
10 000+ jours sans eau potable à Neskantaga
Publié le 24 juin 2022
Un texte de Félicia Latour
Pas d’eau propre depuis 1995
Ça fait plus de 27 ans et 4 mois que la communauté autochtone de Neskantaga (Nouvelle fenêtre) dans le Nord de l’Ontario n’a pas d’eau potable. Ça veut dire qu’une génération entière a grandi sans pouvoir boire l’eau des robinets sans risquer sa santé.
C’est quoi, un avis d’ébullition?
C’est quand une autorité comme le gouvernement conseille de faire bouillir l'eau avant de la consommer. La température élevée est censée éliminer tous les microorganismes (petites bactéries) qui pourraient rendre les gens malades.
Pourquoi l’eau n’est-elle pas potable?
L’eau peut être contaminée par des bactéries, mais aussi par des produits nocifs tels que l’huile ou des métaux lourds. Ça peut se produire pour plusieurs raisons : un défaut d'équipement, des bris de tuyaux ou un manque de produits désinfectants dans le système d'aqueduc.
Quels en sont les effets?
Imagine ne pas être capable d’utiliser l’eau du robinet pour boire, te brosser les dents, même rincer tes fruits et légumes! On doit faire bouillir l’eau, utiliser de l’eau en bouteille ou aller chercher de l’eau potable et la transporter dans des bidons.
Juste à Nestankaga?
Dans tout le pays, ça arrive souvent qu'il y ait des avis d'ébullition pour une courte période (à court terme). Mais dans 29 communautés autochtones, ces avis sont en vigueur longtemps (à long terme), parfois même des années. 21 des communautés affectées sont en Ontario.
Un fossé dans l'accès à l'eau potable
Il existe des inégalités chez certaines communautés autochtones pour plusieurs raisons : elles sont isolées parce qu’elles sont situées très loin, leurs infrastructures de traitement de l’eau sont quasi inexistantes, elles n’ont pas reçu l’argent suffisant pour résoudre le problème.
Mais qui s’occupe du problème?
C’est compliqué. Le gouvernement canadien doit fournir des services aux Premières Nations, mais ce sont les provinces qui gèrent les ressources en eau. La responsabilité est aussi partagée entre plusieurs agences gouvernementales liées à la santé et à l’environnement, sans oublier les communautés elles-mêmes.
Y a-t-il eu des progrès?
Quand il a été élu, le chef du Parti libéral Justin Trudeau a promis d'éliminer tous les avis d'ébullition à long terme dans les communautés autochtones avant 2021. Alors que 132 avis ont été levés depuis 2015, il en reste toujours 29. De nombreuses personnes se disent traumatisées par le fait de vivre sans eau potable. Patty Hadju, la ministre fédérale des Services aux Autochtones, dit espérer que le gouvernement parviendra à fournir de l’eau potable à tout le monde d’ici 2025.