Ces poires pourraient rendre jaloux les amoureuses et amoureux de voyage frustrés par la COVID-19. Une photo d’une coupe de poires tranchées, dont les fruits ont été cueillis en Argentine, expédiés en Thaïlande pour être emballés, puis réacheminés en Amérique pour aboutir sur les tablettes canadiennes a largement circulé sur le web ces dernières semaines.
Sous l’image de l’emballage, des internautes ont apposé une mappemonde sur laquelle on a tracé l’itinéraire supposé de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de ces poires, qui ont traversé par deux fois l’océan pour finir dans un panier d’épicerie.
Plusieurs ont qualifié d’absurde
cette logique de production, qui peut à première vue sembler inefficace.
C’est un message Twitter du naturaliste et présentateur de télévision anglais Chris Packham qui a redonné un tour de piste à cette image, qui circule depuis 2020.
C’est brisé, n’est-ce pas? a-t-il écrit. Nous avons brisé ce que nous faisons avec notre nourriture.
Je n’ai jamais compris la logique de cela
, renchérit un internaute.
Des groupes environnementalistes soulignent, quant à eux, les effets néfastes des émissions de gaz à effet de serre générées par le transport apparemment superflu de ces aliments d’un continent à l’autre.
D’autres personnes affirment que c’est ce système mondialisé qui permet d’éliminer les famines sur une planète qui compte près de 8 milliards d’êtres humains.
Une image qui vaut mille mots
Il s’agit là d’un exemple particulièrement frappant d’une pratique qui est commune dans à peu près tous les domaines de notre économie mondialisée. Des fois, on ne s’en rend pas compte, mais ici, l’image vaut mille mots
, explique le Dr Sylvain Charlebois, professeur en distribution et politiques agroalimentaires à l’Université Dalhousie.
Les chaînes d’approvisionnement depuis au moins 30 ans visent toujours le moins cher possible
, rappelle le Dr Charlebois. C’est pourquoi un grand transformateur de fruits peut décider, par exemple, d’établir ses opérations en Asie du Sud-Est pour de multiples raisons (main-d’œuvre à rabais, infrastructures, etc.), plutôt qu’à l’endroit où les fruits sont cueillis ou vendus.
Moi, je ne condamne pas la pratique, parce que sur le plan de l’économie, c’est un modèle qui a du sens
, affirme le Dr Charlebois.
Toutefois, les réponses des gouvernements à la crise climatique pourraient rendre ces pratiques de moins en moins rentables, notamment dans le contexte d'un prix sur les émissions de gaz à effet de serre.
Ce qui arrive actuellement, c’est que tout ça est remis en question parce qu’on monnaie le carbone de plus en plus en Occident, comme au Canada d’ailleurs.
Cela pourrait rendre l’achat local de plus en plus attrayant. Les consommateurs et consommatrices ont également leur mot à dire. En fin de compte, la pression vient de nous tous, qui recherchons des produits à bon prix.