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Nouvelle olympique

Chronique

Match pour la médaille d’or : sur papier, les Canadiennes sont favorites

Les joueuses se félicitent.

Les hockeyeuses canadiennes ont remporté facilement leur demi-finale contre les Suisses.

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

Steak, blé d’Inde, patates. Les hockeyeuses américaines ont offert un style de jeu simple et presque aussi prévisible que la mort et les impôts depuis le début du tournoi olympique. De leur côté, les Canadiennes ont constamment généré d’incroyables feux d’artifice. Tout est en place pour un match de la médaille d’or qui, en apparence, semble clairement favoriser le Canada.

Avant d’aller plus loin, une petite précision d’ordre technique : cette chronique a été rédigée en utilisant principalement des notes et données extraites des matchs que les deux équipes ont disputés face aux formations du groupe A. Ce groupe réunissait les cinq premières équipes mondiales. Les matchs des quarts de finale, qui opposaient le Canada et les États-Unis à des adversaires nettement plus faibles, ont donc été écartés.


Très tôt dans le tournoi des Jeux de Pékin, les Canadiennes se sont mises à servir de sévères raclées à leurs adversaires. Au point où de nombreux observateurs ont eu l’impression que le hockey féminin avait reculé.

À Sotchi et à Pyeongchang, on croyait que ce sport avait atteint une certaine maturité. Tous les matchs des Canadiennes ou des Américaines s’étaient d’ailleurs soldés par des pointages relativement serrés.

À Pékin, les Canadiennes ont remporté trois victoires avec des différences de 10 buts et plus. Une telle chose n’était jamais survenue aux Jeux olympiques dans le passé. Sans compter le fait que leur demi-finale, une victoire de 10-3 contre les Suisses, s’est avérée la deuxième de l’histoire du volet féminin pour l'écart de buts.

Or, les statistiques révèlent que les pointages des matchs des autres pays, dont les États-Unis, sont restés assez semblables à ce qu’on avait vu aux Jeux de 2014 et de 2018. On peut donc arguer que, jusqu’à présent, c’est le Canada qui s’est avéré hors-norme dans le présent tournoi.

Au début des Jeux, plusieurs observateurs – j’en étais – se disaient impressionnés par la structure de jeu et le niveau d’exécution, tant collectif qu’individuel, atteint par les joueuses du Canada. Les résultats mentionnés plus haut semblent simplement confirmer ces évaluations.


À l'attaque, les Canadiennes et les Américaines ne sont pas dans la même ligue. Face aux équipes du groupe A, le Canada a généré 140 chances de marquer de qualité contre 100 pour les Américaines. Sur cinq matchs, c’est une différence énorme.

Au chapitre des buts marqués, la différence est encore plus frappante : le pointage est 54 à 28 pour le Canada.

Quand on jette un coup d’œil aux principaux moteurs offensifs des deux équipes, la profondeur de la formation canadienne fait peur. Les buts sont susceptibles de venir de partout :

  • Sarah Fillier (16 chances de qualité),
  • Rebecca Johnston (15 chances),
  • Sarah Nurse (14 chances),
  • Brianne Jenner (13 chances),
  • Blayre Turnbull (13 chances),
  • Jamie Lee Rattray (12 chances),
  • Nathalie Spooner (10 chances).

Les plus fins observateurs noteront que le nom de Marie-Philip Poulin n’apparaît pas sur cette liste. Avec 9 chances de qualité, la capitaine apparaît à égalité au septième rang avec sa coéquipière Laura Stacey.

Elle compte un but.

L'attaquante Sarah Fillier, de l'équipe canadienne de hockey

Photo : La Presse canadienne / Andrew Lahodynskyj

Du côté américain, la menace est beaucoup plus ciblée et ténue :

  • Hilary Knight (13 chances de qualité),
  • Kendall Coyne Schofield (13 chances),
  • Alex Carpenter (12 chances),
  • Jesse Compher (7 chances),
  • Grace Zumwinkle (7 chances),
  • Amanda Kessel (6 chances).

En ce qui a trait à la mobilité, à la rapidité des transitions et à la capacité de tirer la rondelle avec autorité, la différence de niveau technique entre les Canadiennes et les Américaines est importante.

On a vu plusieurs Canadiennes battre des gardiennes de tirs appuyés depuis la portion supérieure de l’enclave ou du cercle des mises au jeu. Cette capacité de lancer aussi efficacement accroît leur zone offensive payante ainsi que leurs possibilités de faire circuler la rondelle.

De leur côté, et c’est frappant, les Américaines doivent généralement se camper en zone adverse (ce qu’elles font très bien) pour marquer des buts. Une fois installées, elles tentent de repérer une coéquipière postée à proximité du filet ou de créer des surnombres autour du demi-cercle de la gardienne pour récupérer les rondelles libres.

C’est pourquoi l’expression steak, blé d’Inde, patates décrit si bien leur style.


Vous lisez ça et vous vous demandez sans doute pourquoi les Américaines ont dominé (malgré leur défaite de 4-2) leur match du tour préliminaire face au Canada.

Dans cette fameuse rencontre, les États-Unis avaient d’ailleurs eu le dessus 16 à 9 au chapitre des chances de marquer de qualité. C’était le brio de la gardienne canadienne Ann-Renée Desbiens, littéralement bombardée en début de rencontre, et la capacité des attaquantes du Canada à profiter de leurs chances qui ont changé la donne.

Une joueuse de hockey en blanc et rouge marque un but face à une gardienne en bleu.

Marie-Philip Poulin a marqué un but sur tir de pénalité lors du premier match entre le Canada et les États-Unis.

Photo : Getty Images / Anthony Wallace / AFP

La réponse à cette question est que les Américaines jouent toujours de la même façon et que leur style, bien que moins dynamique, est taillé sur mesure pour les guerres de tranchées.

Pour leur part, les Canadiennes doivent modifier leur approche lorsqu’elles les affrontent.

L’échec avant intense des Américaines les force à commettre des revirements. Elles doivent constamment se battre dans leur zone pour mettre fin aux longues occupations ennemies. Leurs transitions sont moins efficaces parce que la zone neutre est plus congestionnée. Et leurs défenseuses ne peuvent plus s’aventurer profondément en zone offensive sans risquer d’en payer le prix.

Face aux Américaines, il n’est pas facile de faire des feux d’artifice. Les Canadiennes ont moins d’occasions d’exploiter leur vitesse et elles doivent profiter des rares chances de marquer qui s’offrent à elles.


Au fil des ans, les finales olympiques opposant les États-Unis ont toujours été extrêmement serrées :

  • 3-1 en faveur des Américaines en 1998;
  • 3-2 pour le Canada en 2002;
  • Victoire de 2-0 du Canada en 2010;
  • Victoire de 3-2 des Canadiennes en 2014;
  • Et un verdict de 3-2 (après les tirs de barrage) au profit des Américaines en 2018.

Encore une fois, les gardiennes auront un rôle crucial à jouer dans cette finale des Jeux de Pékin.

Encore là, même si Ann-Renée Desbiens n’a pas bien paru en demi-finale contre la Suisse, je concède un avantage aux Canadiennes à cette position clé.

Desbiens a été nettement établie comme la gardienne numéro un du Canada en début de tournoi et elle a connu un parcours presque sans faute.

De son côté, Alex Cavallini a obtenu la confiance de l’entraîneur Joel Johnson sur le tard. Et elle n’a pas fait face à une attaque aussi redoutable que celle du Canada depuis longtemps.

Sur papier, le Canada doit donc être considéré comme favori à quelques heures de cette finale.