte tenu de la guerre en Syrie et de la lutte contre le groupe État islamique, le conflit israélo-palestinien est revenu sur le devant de la scène le 23 décembre avec l'adoption d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la colonisation israélienne des territoires palestiniens.
Le vote du texte, permis par l'abstention américaine, a suscité l'ire de Benyamin Nétanyahou qui mise sur l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le 20 janvier prochain, pour tourner la page de huit ans de relations tendues avec Barack Obama.
L'homme d'affaires américain a notamment annoncé son intention de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, un projet aussitôt dénoncé par Mahmoud Abbas qui estime qu'il « réduirait à néant » la solution à deux États.
La partie du texte contenant la mise en garde contre toute mesure unilatérale « est un paragraphe tortueux et compliqué pour faire passer un message subliminal à l'administration Trump », souligne une source diplomatique française.
S'exprimant devant des journalistes à Paris à l'issue de la conférence, le secrétaire d'État américain, John Kerry, n'a pas précisé si les négociateurs américains avaient dû batailler pour éviter toute mention explicite au projet soutenu par Donald Trump.
Une telle mention n'aurait toutefois pas été appropriée, le projet de transfert étant pour l'heure débattu au niveau national et non international, a-t-il souligné.
Dans leur déclaration commune, les pays réunis à Paris saluent également les efforts de la communauté internationale en faveur de la paix au Moyen-Orient, notamment l'adoption de la résolution réclamant la fin de la colonisation israélienne.
Une réunion de suivi de l'initiative française se tiendra avec les pays qui le souhaitent d'ici la fin de l'année.
Voulue par Paris, la conférence devait initialement être suivie d'un compte rendu aux deux parties par le chef de l'État français, François Hollande.
Elle s'est finalement tenue en l'absence du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, après le refus de l'État hébreu de participer à ce qu'il a qualifié de « conférence truquée ».
Le président palestinien, qui avait accepté le format proposé par la France, ne sera reçu que dans un cadre bilatéral à Paris « dans les prochaines semaines » par François Hollande.
Dans un communiqué publié dimanche soir, Mahmoud Abbas salue l'initiative française et la conférence qui va permettre, selon lui, de mettre un coup d'arrêt à la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem.