Pour une 15e année, le p'tit vélo en bonbons fait son apparition dans la vitrine du magasin C'est si bon, rue Saint-Jean.
Cette œuvre fort attendue des résidents du Vieux-Québec annonce le début de la saison touristique. Mais pour le propriétaire de la confiserie, c'est d'abord un hommage à son enfance.
« Mes parents étaient trop pauvres pour nous acheter des bonbons, se souvient en souriant Réjean Turcotte, le propriétaire de C’est si bon. Je parle à mon cœur d’enfant avec mon commerce et la vitrine est ce qui le représente le mieux aux yeux des passants. »
Situé en plein cœur du quartier touristique du Vieux-Québec, ce commerce pilier de la rue Saint-Jean célébrera son 29e anniversaire ce mois-ci.
« Après le Château Frontenac, je pense que c’est le p’tit vélo en bonbons qu'on photographie le plus à Québec. »
Une œuvre éphémère
Éphémère et non comestible, le p’tit vélo en bonbons est l’œuvre centrale de la vitrine estivale. La création est signée Annie Frenette. Étalagiste de formation, elle a créé des vitrines pour des grandes chaînes comme celle des magasins La Baie.
Réjean Turcotte a fait appel à ses services dans sa boutique au début des années 2000.
« Avant le vélo, on faisait des paysages en bonbons, des champs de fraises, des chemins, des montagnes en noix, etc., raconte Mme Frenette. Un jour, je me suis dit que ce serait drôle de prendre un vélo pour enfant et le recouvrir de bonbons. »
« Le vélo rappelle l’enfance, les bonbons c’est gourmand et ça donne un résultat vraiment coloré qui attire le regard. »
« Maintenant, les gens s’impatientent chaque année, car ils ont hâte de voir le p’tit vélo en bonbons », affirme la créatrice.
Un vélo minutieusement assemblé
Annie consacre 30 heures de travail en raison de 4 heures par jour à recouvrir la figure maîtresse de la vitrine estivale du magasin de bonbons.
À l’aide d’un fusil à colle chaude, elle utilise des grenouilles blanches et vertes à la saveur de pomme, des mûres suédoises en forme de framboise, des Runts de couleur jaune et rouge. Bref, plus de 5 kilos de bonbons de 20 variétés différentes.
« Je débute par le siège, ensuite je laisse le bonbon me guider, explique-t-elle. C’est comme de la méditation, tu le fais sans trop y penser. Le défi est que ça fitte sans faire une pizza de bonbons. »
Au-delà de l’apparence, la chaleur et l’exposition au soleil préoccupent surtout l’artiste.
« Le soleil fait pâlir la couleur du bonbon, explique-t-elle sur un ton plus sérieux. Les pires bonbons sont les réglisses, car ça fond avec la chaleur, ça perd sa forme et ce n’est pas attirant, sauf pour les insectes friands de sucre. »
À la fin de l’été, le p’tit vélo est jeté à la poubelle.
« Il y aurait moyen de le faire comestible et coller les bonbons avec une sorte de caramel, avoue Annie. À ce moment-là, on pourrait le vendre ou l’offrir, mais ça coûterait beaucoup trop cher à produire. »