Un premier faux miel voit le jour au Canada : bumble bloom, un sucre semi-liquide à la fois incisif et acidulé destiné aux véganes.
Contrairement à la croyance populaire, le miel n’entre pas dans le « cercle vertueux » des aliments certifiés véganes. Motivés par le désir de parler à ceux qui, comme eux, peinent à s’alimenter selon leurs convictions, les créateurs de bumble bloom, Frédéric Boucher et Géraldine L’Hour, proposent un produit délicieusement sucré qui répond aux plus hauts standards de l’industrie de l’alimentation.
Le couple Frédéric Boucher et Géraldine L’Hour ont passé les six derniers mois à mettre au point un sucre dont le goût et la texture ressemblent presque à un miel de terroir. C’est pour eux le tout dernier produit qui manquait afin de boucler la boucle de leurs convictions alimentaires. Comme il était absent du commerce, ils ont alors décidé de le créer.
« Le miel, c’est la nourriture des abeilles », souligne Frédéric. « Non seulement on prend leur nourriture, mais elle est industrialisée au maximum. Il n’y a rien de bon là-dedans. Alors, je trouvais ça intéressant d’offrir un produit qui complète la boucle du cercle vertueux du véganisme », poursuit celui qui montre du doigt les grands industriels « déguisés en nounours liquides » afin d’embellir leur image.
« Lorsque tu essaies de réduire ta consommation de viande, de sous-produits animaux et d’aliments issus d’une exploitation industrielle, et que tu parviens à mettre la main sur des produits goûteux qui te procurent du plaisir, ça aide énormément. »
Hardcore végane
Frédéric, qui adopte un style de vie végane depuis les six dernières années, flirte avec la diète végétalienne depuis l’âge de 18 ans. « À ce moment-là [au début des années 2000], j’ai eu vraiment beaucoup de difficulté à me nourrir de manière végétale à Québec », se remémore-t-il. « Je l’ai fait pendant deux ans, puis j’ai arrêté. Je suis resté majoritairement végétarien par la suite. »
En 2014, le livre Meat is for pussies de John Joseph l’a motivé à éliminer de sa diète toutes formes de produit animal et autres aliments issus de l’exploitation agricole de masse afin d’adopter un mode de vie 100 % végane. Joseph est le chanteur de Cro-Mags, un groupe de punk rock new-yorkais que Frédéric écoutait assidument à l’époque.
« Le livre m’a poussé à me questionner encore plus sur mes habitudes de vie », confie-t-il. C’est là que ma copine et moi avons fait la transition. C’est tombé en même temps que la parution de plusieurs documentaires sur le sujet. C’était un perfect storm pour faire le changement de notre style de vie et de notre alimentation ». Leur chien Django est aussi végétalien depuis deux ans!
Le couple a par la suite constaté un bouleversement de l’offre de protéines végétales dans le paysage agroalimentaire mondial. « Ça devenait de plus en plus facile de mettre la main sur des protéines végétales avec du goût », souligne l’entrepreneur. C’est d’ailleurs ce qui a motivé Frédéric à se joindre à l’entreprise Gusta en 2016, une fabrique de produits véganes située à Montréal, qui propose des fromages végétaux et des saucisses végétales.
Pendant trois ans, il a occupé le poste de directeur des ventes et marketing et vu le chiffre d’affaires de l’entreprise passé de 400 000 $ à 2 millions en moins de deux ans, une croissance immense pour une start-up qui célèbre aujourd’hui son 5e anniversaire.
Passionné par un désir de mettre son grain de sel dans l’offre de cette industrie qui révolutionne l’assiette des mangeurs, il fait le saut en affaires avec sa conjointe et crée bumble bloom, une alternative au miel commercialisée depuis le début de la semaine.
Sucre sale?
Malgré que la liste d’ingrédients utilisés dans l’élaboration du produit soit courte, je constate avec un point d’interrogation dans les sourcils l’utilisation de sucre de canne : une monoculture qui a un impact des plus dévastateurs sur la planète! Frédéric se fait rapidement rassurant en soulignant que tous sont biologiques et issus d’un commerce équitable.
Selon lui, bumble bloom répond aux plus hauts standards de certification de l’industrie alimentaire. L’entrepreneur assure que tout le monde impliqué dans l’approvisionnement des ingrédients est rémunéré de façon juste et équitable. En d'autres mots, il n’y a pas d’exploitation de qui ou de quoi que ce soit dans l’élaboration de ce produit.
« Il n’y a pas de sucre sale là-dedans », accentue fièrement l’homme d’affaires. « Pas question d’avoir une trace de pesticide non plus. C’est pour ça qu’il fallait que le produit soit bio. Le vegan hardcore va être super content de voir enfin ce produit sur les tablettes, mais monsieur/madame tout le monde va aussi avoir du plaisir avec des saveurs familières qui rappellent le miel, mais plus écoresponsable. » C’est là où j’aurai besoin d’être convaincue : par la bouche.
Transformés dans la région de Québec, trois parfums sont pour le moment commercialisés : classique, cannelle et gingembre. Des arômes qui font voyager en Inde, en Thaïlande et dans tout le Sud-est de l’Asie. Ce sont inévitablement des saveurs choisies afin de célébrer le soya, dont le tofu et le tempeh, qui sont omniprésents dans les habitudes alimentaires des mangeurs de ces régions du monde.
Ce sont des saveurs que recherchent les gens un peu plus versés dans l’utilisation de protéines végétales. Le bumble bloom se colle à merveille à ces protéines végétales sans saveur. Ma dent sucrée l’imagine tout aussi facilement dans l’élaboration de granola, baklava, et cetera.
On ne se fera toutefois pas de cachettes : le miel, c’est inimitable. Tout comme la viande et le fromage. Toutefois, il existe de plus en plus d’alternatives qui visent à imiter leurs goûts, leurs saveurs et leurs textures dans le but de réduire l’exploitation agricole de masse et éliminer de l’équation l’utilisation d’animaux et leurs sous-produits. Et de ça, je ne peux que me réjouir, car l’agriculture de masse pèse lourd sur les épaules de Dame Nature. Frédéric et Géraldine sont d’avis que c’est en offrant des options délicieuses, santé et biologiques que les consommateurs vont changer positivement leurs habitudes alimentaires.
Quant au nom anglophone, Frédéric répond qu’ils veulent vendre rapidement hors Québec et rejoindre le plus grand nombre de gens et pour ça, ça prend un nom anglophone, croit l’homme d’affaires. « Un peu comme Loop, Rise, The Unscented Company, etc ». souligne-t-il.