Trump juge « ridicules » les accusations de piratage contre Moscou

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump.
Photo : Reuters / Mike Segar
Donald Trump a jugé « ridicules » dimanche les informations selon lesquelles la Russie se serait ingérée dans l'élection présidentielle américaine dans le but de l'aider à accéder à la Maison-Blanche.
« Je pense que c'est ridicule. Je pense que c'est encore une excuse [pour invalider le résultat de l'élection] », a-t-il déclaré dans une entrevue accordée samedi à l'émission de télévision Fox News Sunday et diffusée dimanche.
« Je n'y crois pas du tout. »
Il a accusé les démocrates d'alimenter la presse avec cette histoire.
Citant des responsables américains au fait de l'affaire, le Washington Post a écrit vendredi que les agences du renseignement avaient identifié des personnes liées au gouvernement russe responsables du piratage de milliers de courriels du Comité national démocrate et du président de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta.
Ces courriels auraient ensuite été envoyés à l'organisation WikiLeaks, qui les a publiés pendant la campagne.
Les pirates informatiques russes sont décrits comme des personnes connues des services de renseignement et membres d'une large opération destinée à réduire les chances d'élection d'Hillary Clinton et favoriser Donald Trump le 8 novembre dernier.
« L'objectif de la Russie était de favoriser un candidat par rapport à l'autre, afin de faire élire Trump. »
Les dénégations de Trump pourraient le mettre en porte à faux avec les agences de renseignement américaines. D'autant que les interrogations sur la proximité de la future administration avec Moscou ont été renforcées par l'hypothèse de la désignation au secrétariat d'État du PDG d'Exxon Mobile, Rex Tillerson, réputé proche de Vladimir Poutine et opposant déclaré aux sanctions contre la Russie.
« Cela m'inquiète qu'il ait une telle relation personnelle avec Vladimir Poutine et qu'ils aient de toute évidence fait de nombreuses affaires ensemble », a déclaré dimanche le sénateur républicain John McCain, ancien candidat à la Maison-Blanche.
« Cela orienterait son approche de Vladimir Poutine et de la menace russe », a-t-il ajouté pendant l'émission Face the Nation sur la chaîne CBS.
« Les faits sont têtus », dit McCain
John McCain ne comprend pas que Trump s'obstine à nier les ingérences de la Russie.
« Je ne sais pas quoi en penser, car il est évident que les Russes se sont ingérés dans le processus électoral », a souligné le sénateur, membre de la Commission des forces armées.
« Qu'ils aient interféré au point d'essayer de faire élire un candidat en particulier, je pense que cela doit faire l'objet d'une enquête, mais les faits sont têtus. »
John McCain et un autre sénateur républicain influent, Lindsey Graham, ont annoncé dimanche, dans un communiqué publié conjointement avec leurs homologues démocrates Chuck Schumer et Jack Reed, qu'ils travailleraient ensemble sur cette question.
« Cela ne peut pas devenir une question partisane. Les enjeux sont trop élevés pour notre pays », ont-ils fait valoir.
La conseillère de M. Trump, Kellyanne Conway, a assuré que le futur président ne s'opposerait pas à l'enquête du Congrès, mais a ajouté qu'il pensait que ces révélations de presse visaient à délégitimer son élection.
« Ce qu'il a qualifié de risible ou ridicule, c'est que cela aurait visé à le faire élire à la présidence », a-t-elle dit sur CBS.
« Il [Donald Trump] respecte totalement la communauté du renseignement. »
En octobre, le gouvernement américain avait formellement accusé la Russie de mener une campagne de piratage informatique contre le Parti démocrate à l'approche de l'élection.
Barack Obama a demandé aux agences américaines du renseignement d'ouvrir une enquête sur le piratage informatique et sur l'intervention de puissances étrangères dans la campagne, a-t-on appris vendredi. Un rapport doit lui être remis avant son départ de la Maison-Blanche le 20 janvier prochain.
Les agences de renseignement américaines n'ont pas établi l'implication du Kremlin dans les piratages ni l'envoi des courriels à WikiLeaks. Les acteurs étaient éloignés d'« un cran » du gouvernement russe et n'étaient pas des fonctionnaires, rapporte le principal responsable cité par le Washington Post.