La Colombie-Britannique approuve le pipeline Trans Mountain, l’Alberta jubile

Un navire reçoit son chargement de pétrole du pipeline Trans Mountain de Kinder Morgan à Burnaby en Colombie-Britannique, le 4 juin 2015.
Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Moins de deux mois après le feu vert fédéral pour le projet d'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan, la province de la Colombie-Britannique a accordé, sans surprise, son approbation au pipeline. Il s'agissait de la dernière étape à franchir pour la pétrolière.
Un texte de Anne-Diandra Louarn
Il manquait, jusqu’à présent, le certificat provincial d’évaluation environnementale ainsi qu’un accord sur deux des cinq conditions imposées par Victoria concernant la protection maritime et les redevances que touchera la Colombie-Britannique.
C’est désormais chose faite, a annoncé la première ministre Christy Clark lors d’une conférence de presse mercredi : « La position claire et intransigeante de la Colombie-Britannique au sujet des cinq conditions à respecter permettent aujourd’hui d’aboutir à des investissements significatifs qui protégeront les intérêts environnementaux et économiques de la province. »
À lire aussi :
Jusqu’à 50 M$ annuels en redevances
Sur ce dernier point, la première ministre affirme avoir négocié des créations d’emplois et des redevances pour la province. Selon elle, les Britanno-Colombiens seront prioritaires pour postuler aux centaines d’emplois que la construction et l’exploitation du pipeline vont générer.
Victoria s’attend, en outre, à des revenus fiscaux de 2,2 milliards de dollars pour les gouvernements provincial et local.
Une coquette somme qui ne comprend pas les redevances négociées dans le cadre « d’un accord sans précédent » avec Kinder Morgan. La pétrolière versera entre 25 et 50 millions de dollars à la province chaque année, sur une période de 20 ans. « C’est la première fois en Colombie-Britannique qu’une entreprise partagera avec le gouvernement provincial des revenus issus d’un important projet industriel », lit-on dans un communiqué de presse émis par Victoria.
Mieux protéger les côtes britanno-colombiennes
L’autre condition qui demeurait en suspens a trait à la protection des côtes britanno-colombiennes qui vont voir le trafic de tankers pétroliers augmenter.
À lire aussi : Trans Mountain : une bombe à retardement le long des côtes?
La Colombie-Britannique a identifié 10 zones dans lesquelles des mesures sont nécessaires pour parvenir à une protection optimale de la côte. Christy Clark affirme qu’Ottawa s’est engagé à agir concrètement pour chacune des 10 zones, notamment au moyen de son vaste Plan de protection des Océans de 1,5 milliard de dollars annoncé début novembre.
De son côté, Kinder Morgan promet de faire désormais escorter chacun de ses tankers et d’investir 150 millions de dollars afin d’améliorer la capacité de réponse en cas de déversement.

Les conditions imposées par Victoria en matière d'oléoducs.
Photo : Radio-Canada
Satisfaction du gouvernement albertain
À peine 30 minutes après la prise de parole de Christy Clark, son homologue albertaine s’est exprimée à son tour, soulignant une excellente nouvelle pour l’Alberta.
« Nous sommes plus prêts que jamais de briser notre isolement », a déclaré Rachel Notley, faisant référence à la situation économique laborieuse de sa province depuis l’effondrement mondial des cours du pétrole. Une situation qui ne doit pas empêcher de respecter les cinq conditions imposées par la Colombie-Britannique ainsi que son évaluation environnementale, a-t-elle rappelé.
Rachel Notley voit dans cette approbation une nouvelle étape franchie qui s’avère « très importante pour la confiance des investisseurs » et espère que les premières pelletées de terre pourront être données dans le courant de l’année 2017.
37 nouvelles conditions environnementales
Un peu plus tôt mercredi, c’est le certificat d’évaluation environnementale qui avait été délivré par la Colombie-Britannique, ajoutant par la même de nouvelles conditions à celles déjà émises par Ottawa.
Dans un communiqué de presse conjoint, la ministre de l’Environnement, Mary Polak, et le ministre des Ressources naturelles, Rich Coleman, affirment délivrer ce nouveau certificat tout en reconnaissant que « tous les pipelines interprovinciaux tombent sous la juridiction du gouvernement fédéral ». Il s’agit néanmoins pour les deux ministres de renforcer les conditions existantes afin de mieux protéger la province.
« Le bureau d’évaluation environnementale recommande 37 nouvelles conditions afin de répondre aux inquiétudes soulevées par plusieurs communautés et groupes autochtones durant les consultations. Nous soutenons ces 37 conditions, assurant ainsi que les critères exigeants de la Colombie-Britannique seront respectés », écrivent les deux ministres.
Pour Mary Polak et Rich Coleman, lesdites conditions permettront de continuer à consulter les Premières Nations concernées par le projet, mais aussi de mieux protéger les zones marécageuses, les habitats de la vie sauvage ou encore les populations de grizzlis et de caribous.
« Ces conditions sont juridiquement contraignantes et aideront à minimiser ou à éviter de potentiels problèmes au sein des zones d’intérêt provincial », ajoutent-ils.
Le projet Trans Mountain de Kinder Morgan vise à tripler la capacité de l'oléoduc existant entre l'Alberta et Burnaby, en banlieue de Vancouver. Il a été approuvé le 29 novembre sous réserve de 157 autres conditions juridiquement contraignantes.