En cartes, voici où s'est jouée l'élection
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Une vague caquiste a déferlé presque partout au Québec, laissant peu de place aux partis d’opposition. En 10 ans, le parti de François Legault aura réussi à modifier significativement le portrait électoral de la province. Survol région par région.
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La Coalition avenir Québec (CAQ) a remporté 72 % des 125 circonscriptions, lui permettant d’envoyer 90 députés siéger à l’Assemblée nationale. Le Parti libéral du Québec (PLQ) a terminé deuxième avec 21 sièges, suivi par Québec solidaire (QS) avec 11 sièges. En ne remportant que 3 sièges, le Parti québécois (PQ) disparaît presque complètement de l’espace politique. Avec un nouveau chef à sa tête, le Parti conservateur du Québec (PCQ) espérait faire élire plusieurs députés, mais il n’a pas réussi son pari.
La CAQ se retrouve donc avec 14 sièges de plus qu’à la dissolution de l’Assemblée nationale. Le parti de François Legault n’a perdu qu’un siège, soit celui de Camille-Laurin. Alors que le PLQ a perdu 6 circonscriptions, le PQ en a perdu 4 et QS en remporte une de plus. S’il y avait 4 députés indépendants au déclenchement des élections – en raison de démissions et de députés qui ont changé de parti –, aucun indépendant n’a été élu.
La dernière fois qu’un parti a remporté plus de 90 sièges remonte aux années 80. Les libéraux de Robert Bourassa avaient remporté 99 sièges en 1985, puis 92 en 1989.
Le PLQ et le PQ ont tous deux atteint un niveau historiquement bas d’élus.
En 2018, 1,5 million de Québécois avaient voté pour le parti de François Legault. Cette fois, près de 1,68 million de Québécois lui ont accordé leur vote, soit 41 % des voix. Si le PCQ n’a pas réussi à faire élire un député, le parti a néanmoins obtenu pratiquement le même nombre de votes que le PLQ, QS et le PQ. En fait, le PCQ a terminé deuxième dans 25 circonscriptions, et dans 6 d’entre elles, il a remporté plus de 30 % des voix. Le PQ a terminé deuxième dans 44 circonscriptions, mais a remporté plus de 30 % des voix dans seulement 3 circonscriptions.
Ces résultats raniment le débat entourant la réforme du mode de scrutin proportionnel.
Montréal de plus en plus orange
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La CAQ est toujours boudée par les électeurs montréalais. En fait, même si le parti a remporté une forte majorité dans l’ensemble de la province, seules deux circonscriptions de la métropole auront une députée caquiste (Pointe-aux-Trembles et Anjou–Louis-Riel).
Le chef du PQ, Paul St-Pierre-Plamondon, a repris la circonscription de Camille-Laurin (anciennement Bourget) des mains des caquistes et fera ainsi son entrée à l’Assemblée nationale.
QS continue sa percée à l’est du boulevard Saint-Laurent, en remportant la circonscription de Maurice-Richard. Le parti a également mis la main sur la circonscription de Verdun, dans le sud de la métropole, qui était détenue par les libéraux depuis la fin des années 30. La solidaire Alejandra Zaga Mendez a gagné avec moins de 500 voix d’avance.
Tandis que l’est de la ville devient de plus en plus orange, l’Ouest-de-l’Île de Montréal demeure un bastion libéral. La cheffe Dominique Anglade a remporté la circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne, mais avec le plus bas taux (36 %) depuis 1994.
On observe d’ailleurs que la proportion des votes pour le PLQ dans ces bastions libéraux à Montréal a diminué de plus de 10 %.
La CAQ consolide son emprise autour de Montréal
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À Laval, la situation est à l'inverse de 2018. La Coalition avenir Québec est passée d’un à quatre députés. Le PLQ conserve seulement Chomedey et Mille-Îles.
La CAQ a également pris le dessus sur la Montérégie. Le PLQ ne détient plus que deux sièges dans cette région, soit Vaudreuil et La Pinière. Vaudreuil a été remportée par les libéraux par seulement quelques voix devant la CAQ. La lutte a aussi été chaude dans Laporte, où la CAQ a ravi ce bastion libéral depuis 1981.
Le Parti québécois a par ailleurs perdu Joliette, sa seule circonscription située près de la grande région de Montréal. François St-Louis de la CAQ prend donc la place de la péquiste Véronique Hivon, qui a annoncé avant les élections qu’elle ne se représentait pas.
QS résiste à Québec, le PCQ rate sa percée en Beauce
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Dans la Capitale-Nationale, Québec solidaire a réussi à conserver ses deux circonscriptions (Taschereau et Jean-Lesage), qui demeurent complètement encerclées par la CAQ.
L'ex-chef d'Option nationale Sol Zanetti, qui s'est joint à QS en 2017, a ainsi résisté à l’assaut caquiste. Étienne Grandmont reprend le siège solidaire de Catherine Dorion, qui a choisi de ne pas se représenter.
Dans Chauveau, le chef conservateur Éric Duhaime n’a pas réussi à déloger le député caquiste Sylvain Lévesque. Il a tout de même remporté plus de 30 % des voix dans cette circonscription, qui n’est acquise à aucun parti. Depuis les années 2000, elle a porté au pouvoir des députés tant du PLQ, du PQ, de l’ADQ que de la CAQ. Dans 14 circonscriptions de cette région, le PCQ a terminé en deuxième position.
La CAQ conserve la circonscription de Jean-Talon, qu’elle avait ravi aux libéraux lors d’une élection partielle en décembre 2019.
Les circonscriptions de Beauce-Sud et de Beauce-Nord, qui étaient pressenties pour faire partie des premières à basculer dans le camp du PCQ, ont finalement choisi la CAQ.
La lutte a notamment été très serrée dans Beauce-Nord, où le candidat conservateur a fini deuxième avec 43,4 % des votes, derrière le candidat caquiste, qui a remporté 44,5 % des voix. Environ 200 voix séparaient les deux candidats. Le conservateur défait a exigé un recomptage tard en soirée. Le PCQ a fini deuxième dans plusieurs circonscriptions gravitant autour de la Beauce, notamment dans Lotbinière-Frontenac, Bellechasse, Arthabaska, Drummond–Bois-Franc et Mégantic.
Le PQ conserve quelques acquis dans l’Est-du-Québec
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Les Îles-de-la-Madeleine et Matane-Matapédia sont les deux seules circonscriptions remportées par le PQ, outre la circonscription du chef, à Montréal. Matane a voté à près de 70 % pour le PQ, tandis que 46 % des Madelinots ont voté pour le Parti québécois. Les Îles-de-la-Madeleine alternent entre le PQ et le PLQ depuis 2007.
La circonscription de Sylvain Roy (Bonaventure), qui a terminé son mandat comme député indépendant après avoir quitté le caucus du PQ en juin 2021, est facilement passée aux mains de la CAQ.
QS garde un pied en Estrie
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En Estrie, malgré une lutte serrée, l'ex-mairesse de Longueuil Caroline Saint-Hilaire (CAQ) n’a pas réussi à déloger la députée sortante Christine Labrie (QS) dans Sherbrooke.
Détenue par le libéral Jean Charest de 1998 à 2012, cette circonscription a changé de main trois fois lors des trois dernières élections.
Dans Saint-François, à Magog, à Richmond, à Brome-Missisquoi et à Granby, QS a terminé en deuxième position, remportant entre 15 % et 30 % des voix.
QS perd Rouyn-Noranda
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La solidaire Émilise Lessard-Therrien, députée sortante de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, en Abitibi, a perdu son siège, qu’elle avait gagné de justesse en 2018. C'est le caquiste Daniel Bernard qui la remplacera.
En Abitibi-Est et à Gatineau, c’est le Parti libéral qui a terminé deuxième, mais très loin derrière la CAQ.
La circonscription de Pontiac, qui est un bastion libéral depuis les années 1970, a de nouveau élu un député du PLQ.
De 1998 à 2022 : une carte électorale en mouvement
Depuis 1994, la carte du Québec a connu d’importants changements. En 25 ans, trois partis – le PQ, le PLQ et la CAQ – ont été portés tour à tour au pouvoir et ont chacun dominé le paysage électoral québécois.
En 2007, l’ADQ est devenue l’opposition officielle en remportant 41 sièges. Deux élections plus tard, ce parti n’est plus représenté à l’Assemblée nationale. Voilà qu’en 2022, le PQ et le PLQ ont eux aussi pratiquement disparu de la plupart des régions du Québec.
Depuis qu’il a remporté la première circonscription pour la CAQ en 2008, François Legault a réussi à convaincre de plus en plus de Québécois de voter pour son parti.
1998

2003

2007

2008

2012

2014

2018

2022

Depuis 2012, la CAQ récolte de plus en plus de voix
Depuis la première élection à laquelle la CAQ a participé, soit 2012, le parti a non seulement remporté de plus en plus de sièges, mais a consolidé sa position dans de nombreuses circonscriptions. Lors de sa première élection, près de 27 % des Québécois ont voté pour la CAQ. En 2022, c’est 41 %.
2012

2014

2018

2022

En 2012, seulement une poignée de circonscriptions avaient voté à plus de 50 % pour la CAQ.
En 2018, c’était 23 circonscriptions, et en 2022, 33 des 90 circonscriptions remportées par la CAQ avaient voté à plus de 50 %.
En 2022, la CAQ a remporté 79 circonscriptions avec plus de 40 % des voix.
Depuis 2012, le PQ poursuit son déclin
En 1998, soit quatre ans après le deuxième référendum sur la souveraineté, le Parti québécois était largement majoritaire, avec plus de 70 sièges. Lucien Bouchard était alors à la tête du parti.
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Si le PQ a réussi à reprendre sa place après le passage de l’ADQ en 2007 et 2008, et à faire élire un gouvernement minoritaire en 2012, le parti a commencé à perdre des plumes en 2014.
En 2012, 9 circonscriptions ont voté à plus de 50 % pour le PQ, tandis que 37 circonscriptions ont voté à plus de 40 %. En comparaison, en 2022, seule Matane-Matapédia a voté à plus de 50 %. En 2012, le PQ a remporté 32 % des voix. En 2022, le pourcentage est descendu à 14,6 %.
Jamais le parti n’aura remporté si peu de sièges et un si faible taux dans la majorité des circonscriptions depuis sa première élection en 1970.
Le PLQ, de majoritaire à parti d’opposition
Depuis l’arrivée de la CAQ sur le terrain politique, le PLQ a lui aussi graduellement perdu son emprise sur plusieurs circonscriptions. Dans 64 d’entre elles, le PLQ est arrivé en cinquième position.
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En 2014, 14 circonscriptions ont voté à plus de 50 % pour le PLQ et 27 à plus de 40 %. En 2022, ce sont 8 circonscriptions qui ont voté à plus de 50 % et 14 à plus de 40 %.
Pendant de nombreuses années, plusieurs circonscriptions libérales ont voté à plus de 70 % pour le PLQ. Certains bastions libéraux, comme D’Arcy-McGee et Robert-Baldwin, ont même voté à plus de 80 % pour le PLQ par le passé.
Cette fois, cependant, le PLQ a remporté ses bastions libéraux avec 60 % ou moins des voix. Dans D’Arcy-McGee, seulement la moitié des électeurs ont voté pour le PLQ, alors que 22 % ont voté pour le PCQ.
Un taux de participation stable
Le taux de participation en 2022 (environ 66,05 %) est pratiquement le même que lors de la dernière élection (66,5 %). C’est en 1976 que la plus forte proportion de Québécois avait voté, avec un taux de participation dépassant les 85 %. Les Québécois avaient alors élu le péquiste René Lévesque.
Environ 56 000 bulletins de vote ont été rejetés, ce qui représente un peu plus de 1 % des quelque 4 163 000 bulletins de vote dépouillés.
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Méthodologie
Mélanie Meloche-Holubowski journaliste, Melanie Julien cheffe de pupitre, Francis Lamontagne designer, André Guimaraes et Mathieu St-Laurent développeurs, Danielle Jazzar réviseure linguistique et Martine Roy coordonnatrice