L’épicerie a demandé à des spécialistes d’analyser ce qui se cachait dans 12 des lavettes, éponges ou guenilles des membres de l’équipe. Résultat : les colonies de bactéries dans les éponges analysées étaient toutes largement au-dessus des normes acceptables. Faut-il s’inquiéter de leur proximité avec ce que l’on mange?
Avec leur structure particulière, les éponges sont propices au développement des bactéries. Selon une étude publiée en 2017(Nouvelle fenêtre), un seul centimètre d’une éponge à vaisselle peut contenir jusqu’à 50 milliards de bactéries, ce qui en fait l’un des plus importants repaires de bactéries d’une maison… devant la cuvette de toilette!
Des bactéries pour la plupart inoffensives
Nous vivons avec un nombre vertigineux de bactéries, que ce soit dans notre corps ou dans notre environnement. Heureusement, la plupart de ces bactéries sont inoffensives.
Des études ont été faites sur plusieurs dizaines de milliards de bactéries qui sont heureusement pour la plupart inoffensives pour l’être humain
, explique Marc Hamilton, président de l’Association des microbiologistes du Québec.
Mais selon notre expert, certaines sont potentiellement pathogènes, c’est-à-dire qu’elles sont porteuses de maladies. On peut penser à l’E. coli ou à la salmonelle.
Disons qu’on est vraiment malchanceux et qu’on entre en contact avec une bactérie. On lave moins bien la vaisselle, et on se contamine par l’E. coli qui vient du steak haché qu’on a préparé. C’est évident qu’on peut avoir une infection. On pourrait même parler de maladie du hamburger, qui peut mener à des fièvres, à des diarrhées et dans des cas très rares, à la mort
, note-t-il.
Le test de L’épicerie
Sous la supervision de l’enseignant Cheik Ahmed Touré et de la technicienne en laboratoire Marie-Josée Giroux, des élèves du Collège de Maisonneuve ont minutieusement analysé 12 échantillons de lavettes, éponges et guenilles des membres de l’équipe de L’épicerie.
Méthodologie
En gros, l’analyse consiste à prendre un morceau de chaque échantillon et de les ensemencer sur une gélose (une substance nutritive) dans une boîte de Petri. Toute cette manipulation est réalisée dans des conditions aseptiques. Le mélange est dilué en plusieurs étapes, à des températures spécifiques. Ensuite, on laisse le temps aux liquides d’analyses d’incuber les échantillons.
Résultat : Toutes les éponges qui ont été analysées ont présenté un compte de colonies recherché qui était largement au-dessus des normes acceptables
, résume Cheik Ahmed Touré.
Même que deux échantillons, une éponge et un torchon jetable, avaient une telle quantité de colonies qu’elles étaient difficiles à dénombrer.
Des milieux plus propices aux bactéries que d’autres
Le problème avec les éponges, c’est qu’elles retiennent l’eau et sont très longues à sécher, et de tels milieux humides sont tout indiqués pour la prolifération des bactéries. Lorsqu’on regarde une éponge au microscope ou juste à la loupe, on voit que c’est très poreux. Les bactéries et l’eau restent emprisonnées
, explique Marc Hamilton.
C’est pourquoi notre expert ne recommande pas les éponges de nettoyage munies d’un manche en plastique.
« Cette moppe à récurer est très utile et facile d’utilisation, mais selon moi, c’est le pire choix. »
Par contre, une brosse en bois avec des poils naturels ne retient presque pas d’eau. Selon notre test, il s’agissait de l’un des échantillons les moins chargés en bactéries.
Sinon, les lavettes en silicone sont aussi un bon choix, selon Marc Hamilton : D’un point de vue microbiologique et bactériologique, c’est mon premier choix pour récurer et nettoyer la vaisselle. Les bactéries peuvent difficilement y adhérer.
Les torchons et guenilles, qui sèchent plus facilement qu’une éponge, accumulent moins de bactéries. Mais même dans un torchon sec, des bactéries vont quand même rester présentes et pour la plupart, rester vivantes
, nous prévient le président de l’Association des microbiologistes du Québec.
Comment réduire les bactéries au maximum?
Certaines études disent qu’on devrait jeter les éponges chaque semaine. Marie-Josée Giroux ajoute qu’en restauration, les éponges sont même interdites ou doivent être jetées chaque jour.
Si on fait seulement les laver, ce n’est pas assez, explique Vania Atudorei, microbiologiste à Eurofins EnvironeX. Il faut aussi les désinfecter, surtout pour les bactéries d’origine fécale qui peuvent provoquer des gastro-entérites.
Pour réduire les bactéries au maximum, on peut faire chauffer son éponge humide deux minutes au micro-ondes, la passer au lave-vaisselle, ou encore la mettre dans la laveuse avec eau chaude, savon et eau de javel.
On peut aussi la faire tremper dans de l’eau très chaude avec un produit désinfectant, comme de l’eau de Javel ou du vinaigre, pendant au moins 15 minutes.
Il faut noter que la majorité des éponges que nous avons analysées étaient stockées après utilisation dans l’évier de cuisine. C’est l’endroit par excellence, qui est déjà contaminé, qui est aussi exposé à une grande humidité
, dit l’enseignant Cheik Ahmed Touré. Il serait donc préférable de faire sécher éponges et lavettes sur une grille ou dans un panier d’évier.
Pour éviter la contamination croisée, il est aussi recommandé de :
bien se laver les mains après avoir utilisé la toilette;
se laver les mains avant chaque manipulation en cuisine;
maintenir les surfaces de travail propres;
utiliser des planches à découper différentes pour les viandes et les légumes;
nettoyer les éponges et les lavettes régulièrement, au moins une fois par semaine.
En somme, les bactéries sont partout, il faut simplement apprendre à cohabiter avec elles!
Avec les informations de Gildas Meneu