Certaines personnes se réjouiront de cette surprise, d’autres s’en désoleront : le crabe des neiges, qui se vendait à prix d’or l’année dernière, a retrouvé son coût d’avant la pandémie. Qu’est-ce qui explique cette baisse, et qui perd là-dedans?
L’année dernière, à pareille date, le poissonnier Bernard Lauzier, de Kamouraska, affichait son crabe des neiges cuit à plus de 74 $/kg (34 $/lb) en raison de la montée fulgurante de la demande. La guerre en Ukraine et un effondrement des stocks en Alaska avait mené les industriels à acheter des crabes à fort prix.
Mais c’est la clientèle qui n’en a pas voulu.
« Ton plat de creton qui coûte 4 $, s’il augmente à 5 $, tu vas l’acheter. À 6 $, tu vas encore l’acheter. Mais s’il augmente à 14 $? Tu vas manger du beurre de peanuts. »
La hausse de prix a donc créé un effondrement de la demande. Des stocks de crabe des neiges congelés de 2022 étaient encore dans les entrepôts cet hiver, selon la journaliste Joane Bérubé(Nouvelle fenêtre), de Radio-Canada.
Les prix sont descendus au cours de la saison 2022, et cette baisse s’est reflétée dans le prix de vente cette année. On devrait donc s’attendre à payer environ 39 $/kg (18 $/lb) pour le produit cuit en poissonnerie, du moins dans le Bas-Saint-Laurent. C’est 50 % de moins que l’année dernière.
Des hauts et des bas
Les fluctuations dans le prix du crabe sont tributaires des marchés mondiaux, puisque cette ressource est en grande majorité exportée. Le crabe qui est acheté localement est souvent négocié au quai par les poissonneries, mais les grandes usines de transformation demeurent les acheteuses les plus importantes.
Ces dernières offrent un prix minimum aux entreprises de pêche. Cette année, ce prix est d’environ 5 $/kg (2,25 $/lb). Les usines donnent aussi une ristourne si la saison offre des profits supplémentaires.
Mais les petites poissonneries ne payent pas ce prix sur les quais, selon Bernard Lauzier. C’est plutôt le double, soit plus de 10 $/kg (5 $/lb), qu’il offre aux entreprises de pêche avec qui il fait affaire, et il s’occupe en plus du transport de la marchandise.
Il sait pourtant que les entreprises de pêche feront les frais de cette baisse de prix, puisque leurs coûts d’exploitation ont augmenté. Le pêcheur, c’est plate pour lui, il a beaucoup moins d’argent. En plus, des gens ont acheté des quotas à gros prix
, mentionne-t-il.
Si la saison s’annonce difficile pour les entreprises de pêche au crabe, c’est la clientèle qui en profitera, surtout dans un contexte où l’inflation sur la nourriture continue d’augmenter. Raison de plus pour se faire un festin de crabe des neiges ce printemps! Surveillez les premiers arrivages dans les poissonneries, et soyez à l’affût des restaurants qui offriront des plats saisonniers au crabe des neiges frais d’ici quelques jours.