Depuis 2004, en collaboration avec CBC et Radio-Canada, le Centre du livre jeunesse canadien et le Groupe Banque TD désignent, parmi cinq finalistes, le livre qu'ils considèrent comme la meilleure œuvre canadienne de langue française selon la qualité du texte et des illustrations.
Voici les finalistes de 2019 et le livre gagnant.
Un texte de Ève Christian
Titre : Qui va bercer Zoé?
Autrice : Andrée Poulin
Illustrateur : Mathieu Lampron
Éditions : Les 400 coups
Pour les enfants à partir de : 6 ans
Résumé : Méo Lebel ne trouve plus de sens à sa vie depuis que sa femme est décédée. Sa voisine, Claudine, essaie d’alléger son quotidien de différentes façons, qui ne sont pas très efficaces. Elle tente le tout pour le tout en entraînant le vieil homme à la pouponnière de l’hôpital, où elle est infirmière, avec l’idée de lui donner une mission particulière : bercer Zoé, un poupon né prématurément.
Mon avis : C’est une histoire touchante qui fera du bien aux lectrices et lecteurs de tous âges, même si elle est écrite pour les enfants. D’ailleurs, on pourrait s’inspirer de cette idée dans la réalité, car je suis certaine que la relation personne aînée-bébé naissant peut fonctionner. Une mention pour l’illustrateur qui colore, selon leur état d’âme, ses personnages teintés de gris.
Titre : Anatole qui ne séchait jamais
Autrice : Stéphanie Boulay
Illustratrice : Agathe Bray-Bourret
Éditions : Fonfon
Pour les enfants à partir de : 6 ans
Résumé : Un garçonnet ne cesse de pleurer, jour après jour, au grand désespoir de son père et de sa grande sœur, qui le questionnent afin de savoir pourquoi il pleure ainsi, mais le petit ne le sait pas. La fillette fait tout son possible pour en trouver la raison.
Mon avis : C’est une façon adroite d’aborder le mal-être d’un jeune enfant. Plusieurs préjugés tombent, et l’on est loin des personnages parfaits et idéaux. La petite fille, rondelette, fait l’objet de moqueries à l’école; son père lui fait réaliser que l’important, c’est qu’elle soit bien dans sa peau. Il comprend aussi que son petit garçon est différent, et il l’accepte. L’important, c’est le bonheur de ses enfants, et ça transparaît au fil de l’histoire. C’est un texte qui sort de l’ordinaire avec des illustrations complémentaires. Voilà une belle histoire de solidarité familiale dont les thématiques sont la quête identitaire et l’acceptation des différences.
Titre : Jules et Jim frères d’armes
Auteur : Jacques Goldstyn (textes et illustrations)
Éditions : Bayard Canada
Pour les enfants à partir de : 7 ans
Résumé : Jim a toujours été plus rapide que son ami Jules. Il était plus fort, apprenait plus vite et était ponctuel, contrairement à Jules, qui était souvent en retard de deux minutes. Ces meilleurs amis du monde depuis le berceau s’engagent dans l’armée pour la Grande Guerre, celle de 1914 à 1918; même là, Jim continue de protéger Jules. À l’armistice du 11 novembre 1918, ils espéraient revenir ensemble au pays, mais deux petites minutes ont changé le destin de Jim.
Mon avis : Un livre parfait pour parler de l’Armistice aux enfants. Une forte histoire d’amitié exprimée autant par des mots que par des illustrations aux traits noirs qui semblent recouverts d’aquarelle. C’est du vrai Goldstyn, connu des jeunes de plusieurs générations, puisqu’il est le bédéiste des Débrouillards depuis 30 ans. La conclusion surprend.
Titre : Nos héroïnes
Autrice : Anaïs Barbeau-Lavalette
Illustratrice : Mathilde Cinq-Mars
Éditions : Marchand de feuilles
Pour les enfants à partir de : 9 ans
Résumé : Une quarantaine de récits de femmes qui ont joué un rôle marquant dans divers domaines. Par exemple, Marie Rollet, première femme à s’installer en Nouvelle-France, Thérèse Forget-Casgrain, initiatrice du droit de vote pour les femmes, Irma Levasseur, première femme médecin canadienne-française, Mary Two-Axe Early, Iroquoise fondatrice de l’Association des femmes autochtones et qui a fait adopter la loi qui leur redonne leur statut d’Indiens… On présente aussi le rôle des Filles du roi et des femmes du manifeste Refus global.
Mon avis : À mon sens, ce livre est nécessaire, car il représente un devoir de mémoire. On connaît certaines de ces femmes, mais on en découvre plusieurs. Des femmes de tête, qui ont défoncé des portes, la plupart n’étant ouvertes qu’aux hommes. De beaux modèles d’inspiration pour les filles comme pour les garçons. Des histoires qui se dévorent d’une traite par les plus grands et les plus grandes, ou qu’on lit, une par soir, aux enfants avant d’aller au lit. Un bel ouvrage autant par le texte que par les illustrations qui le complètent à merveille.
Titre : Moi, c’est tantale
Auteur : André Marois
Illustrateur : Julien Castanié
Éditions : Isatis
Pour les enfants à partir de : 11 ans
Résumé : Le tantale, élément chimique numéro 73, raconte sa ligne de vie à partir de son extraction d’une mine au Congo par Norbert, un enfant, en passant par son intégration dans des circuits électriques par Wang, l’ado chinois. Il se retrouve ensuite en ville, dans le cellulaire d’étudiants comme Thomas et Camille, et finit son périple en Chine, dans les mains de la jeune Lian, qui trie les composants des appareils afin de conserver les matières recyclables… mais pas le tantale.
Mon avis : Raconter l’épopée du tantale par lui-même, à la première personne, est une idée intéressante pour expliquer un sujet scientifique, en soi ardu. Ce livre écologique permet de découvrir le travail des enfants, malheureusement sous-payé, et un métal gris-bleu non recyclable. Une prise de conscience intéressante concernant des objets utilisés au quotidien.
Et le livre gagnant est :
Anatole qui ne séchait jamais, Éditions Fonfon
Sylvie Demers, présidente, Direction du Québec, Groupe Banque TD, Stéphanie Boulay, autrice, et Agathe Bray Bourret, illustratrice Photo : Michel Gingras (Graphe Studio) Stéphanie Boulay, autrice, et Agathe Bray‑Bourret, illustratrice, ont reçu l’importante distinction du Prix TD de littérature canadienne pour l’enfance et la jeunesse pour leur livre Anatole qui ne séchait jamais. Elles se partagent une bourse de 50 000 $, à laquelle s’ajoute un prix de 5000 $ parce que leur livre est aussi le choix du public, attribué par les votes de jeunes lecteurs et lectrices.
Un prix de 10 000 $ est divisé entre les quatre autres finalistes.