Plusieurs personnes sont tentées d’intégrer la nourriture à leurs ébats sexuels. Si l’utilisation d’aliments au lit est une excuse parfaite pour découvrir de nouvelles sensations et explorer le corps de l’autre et le sien, encore faut-il bien connaître ses propres besoins et savoir les communiquer. Petit guide 101 des plaisirs de la table au lit.
Nourriture et sexualité ont de nombreux points en commun, comme en témoigne la grande popularité des expressions culinaires pour parler de sexe. On pimente
notre vie sexuelle; on a de l’appétit
sexuel; et aux gens qui ont des pratiques sexuelles routinières ou qui ne sortent pas d’une certaine norme, on dira qu’ils sont vanille
, la saveur la plus commune de crème glacée.
C’est une bonne façon de parler des préférences sexuelles, parce que certaines personnes ajoutent juste des petits bonbons sur leur crème glacée vanille, alors que d’autres vont parfois vers une saveur complètement différente
, remarque en riant la chercheuse en santé sexuelle Sara Mathieu.
Spécialisée en pédagogie de l’éducation à la sexualité, elle s’implique dans l’organisme Club Sexu, qui a pour but de parler de sexualité de façon plus positive, ludique et inclusive.
Pour la chercheuse, la nourriture dans un contexte sexuel invite à une redéfinition du rôle de certaines parties du corps. Le rapport à la nourriture nous amène à court-circuiter des habitudes, à passer plus de temps à certains endroits sur le corps, notamment, dit-elle. Tout ce qui a rapport à l’oralité devient en soi une activité. On s’éloigne du sexe oral en tant que préliminaire.
La bouche, et donc le goût, est ici le centre de l’attention. Mais les autres sens sont également stimulés par la nourriture, comme le toucher, lors de jeux chaud-froid, par exemple, avec des fruits congelés, et de jeux de textures. Toutes ces nouvelles sensations peuvent plaire à différentes personnes pour une variété de raisons différentes.
Les classiques comme la crème fouettée et le chocolat fondu sont de bons aliments pour s’initier à la pratique. Attention toutefois à la température : le chocolat fondu peut causer des brûlures, il est donc conseillé de choisir un chocolat spécialement fait pour être versé sur la peau et que l'on trouve dans les magasins spécialisés.
Des personnes pourraient avoir envie de répéter ces expériences-là, alors, pourquoi ne pas essayer un nouvel aliment chaque mois, par exemple?
, suggère Sara Mathieu.
Et la recommandation Mordu : allez-y de manière saisonnière et locale. L’hiver, on peut faire une purée de betterave, alors que l’été, on passe aux petits fruits, les fraises en premier, puis les bleuets en août!
La pression
Sara explique que c’est souvent à la Saint-Valentin que l’envie de varier la routine de la vanille
apparaît. La fête de l’amour et de la séduction vient bien souvent avec son lot de pression dans le domaine sexuel.
« On a envie de déroger de quelque chose. Mais il faut se demander si son besoin, c’est de performer parce qu’on ne veut pas que sa Saint-Valentin soit ordinaire. »
Comprendre ses besoins, c’est l’étape qui doit arriver avant même l’expression d’un désir avec un ou une partenaire. Si le besoin c’est de se reconnecter à son corps, de briser l’ordinaire, c’est possible que tu te rendes compte que la bouffe, c’est une excuse, raconte-t-elle. Ça oblige à parler du corps d’une autre façon.
Une fois qu’on a bien compris ce qui nous attire dans les pratiques sexuelles impliquant la nourriture, on peut le communiquer. À ce moment, la technologie et les réseaux sociaux sont des outils à ne pas négliger. Tiktok, notamment, regorge de vidéos montrant le sploshing(Nouvelle fenêtre), qui consiste à étendre de la nourriture sur un corps. Pour tester l’attitude de l’autre, pourquoi ne pas lui montrer une vidéo de ce genre?
Par texto, ça peut aider à amorcer une communication qui peut se poursuivre ailleurs
, suggère aussi Sara.
Une fois qu'on a bien discuté de l’envie, on peut passer à la préparation, car attention : la nourriture dans un contexte sexuel se prête bien mal à l’improvisation. Il n’est pas non plus recommandé d’insérer de la nourriture dans l’anus ou le vagin, car certains aliments ou substances pourraient provoquer une infection. Il faut également s’assurer que l’autre personne n’a pas d’allergies alimentaires.
Il est important d’aborder la gestion des attentes, parce que ça peut ne pas se passer comme prévu. Ça se peut que ça soit vraiment poche; mais ça va être drôle, ça ne sera pas grave, on peut en parler à l’avance
, conseille la sexologue.
Et finalement, la communication nécessaire à l’ajout de la nourriture au lit peut influencer positivement le reste de la vie sexuelle entre deux personnes. C’est là où le niveau de confiance est important, juge Sara Mathieu. Si c’est quelque chose que tu as envie de pratiquer, tu devrais toujours avoir ce genre de jasette, même pour des pratiques qui sont considérées comme normales.