Au croisement de la restauration, des spectacles et du tourisme, Montréal en lumière est bien placé pour constater les dégâts provoqués par deux ans de pandémie sur ces industries. Malgré l’annulation de la visite des chefs de l'étranger et de plusieurs événements gastronomiques, le festival démarre avec la ferme intention d’être le premier pas vers un retour à la normale.
La restauration, c’est le petit miracle
, dit avec enthousiasme le président-directeur général du festival, Jacques Primeau. Les restaurants étant fermés, le mois de janvier a été sous le signe de l'incertitude pour l'organisation de Montréal en lumière. Le soupir de soulagement n'est survenu que le 25 janvier, lorsque le gouvernement a annoncé l'ouverture des salles à manger.
Devant le manque de clarté, la venue des chefs de l'étranger, comme celle du chef étoilé Bo Bech, a dû être laissée de côté. C’est sans compter la quasi-absence des touristes d'autres pays, sur qui le festival comptait énormément dans les années précédant la pandémie.
On avait travaillé sur le thème "Montréal reçoit", explique M. Primeau. L’invitation tombe à l’eau, mais on est en train de documenter la nouvelle version de Montréal en lumière. On développe notre image pour que le vrai retour des touristes se fasse graduellement.
Le centre-ville, tout comme les secteurs des arts de la scène, de la restauration et de l’hôtellerie, a été grandement affecté par les vagues successives de confinement. Par hasard, on est au croisement de toutes ces choses-là, fait remarquer M. Primeau. Ce n’était pas prévu comme ça, mais Montréal en lumière tombe bien.
Julie Martel, qui chapeaute le volet gastronomique de l'événement, voit le verre à moitié plein et considère que le festival est l’occasion de respirer un peu. Pour les restaurateurs, c’est un retour à une certaine normalité que de participer à un événement; on est le premier festival à avoir lieu cette année, souligne-t-elle. On a tous besoin de se gâter, on le mérite tous.
Les chefs autochtones autour de la table
La nordicité, thème de cette édition, appelait à la présence accrue des cuisines et des chefs autochtones dans la programmation du festival. Des jumelages sont donc effectués, sur une base volontaire, entre des restaurants montréalais et des cuisiniers et cuisinières venant des premiers peuples. Des deux côtés, la réponse a été super enthousiaste, raconte Julie Martel. On a besoin de rencontres, de découvertes.
Un de ces rendez-vous est la rencontre culinaire entre Lysanne O’Bomsawin et Maria-José de Frias, chef du Virunga, un restaurant d’inspiration congolaise. Ce ne sera pas un plat congolais, un plat abénakis, souligne Mme Martel. On va mixer les cultures culinaires; ce sont des créations auxquelles on assiste. L’événement favorise l’échange, la table est un bon espace pour ça, mais il n’y a pas de catégorisation.
Le restaurant Kamúy offrira aussi un brunch inspiré du kanaval, un événement traditionnel haïtien, en compagnie du chef Shawn Adler, du Pow Wow Café, à Toronto.
La restauration toujours fragile
Ayant toujours eu comme vocation de faire découvrir le beau côté de l’hiver montréalais, Montréal en lumière doit désormais mettre les bouchées doubles pour faire la promotion de la gastronomie québécoise à l’international.
Tout est à faire; il y a ça de beau, je suis très confiante, dit Julie Martel. Avant que la pandémie arrive, on était sur une belle lancée. On a tout ce qu’il faut, on a de quoi être fiers; il faut juste continuer.
Selon Jacques Primeau, il faudra toutefois que les gouvernements en fassent plus pour soutenir la relance. Il va falloir arrêter de dire que parce que l’économie est relancée, tout est correct, tout est revenu. Ce n’est pas vrai; il y a des faillites, des pertes d’employés... Pour favoriser le retour de la qualité, ils vont avoir besoin d’aide.
Montréal en lumière se déroule jusqu’au 5 mars, et la programmation complète est disponible sur le site Internet du festival(Nouvelle fenêtre).