Près d’un an après la première fermeture des salles à manger en raison des mesures sanitaires, le festival Montréal en lumière tente d’attirer l’attention des cuisinomanes de la ville avec du prêt à emporter. La formule, qui permet à plusieurs restaurants de vivoter depuis mars dernier, n’a pas encore montré tout ce qu’elle avait dans le ventre, promet le festival.
On a voulu tenir une 22e édition coûte que coûte, souligne la chargée de projet à la programmation gastronomique du festival, Julie Martel. On aurait pu la mettre entre parenthèses, passer notre tour, mais plus que jamais, la mission de Montréal en lumière est pertinente : il s’agit de souligner le travail des restos et des hôtels pendant une période ou le centre-ville est tranquille, même en temps normal.
Le festival, qui se déroule cette année du 4 au 28 mars, proposera donc des boîtes repas, des cours de cuisine, notamment par le chef du Pastel, Yoann Van Den Berg.
De grands noms de la restauration montréalaise seront de la partie, dont Jérôme Ferrer, le Trifecta, le Manitoba, le Mousso, l’Auberge Saint-Gabriel, la Chronique, l’État Major et le Virunga. Ces restaurants proposent des menus spéciaux, spécifiquement créés pour Montréal en lumière, ce qui ajoutera au côté exclusif de l’événement, affirme Mme Martel.
« On s’ennuie du restaurant comme espace social. Oui, il y a une fatigue, mais c’est une belle occasion d’explorer les nouveaux menus. »
Organiser le festival n’aura pas été de tout repos. On est passés par toutes sortes de scénarios. Je prépare la programmation depuis 2020. Durant cette période, les salles à manger ont fermé, ouvert, refermé
, raconte Julie Martel.
On a aussi vu la naissance du mouvement #jadoremonresto, qui visait à faire la promotion des établissements culinaires toujours ouverts. Montréal en lumière a finalement décidé de se focaliser sur le prêt à emporter, mais d’y ajouter sa touche.
Notamment, le festival voulait des établissements avec une offre de restauration complète et qui mettent en valeur les produits québécois. Mme Martel donne l’exemple de Chez Sophie, dont la chef, Sophie Tabet, s’est donné le défi de travailler le thé du labrador en l'intégrant dans chacun de [s]es plats, de l'associer avec des légumes et des protéines
.
Un des concepts proposés est le wine pairing battle (compétition d'accords mets-vins) : deux sommeliers de deux agences différentes concocteront des accords mets-vins pour un menu spécial du restaurant Manitoba. Le public a la possibilité de commander le repas, d’assister en direct à la compétition et de voter pour en décider l'issue.
L’autre versant du festival propose des webséries : on pourra donc voir le processus de création d’un nouveau plat, en apprendre plus sur les vins et les spiritueux ou s'asseoir à une table avec des personnalités comme Fouki, Rosalie Vaillancourt, Mathieu Dufour ou Martha Wainwright.
Couette et fourchette
Montréal en lumière propose aussi de jumeler des restaurants et des hôtels. J’ai vu que le Germain offrait déjà des formats gastronomiques, raconte Julie Martel. J’ai contacté Eve Paré, la présidente de l'Association des hôtels du Grand Montréal, je lui ai parlé de cette idée, et elle a contacté ses membres.
Sont donc nés 15 forfaits qui solidarisent ces deux secteurs éprouvés de l’économie montréalaise. Parmi les propositions, on trouve notamment l’hôtel DoubleTree, de Hilton Montreal, qui est jumelé à l’équipe de Menu Extra. Beaucoup d’hôtels proposent aussi les plats de leur propre restaurant.
La programmation complète est accessible dès maintenant sur le site de Montréal en lumière(Nouvelle fenêtre). Je suis fascinée et touchée par le fait que, malgré tout ce qui se passe, les restaurateurs sont créatifs et motivés, et ils sont inspirants, affirme Mme Martel. Et d’un autre côté, j’ai confiance en l'appétit insatiable des Québécois!