Communauté LGBTQ chez les Autochtones: les personnes bispirituelles « retrouvent leur voix »

Quels sont les défis pour la communauté bispirituelle en Saskatchewan en 2016? Patrick Foucault présente son reportage sur la question.
Malgré une vie de combats et de changements, la communauté LGBTQ s'affiche de plus en plus au pays. Toutefois, la bispiritualité, ce qui représente sensiblement les membres de la communauté LGBTQ chez les Autochtones, attire encore son lot de questions et de jugements, indiquent certaines personnes bispirituelles.
Un reportage de Patrick Foucault
Wesley Keewatin, un Autochtone bispirituel de Regina, définit les personnes comme lui comme « ayant à l'intérieur de soi à la fois un esprit féminin et un esprit masculin ».
Celui qui est directeur des interventions à l'organisme All Nations Hope de Regina, qui vient en aide aux Autochtones dans le besoin, explique qu'il y a des années, avant l'époque de la colonisation, les personnes bispirituelles étaient perçues comme étant des individus avec des dons de guérison. Par contre, la discrimination a ensuite pris toute la place de l'acceptation. Cependant, de nos jours, il remarque une importante amélioration des mentalités.
« J'ai su toute ma vie que j'étais différent, que j'étais bispirituel », raconte Wesley Keewatin. « Depuis plusieurs années, c'est beaucoup moins difficile. »
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Premier défilé de la fierté dans une réserve : un premier pas positif
Wesley Keewatin se rappelle avec un grand sourire le défilé de la fierté cet été dans la Première Nation Beardy's and Okemasis, à environ 70 kilomètres au sud-ouest de Prince Albert.
Il s'agissait du tout premier défilé sur une Première Nation en Saskatchewan.
« C'était tellement un bel événement », se souvient Wesley Keewatin.
Il soutient que ce genre de célébration et une excellente manière de faire parler de la communauté bispirituelle.
Cet événement avait fait beaucoup parler dans les médias, tout comme la visite de l'actrice canadienne Ellen Page dans un rassemblement bispirituel à Batoche, dans le centre de la Saskatchewan.
Dans le cadre de la réalisation de son documentaire pour le média américain Viceland, la militante pour les droits de la communauté LGBTQ a fait le portrait d'un tel rassemblement, que des personnes bispirituels organisent annuellement dans un endroit différent.
« Ces rassemblements sont tellement beaux, nous en avons besoin », reconnait Wesley Keewatin.
Plus difficile d'être bispirituel en réserve
Même si la situation s'améliore, des autochtones bispirituels reconnaissent que tout n'est pas rose.
Wesley Keewatin affirme qu'il est plus difficile pour les bispirituels vivants dans des réserves d'être acceptés.
C'est pourquoi il aimerait voir davantage d'éducation.
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Il croit que davantage de sensibilisation serait également bénéfique.
À l'École secondaire Campbell Collegiate de Regina, où il y a une alliance gai-hétéro pour tous les élèves, la bispiritualité n'est pas encore abordée.
Mais ça ne semble être qu'une question de temps, soutient une enseignante responsable de l'alliance.
« Présentement, nous n'en parlons pas », explique Jacinthe Hodgson. « Mais comme le but de notre commission scolaire est d'inclure les Amérindiens ou les Autochtones, dans tout l'aspect de notre éducation, c'est définitivement quelque chose qu'on va regarder cette année. »
Certains enseignants qui ont préféré ne pas s'adresser à la caméra ont avoué que les jeunes sont de plus en plus intrigués par bispiritualité.
Ce qui, d'après Wesley Keewatin, est un pas dans la bonne direction pour l'acceptation de cette partie de moins en moins effacée de la communauté LGBTQ.
Le Canada se démarque
Un producteur bispirituel de films de la Nouvelle-Zélande, de passage en Saskatchewan, se dit impressionné par l'acceptation envers la bispiritualité au Canada.
Leo Koziol est un Autochtone faisant partie de la population des Maoris. Chez lui, le terme Takatāpui est utilisé pour représenter les personnes bispirituelles.
Il remarque que la discrimination est plus présente en Nouvelle-Zélande, comparativement au Canada.
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Leo Koziol était en visite à Regina pour présenter des films sur lesquels il a travaillé dans le cadre du festival de films Mispon, où des productions traitant de la bispiritualité étaient diffusées devant public.