L’écrivain Joseph Boyden, métissé ou usurpateur?

Joseph Boyden
Photo : cbc.ca
Une récente enquête du Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) a révélé que l'identité de l'écrivain canadien Joseph Boyden n'est pas aussi claire qu'il le prétend.
L’auteur à succès qui a écrit plusieurs de ses œuvres du point de vue des Autochtones, se dit de sang-mêlé. Il revendique des ascendances écossaise, irlandaise et amérindiennes. Sa mère aurait des ancêtres ojibwés, son père des racines nipmuck.
Mais l’enquête d’APTN (Nouvelle fenêtre) semble réfuter cette identité autochtone. Des recherches effectuées par le journaliste Jorge Barrera ne permettent pas d’identifier les branches autochtones dans l’arbre généalogique de Joseph Boyden.
En consultant des documents historiques ainsi que des ouvrages relatant l’histoire de la famille Boyden, au cours des 170 dernières années, le journaliste n’a trouvé aucune trace d’un quelconque patrimoine nipmuck ou ojibwé.
Pour sa défense, Boyden réplique que ses ancêtres n’ont peut-être jamais voulu mentionner leur patrimoine autochtone, ayant honte de leurs origines.
Selon l’auteur, c’était pratique courante de renier ses racines dans les années 1940-1950. Son oncle Earl Boyden, surnommé Injun Joe, l’aurait fait publiquement en 1956.
À l’époque pourtant, ce dernier, affublé d’une coiffe autochtone, avait l’habitude de vendre des tambours faits de boîtes de conserve enveloppées dans du bouleau, dans l’Est ontarien.
Il aura fallu attendre la génération de Joseph Boyden pour effectuer cette démarche identitaire.
Boyden a-t-il exagéré ses origines?
Plusieurs semblent le penser. Les informations révélées par APTN ont créé une vague de remous dans les réseaux sociaux et les journaux, principalement au Canada anglais.
If you as a non-native Canadian care one bit for reconciliation or social justice in art you will react and tell others about Boyden's lie.
— D.A. Lockhart (@WRiverLockhart) 26 décembre 2016
Traduction: « Si vous, qui n'êtes pas Autochtone, considérez que la réconciliation ou la justice sociale passe aussi par l'art, vous réagirez et direz les mensonges de Boyden. »
— D.A. Lockhart
Entre indignation et colère, les commentaires sont variés
Il y a ceux qui y voient une usurpation identitaire lui permettant d’obtenir des privilèges spéciaux accordés aux Autochtones.
D’autres craignent que par sa notoriété, il ne « noie les autres voix autochtones ».
« Combien d'écrivains, de penseurs et de survivants des pensionnats autochtones sont devenus inconnus parce qu'il a colonisé leur espace public? » a tweeté le blogueur Robert Jago.
Joseph Boyden a décliné l’entrevue demandée par Jorge Barrera, le journaliste d’APTN, pour clarifier ses origines.
Il a plutôt proposé d'organiser une rencontre avec des aînés autochtones afin de créer un « environnement sacré » pour qu’il puisse répondre aux questions sur son identité.
I don't have an answer to this question, just the question itself: why are so many of our most famous Indigenous ppl...not Indigenous?
— âpihtawikosisân (@apihtawikosisan) 23 décembre 2016
Traduction: « Je n'ai pas de réponse à cette question, juste la question elle-même: pourquoi tant de nos Autochtones les plus célèbres sont-ils ... non Autochtones? »
— âpihtawikosisân
Les ouvrages de Joseph Boyden
Three Day Road (2005), Le chemin des âmes (2006). Prix Amazon
Born With a Tooth (2006), Là-haut vers le nord (2008). Nouvelles
Through Black Spruce (2008), Les saisons de la solitude (2009). Prix Giller
The Orenda (2013), Dans le grand cercle du monde (2014). Présélectionné pour le Prix du Gouverneur général en littérature. Ce roman a été le livre gagnant de l’édition 2014 de Canada Reads à CBC, le pendant anglophone du Combat des livres présenté par Radio-Canada.
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