Le comptoir Provisions, rue Gilford, à Montréal, est né de l’impératif de survivre à la pandémie. Lorsque des travaux majeurs sur la rue ont été annoncés, le copropriétaire Pablo Rojas Sutterlin a lancé un appel à l'aide sur les réseaux sociaux. Mercredi, la Ville a reculé en reportant les travaux à l'année prochaine.
Les travaux de réhabilitation d’aqueduc devaient commencer le 17 juin pour se terminer le 27 août, mais ont été d’abord retardés à cause d’une grève des ingénieurs(Nouvelle fenêtre).
Devant la possibilité de voir la rue qui donne sur le petit local être éventrée et les revenus de Provisions diminuer drastiquement, le copropriétaire de l’entreprise Pablo Rojas Sutterlin a indiqué qu’il allait simplement fermer pour mettre ses énergies ailleurs
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À quelques portes de là, sur Gilford, Amarjit Bhatoe, du restaurant indien Palais Maharaja, s’est dit inquiet de voir ces travaux prévus au pire moment possible. Ça ne relève pas du bon sens, fustige-t-il. Au moment où on recommence à avoir un petit sourire sur nos visages, ils nous arrivent avec ça.
Dans une publication sur Instagram, M. Rojas Sutterlin a fait appel mardi à son cercle de contacts pour propager la nouvelle. Rapidement, de grands chefs montréalais ont fait tourner la publication sur leurs réseaux, attirant une vague de sympathie.
Mercredi, la Ville a contacté le Provisions pour annoncer que les travaux d’aqueduc seraient remis à l’année prochaine, ce qui a été confirmé par le cabinet de la mairesse et du comité exécutif, sans préciser la date des nouveaux travaux.
On a gagné celle-là. Mais c’est parce que j’ai des contacts, que je connais des chefs, dit-il. Si ça avait été un petit couple, une petite place pas trop connue, ils auraient enterré un restaurant et on n’en aurait jamais entendu parler.
Un déménagement pour survivre
La boucherie et le restaurant Provisions sont des établissements bien connus d’Outremont. Mais quand la pandémie de COVID-19 est arrivée, le restaurant n’avait plus sa raison d’être et a été fermé temporairement, explique M. Rojas Sutterlin.
Pour continuer les activités et tenter de garder son personnel au travail, Pablo Rojas Sutterlin a ouvert ce petit comptoir situé devant les placottoirs de la rue Gilford près de l’angle avec la rue Saint-Denis, dans Le Plateau-Mont-Royal. Le menu y propose des hamburgers, des sandwichs et des desserts glacés, ainsi qu’une sélection de vins et de bières.
Pivoter d’un restaurant gastronomique et d’une boucherie à un service de burgers et de crème glacée sans places assises représente le parfait exemple de ce que la relance économique devrait être
, avance M. Rojas Sutterlin, qui pilote aussi le restaurant Le Petit Italien.
Le gestionnaire salue aussi l’aide de la Ville de Montréal durant la pandémie. Ils ont fait une maudite belle job; je leur lève mon chapeau, dit-il. Mais le résultat, c’est qu’après un an et demi à m’avoir donné de l’argent, ils veulent faire des trous en avant de chez nous.
« On a demandé tellement de choses aux restaurateurs. Est-ce qu’il y a moyen d’être un peu flexible après une pandémie? »
Soulagé de voir reculer la Ville sur ce dossier, Pablo Rojas Sutterlin souligne malgré tout que le problème de fond subsiste. Il estime que les différents organes de la Ville devraient davantage se coordonner. Je peux pas croire qu’ils ne se parlent pas, en se disant "on peut-tu ne pas faire ça l’été, le faire l’année prochaine?"
, avance-t-il.
Toutefois, il concède que les gestionnaires de restaurants et les chefs pourraient se rassembler davantage pour faire valoir leur point auprès des institutions. C’est vrai qu’on n’est pas organisés, fait savoir M. Rojas Sutterlin. Je ne lance pas le blâme sur la Ville; ça doit être dur de gérer une ville!
Pablo Rojas Sutterlin tient à préciser que sa sortie publique ne vise pas à prendre position dans la course à la mairie de Montréal, qui oppose Valérie Plante à l’ancien maire, Denis Coderre. J’ai trois restaurants à gérer; je n’ai pas le temps de faire de la politique
, tranche-t-il.