Cancer du cerveau, la nouvelle cible pour l’immunothérapie

Cerveau en luminescence (archives)
Photo : Archives
Chaque année, des découvertes apportent l'espoir d'un remède contre le cancer, mais peu de thérapies ont été aussi prometteuses que les cellules CAR T (récepteur antigénique chimérique), qui utilisent le système immunitaire du corps pour combattre le cancer.
Un texte de Renaud Manuguerra-Gagné
Ce traitement expérimental a principalement été utilisé contre des cancers du sang, comme les leucémies. Il y avait toutefois des doutes sur son efficacité contre des cancers solides où l'on détecte des masses, comme le cancer du poumon ou du sein.
Pour la première fois, des médecins ont testé cette méthode avec succès sur un patient de 50 ans atteint d’un cancer du cerveau. Ils ont publié leurs résultats dans le New England Journal of Medicine.
Rééduquer un globule blanc
Notre système immunitaire est un spécialiste de l’élimination de cellules défectueuses, de bactéries et de virus. Par contre, lors d’un cancer, certaines cellules mutantes ont appris à déjouer le système immunitaire, qui ne les reconnaît plus comme une menace.
On compte sur les CAR T pour corriger cette erreur. Ce sont des globules blancs reprogrammés. On les isole du sang pour les doter d’un récepteur spécialement conçu pour reconnaître les cellules cancéreuses. Après avoir été multipliées en laboratoire, elles sont redonnées au patient. Les cellules vont alors traquer, trouver et détruire les cellules cancéreuses et patrouilleront dans le sang pendant plusieurs mois. Une véritable armée microscopique!
Le traitement a fait ses preuves contre les leucémies, dont les cellules se promènent librement dans le sang et ne sont pas liées les unes aux autres. La tâche est plus difficile lorsqu’on affronte des tumeurs solides. Ces dernières sont plus difficiles d’accès et peuvent produire des molécules qui empêchent les globules blancs de fonctionner ou même désactiver le système immunitaire.
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Attaquer sur tous les fronts
Pour le patient présenté dans cette étude, le cancer avait formé des métastases ailleurs dans le cerveau et la colonne vertébrale. Un pronostic peu encourageant.
Pour combattre les tumeurs sur tous les fronts, l’équipe médicale a injecté les globules blancs dans le ventricule du cerveau. Cette zone produit le fluide cérébrospinal, le liquide qui entoure, protège et nourrit le cerveau et la colonne vertébrale.
À partir de cet endroit, les CAR T ont pu suivre le chemin emprunté par les métastases et se sont répandues dans tout le système nerveux central. Ces injections, répétées jusqu’à 16 fois pendant une année, ont réduit la taille de toutes les tumeurs, jusqu’à les faire disparaître complètement. Le patient a pu retrouver une vie normale.
Il est important de spécifier que ce dernier n’est toujours pas guéri. Par contre, il vit avec ce traitement depuis un an et demi, alors qu'on ne lui donnait initialement que quelques semaines à vivre.
Plus surprenant encore : le patient n’a eu aucun effet secondaire important. D’autres études cliniques sur les CAR T ont, dans certains rares cas, entraîné la mort en raison de dommages au cerveau causés par une réaction trop agressive des cellules injectées. Le cas de ce patient pourrait être un exemple à suivre pour éviter ces effets graves.
Le journaliste Renaud Manuguerra-Gagné, détenteur d'un doctorat en sciences biomédicales, présente chaque semaine une chronique à Médium large sur ICI Radio-Canada Première.