En cette époque de pénurie de main-d'œuvre, des entreprises s'intéressent de près à l’offre alimentaire proposée au menu de leur cafétéria. Et si cette stratégie pouvait contribuer à attirer et à garder les travailleurs et les travailleuses? L’épicerie s’est intéressée à la question.
Que ce soit pour encourager le retour en présentiel ou pour attirer du nouveau personnel, des compagnies œuvrant principalement dans le domaine des technologies et des communications misent sur la qualité de la nourriture offerte sur le lieu de travail.
C’est le cas de l’entreprise créative Sid Lee de Montréal. La firme propose non seulement un menu de qualité, mais elle offre gratuitement le petit déjeuner et les collations à son personnel et subventionne, en partie, le prix du repas du midi. À titre d’exemple, pour 8 $, on sert une bavette de veau poêlée avec une tombée de tomates et une salade de chou-fleur, en plus d’une entrée et d’un dessert.
Pour Sid Lee, ce repas est un moment d’échange et de socialisation qui permet de renforcer les liens entre les membres du personnel et même de participer à la créativité de l’entreprise.
« Ça fait partie de notre culture. Ça fait partie d'une des raisons pourquoi nos employés ici restent chez nous et même viennent. »
Malgré les coûts élevés, cette dépense en vaut la chandelle, selon Jean-François Lefebvre, chef des opérations pour Sid Lee : Ça fait partie des bénéfices et des avantages à travailler chez Sid Lee. Notre équipe de recrutement pourrait vous le dire, en fait.
La succursale montréalaise de la firme de logiciels Lightspeed offre, quant à elle, tous les repas et toutes les collations gratuitement.
Même si cette mesure paraît attirante, Diane-Gabrielle Tremblay, professeure en gestion des ressources humaines, n’observe pas de tendance quant à l’utilisation de la nourriture comme stratégie de recrutement ou de rétention du personnel. Elle trouve toutefois l’idée inspirante.
« On constate que pour attirer les gens, pour que les gens reviennent, les gestionnaires sont à la recherche justement d'idées, et l'alimentation en fait partie. »
Même dans le domaine de l’éducation, la nourriture sert d’attrait. Au collège André-Grasset de Montréal, les employés et les étudiants sont aussi choyés. Ici, on mise sur la qualité et la fraîcheur des aliments.
« Pour nous, c'est un facteur qui est important dans le milieu de l'éducation. C'est un milieu qu'on dit humain. Donc, nous sommes en mesure d'offrir de bons repas. C'est aussi une marque de reconnaissance. »
Pour pouvoir offrir un menu de qualité à prix abordable, l’établissement scolaire a fait appel à une petite entreprise en gestion de cafétéria comme l’explique Patrick Caron : Le fait de travailler avec une petite entreprise permet beaucoup plus de flexibilité. Donc on s'est entendu sur les valeurs communes, donc qualité de service, qualité de la nourriture, des aliments québécois. Le volet environnemental, le retrait de tout ce qui est plastique, de tout ce qui est vaisselle jetable. Ce sont tous des enjeux auxquels nous croyons.
Au-delà de toutes ces considérations, les entreprises utilisent aussi la nourriture et les repas comme élément de cohésion sociale. Créer un contexte familier, un lieu d’échange et de discussion renforce le sentiment d’appartenance à l’entreprise comme le souligne Martin Leduc, chef partenaire pour Sid Lee. Les gens se servent comme à la maison, mais le but, c'est qu'ils arrivent plus tôt au bureau, qu’ils mangent au bureau et qu’ils travaillent au bureau.
Encore peu d’entreprises considèrent l’alimentation de qualité comme partie intégrante des conditions de travail avantageuses. Mais selon Diane-Gabrielle Tremblay, cette idée mérite d’être considérée : Je pense que toutes les organisations pourraient sans doute trouver une idée là qui ne soit pas nécessairement aussi coûteuse que ce qu'on retrouve dans le multimédia et les jeux vidéo.