La cathédrale de Rimouski dans tous ses états

La cathédrale de Rimouski attend de connaître le sort qu'on lui réserve
Photo : Radio-Canada / Denis Castonguay
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
DOSSIER | La cathédrale Saint-Germain trône au centre-ville de Rimouski depuis plus de 150 ans. Elle a contribué au déplacement des pouvoirs ecclésiastiques et politiques vers l'Est de la province et voilà que depuis plus de deux ans, elle est condamnée. Voici un tour d'horizon pour mieux comprendre les enjeux qui touchent la cathédrale.
Un texte de Julie Tremblay
« La cathédrale est-elle condamnée? » Ainsi titrait, le 14 janvier 1966, l'hebdomadaire rimouskois Le progrès du Golfe. Un titre toujours d'actualité, en 2017, alors que le chemin de croix de la cathédrale semble se poursuivre ad vitam aeternam. Depuis l’annonce de sa fermeture, qui devait être temporaire, le 28 novembre 2014, les Rimouskois sont à la fois désolés, fâchés et divisés.
À lire dans ce dossier :
Selon les divers rapports d’experts, cinq millions de dollars doivent être investis à court terme, simplement pour assurer la sécurité de la cathédrale. Toutefois, ces rapports datent déjà de plus d'un an, tandis que la cathédrale, elle, continue de se détériorer.
Le manque d'argent pour réaliser les travaux, mais surtout la discorde entre les différentes personnes qui tentent de sauver la cathédrale ont fait que depuis deux ans, toutes les tentatives de lui redonner ses lettres de noblesse ont échoué.
Une cote D pour la deuxième cathédrale la plus ancienne du Québec
Selon plusieurs historiens, la cote D attribuée à la cathédrale par le Conseil du patrimoine religieux en 2003-2004 a contribué à la situation actuelle. Cette cote, attribuée en raison d’importants travaux réalisés à la cathédrale en 1967, l’a disqualifiée des subventions octroyées par le ministère de la Culture et des Communications pour la rénovation des bâtiments religieux.

La cathédrale de Rimouski, avec ses galeries latérales, son jubé et ses ornements, qui ont été retirés lors des rénovations de 1967
Photo : Gracieuseté de Martin Canuel
L'historien d'architecture Luc Noppen déplore le caractère arbitraire de l'attribution de cette cote, et en parle comme le début d'un « long épisode de diffamation du bâtiment ». Sur la vingtaine de cathédrales qui existent au Québec, il n'y a que celles de Rimouski et de Joliette qui ont obtenu une cote aussi basse.
Pour l'historien Jean-René Thuot, l'un des impacts les plus navrants de ce classement, c'est qu'il a contribué à discréditer la cathédrale aux yeux de la population.
[Cette cote D] a participé à construire une image négative de la cathédrale, tandis qu’en 1967, on lui a redonné son air d’à l’époque où on l’avait construite, c’est-à-dire un gothique beaucoup plus épuré, sobre, tout en hauteur et en lumière.
En novembre 2016, le ministère de la Culture et des Communications a maintenu son refus de classer la cathédrale comme bâtiment patrimonial en invoquant justement les travaux réalisés en 1967. Le ministère a alors jugé que la cathédrale avait une valeur d’ordre local plutôt que d’ordre national, la privant une fois de plus des subventions qui sont rattachées à ce classement patrimonial.

Encore des seaux...
Photo : Radio-Canada / Denis Castonguay
Qui sauvera la cathédrale?
Depuis sa fermeture en 2014, la cathédrale fait les manchettes. La Fabrique Saint-Germain, dès le départ, n’a pas caché son intention de se départir de la cathédrale qui, selon elle, représente « un gouffre financier sans fond ». La cathédrale serait ainsi condamnée afin que les cinq églises encore ouvertes à Rimouski puissent poursuivre leurs activités.
Pourtant, il existe au Québec plusieurs exemples inspirants d'églises qui ont été transformées avec succès en complexes culturels, en écoles de cirque, en centres d'escalade, voire même en minigolf. À Rimouski, quelques propositions ont été mises de l'avant, sans succès.
Le comité Cathédrale 1862 a d’abord proposé de donner une vocation communautaire à la cathédrale, puis de la transformer en complexe culturel afin d'accueillir la Coopérative Paradis. Deux semaines après la proposition officielle du projet, un nouveau comité, Cathédrale 2016, s’est ensuite opposé à cette transformation et a milité pour le maintien de la cathédrale comme lieu de culte. Voyant que son projet de complexe culturel ne faisait pas l'unanimité, le comité Cathédrale 1862 a décidé de se retirer.
L’archevêque Denis Grondin, qui a hérité de cet épineux dossier en mai 2015, a tour à tour appuyé les deux comités, avant de décider de former une corporation ecclésiastique indépendante qui n’a toujours personne pour la présider.
Des consultations publiques doivent avoir lieu en 2017 et Mgr Grondin a lui-même avoué que cela pourrait prendre jusqu’à trois ans avant qu’une décision soit réellement prise pour l’avenir de la cathédrale. En attendant, nous vous proposons ce dossier, pour vous aider à mieux comprendre l'histoire de la cathédrale et à méditer sur son avenir.
VIDÉO | La valeur historique et patrimoniale de la cathédrale Saint-Germain expliquée

Les vitraux situés au sommet de la nef, derrière le choeur
Photo : Radio-Canada / Denis Castonguay
DANS CE DOSSIER :
- Les forces en présence

Un crucifix dans la cathédrale de Rimouski
Photo : Radio-Canada / Denis Castonguay
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Photo : Radio-Canada / Denis Castonguay
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Photo : Radio-Canada / Denis Castonguay
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Photo : Archidiocèse de Rimousk
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Photo : Radio-Canada / Jean-François Villeneuve
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Équipe
Journaliste : Julie Tremblay | Édimestres : Denis Castonguay, Jean-François Villeneuve et Isabelle St-Pierre Roy | Caméraman : François Roy | Archives télé : Sébastien Gagné | Collaboration au contenu : Jean-René Thuot, Nicolas Beaudry et Kurt Vignola