« Je vais prendre un sandwich aux tomates, pas de mayo, et une petite frite. Les frites sont cuites dans l’huile végétale, hein? » Ça, c’est ma commande classique dans les restaurants et patateries de bord d’autoroute depuis que je suis végane. Le sandwich est souvent un peu sec, mais les petites patates brunes restent la vedette du repas (on ne va rien se cacher). Même si ces dernières sont bien bonnes, ça peut devenir un casse-tête de se nourrir en vacances ou en voyage lorsque l’on est végane. Comment s’y retrouver?
Quand on me demande si ça a été difficile de faire une transition vers une alimentation végétale, ma réponse en surprend souvent plusieurs : pas tant que ça.
À l’époque de mon virage, je me cherchais activement un projet, parce que j’aime créer et apprendre. Puis, je dois le dire, je jouis d’un nombre de privilèges comme l’absence d’allergies alimentaires, une bonne sécurité financière et un accès facile à toute une variété de produits et d’ingrédients dans les épiceries de mon quartier. Apprendre à cuisiner des plats convenant à mon nouveau mode de vie a été assez facile.
Là où ça peut se corser, par contre, c’est en déplacement. Même si les options végétales ont explosé ces dernières années, avec notamment des boulettes végétaliennes dans plusieurs grandes chaînes de restauration rapide et des boissons végétales prêtes à être ajoutées au café un peu partout, manger végétalien à l’extérieur de la maison reste un défi.
Comme végane, en sortant de notre bulle confortable de tofu et de levure alimentaire, nous constatons assez rapidement que la culture et les systèmes alimentaires tournent encore principalement autour des aliments d’origine animale : de la viande, du poisson, des œufs et des produits laitiers partout (ou presque), et des légumes souvent relayés à l’arrière-plan.
Pour moi, l’exemple le plus flagrant du manque d’options végétales dans notre environnement alimentaire est un menu typique de petit-déjeuner ou de brunch d’hôtel ou de restaurant : des œufs, du jambon, du bacon, du fromage et quelques options notées comme plus santé
, souvent du fromage cottage, du yogourt et du saumon fumé. Même le plat de légumineuses (les bines!) contient de la viande, et le smoothie, du yogourt. L’option classique reste la toast au beurre d’arachide (à condition qu’elle n’ait pas été enduite de beurre auparavant). Pour être honnête, je ne comprends pas pourquoi le tofu brouillé et les tartines au houmous ne se trouvent pas déjà sur les menus de tous les restaurants de déjeuner, mais ça sera pour une autre chronique.
Ultime sandwich déjeuner végétalien
Omelette de lentilles style western
Parce que le système ne changera probablement pas considérablement d’ici les prochaines vacances, voici quelques pistes pour manger à sa faim (et se régaler!) sur la route quand on choisit de ne se nourrir que de végétaux.
Avoir des collations ou des compléments de repas sous la main
Je dis souvent à la blague que j’ai toujours un sachet de jerky (charqui) de tofu (en vente dans les épiceries spécialisées) dans ma sacoche quand je suis en déplacement. Ce n’est en fait pas très loin de la vérité. Quelques tranches ajoutées au fameux sandwich-aux-tomates-pas-de-mayo ramassé sur le bord de l’autoroute font une belle différence (et sortir du charqui végane d’un sac à main, ça fait toujours jaser). J’aime garder avec moi les classiques sachets de noix ou de légumineuses grillées, du graine-o-la (qui se mange en collations et peut s’ajouter aux salades), des fruits ou encore des barres tendres ou barres de protéines. Ces grignotines ne constituent évidemment pas l’option la plus gastronomique, mais peuvent me permettre de garder ma bonne humeur jusqu’au prochain repas.
Graine-o-la 5 minutes, deux façons!
Visiter les bons restaurants
L’application mobile Happy Cow, qui fonctionne autant par géolocalisation que par recherche de lieux partout dans le monde, répertorie les restaurants et autres commerces véganes ou offrant des options végétaliennes ou végétariennes. Elle est régulièrement mise à jour et on peut y lire des commentaires d’utilisateurs et utilisatrices. Dans le même ordre d’idées, il existe plusieurs communautés en ligne, entre autres des groupes sur Facebook, où l’on peut faire une recherche par mot-clé, notamment par ville, pour avoir accès à des recommandations. Sur Instagram, j’aime aussi faire des recherches par mots-clics (ex. #veganberlin) pour découvrir des adresses.
De nombreux restaurants ne s’affichant pas comme véganes ou végés offrent tout de même d’excellentes options. C’est le cas notamment avec les cuisines méditerranéennes, sud-américaines et asiatiques. Si nous faisons une réservation, c’est toujours une bonne idée de mentionner nos besoins d’avance pour non seulement nous assurer que l’on pourra nous accommoder, mais aussi pour laisser le temps à l’équipe de planifier des options.
En visite dans un pays où on ne maîtrise pas la langue, il peut être utile d’apprendre minimalement les formules de politesse, bien évidemment, mais aussi la phrase Je suis végane!
. Par ailleurs, pour nous aider, l’application mobile The Vegan Passport permet de faciliter la communication autour des besoins en lien avec le véganisme dans près de 80 langues.
Visiter les marchés et s’équiper pour cuisiner minimalement
Découvrir des restaurants en vacances et en voyage est évidemment un grand bonheur, mais les factures peuvent grimper rapidement. Si on a accès à une glacière dans la voiture, à un petit frigo à l’hôtel ou encore à une cuisinette dans la minifourgonnette ou l’hébergement, visiter les épiceries et les marchés fera une grande différence.
Au-delà du fait que de découvrir les épiceries est l’une de mes activités préférées en voyage (suis-je la seule?), ça permet aussi d’acheter ce qu’il faut pour les petits-déjeuners, les lunchs ou les collations. Sans accès à de l’équipement de cuisson, on peut miser sur les gruaux frigo, les puddings de chia ou les smoothies en cubes qu’on laisse décongeler toute la nuit. Le beurre de noix et d’arachide, les trempettes de type houmous, les crudités et les craquelins sont des classiques. Des produits de spécialité comme le lait de coco en poudre (ou encore des berlingots de boisson végétale) peuvent nous éviter d’avoir à nous contenter d’un café noir. Pour se faciliter la tâche, on peut prendre l’habitude de traîner avec soi un petit ensemble d’ustensiles (en bois si on prend l’avion) ainsi que quelques contenants réutilisables pour ne rien gaspiller.
Gruau-frigo à la boisson d’avoine
Avec tout ça, il est important de rester à l’écoute de nos besoins pour nous assurer de bien manger à notre faim, mais sans en faire tout un plat si un repas n’est pas aussi équilibré que nous l’aurions souhaité. Les mentalités changent progressivement et c’est vrai que c’est de plus en plus facile de trouver quelque chose de végane à manger. Ça reste toutefois un défi. Il faut continuer de militer pour des changements systémiques et politiques qui mettront davantage de végétaux au menu et, en attendant, toujours traîner du charqui de tofu dans sa sacoche. Bonnes vacances!
