Le même groupe, la même enseignante pendant deux ans : les bénéfices du « looping »

La classe de Karine Bélanger à l'école Jardin-des-lacs de Saint-Denis-de-Brompton.
Photo : Radio-Canada / Guylaine Charette
Prenez note que cet article publié en 2016 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La méthode semble éprouvée à l'école Jardin-des-lacs de Saint-Denis-de-Brompton. L'établissement a essayé puis
adopté le bouclage, communément appelé « looping », au premier cycle du primaire.
Ce type d'organisation permet aux élèves de rester dans le même groupe avec la même enseignante pendant deux ans.
C'est en 2010 que l'école s'est lancée dans l'aventure. Rapidement, la constance fait ses preuves.
« L'enfant a deux ans pour apprendre à lire et à écrire. On lui donne ces deux années-là », raconte l'enseignante Karine Bélanger.
« Certains élèves ne sont pas rendus en première année en mars. L'année suivante, ils se mettent à débourrer d'un coup. Chacun a sa façon d'embrasser l'école. »
Au rythme de l'enfant
Cette approche serait particulièrement pertinente pour les deux premières années du primaire, compte tenu de la maturité affective des élèves. L'enseignante n'y voit que des avantages. « En première année, en septembre et en octobre, les élèves intègrent la routine, les valeurs, la manière de fonctionner. L'année suivante, tout est installé et on peut tout de suite se lancer dans les apprentissages », soutient-elle.

Karine Bélanger, enseignante à l'école Jardin-des-lacs de Saint-Denis-de-Brompton.
Photo : Radio-Canada / Daniel Mailloux
Tu gagnes deux mois parce que les liens sont créés et que chacun a trouvé sa place. Comme enseignant, tu sens moins de pression parce que tu respectes le rythme des élèves
Sa collègue Geneviève Rousseau partage son avis et son enthousiasme. « Chez les petits, tout passe par le lien. Il y a beaucoup moins d'insécurité. Ils savent que l'année suivante, ils seront avec nous », explique-t-elle.
On ne dit pas aux parents : "Votre enfant va savoir lire à Noël". Il y a vraiment moins de pression sur les enfants et sur les enseignants.
Florence, Cédric et Ève, aujourd'hui en quatrième année, ont vécu l'expérience et ne voudraient surtout rien changer à leur parcours.
« C'était bien parce qu'on ne changeait pas les habitudes. Karine n'avait pas besoin de réexpliquer les choses », se rappelle Cédric.
Ève renchérit : « C'est elle qui nous a appris à lire à écrire. C'est elle qui nous a appris le plus de choses ». Florence aurait aimé que ça se poursuive. Cédric, lui, ajoute « pour toute la vie ».
Éclat de rire et gros câlins entre l'enseignante et ses anciens élèves. Karine Bélanger les entoure puis leur dit en souriant : « Ouste, retournez avec le nouveau ».
Un choix marginal
Si la vérité sort de la bouche des enfants, pourquoi le « looping » n'est-il pas plus présent dans les écoles? Karine Bélanger émet une hypothèse : « Il y a des enseignants qui aiment ça leur petite bulle de première année. Ils savent ce qu'ils font tous les mois. Ça les sécurise ».
Ni le ministère de l'Éducation, ni les commissions scolaires ne s'ingèrent dans les projets éducatifs des écoles. Elles ont toute l'autonomie nécessaire pour faire des choix.
C'est aussi pour cette raison qu'il n'existe pas de registre qui recense les écoles qui auraient opté pour le bouclage. À la Commission scolaire de la région de Sherbrooke, on nous dit qu'au moins deux écoles, dont celle de Saint-Denis-de-Brompton, misent sur cette approche. C'est donc l'exception plutôt que la règle.