Nitassinan pour les Innus, Nitaskinan pour les Atikamekw, Eeyou Istchee pour les Cris… le territoire représente pour les Premières Nations le passé, le présent et l’avenir.
Le passé, parce que c’est dans le territoire que s’est élaborée la langue, que se sont déployés l’imaginaire, la spiritualité, la culture, et que s’est forgée une histoire nourrie par les récits donnant naissance aux mythes et légendes qui font au bout du compte l’essence des peuples. Bref, le territoire constitue l’assise à partir de laquelle l’identité singulière de chacune des nations a surgi.
Une identité -caractérisée entre autres par une relation unique au monde pour ces nations- qui se projette dans le présent, où le territoire fait l’objet de luttes de réappropriation après avoir subi les assauts du colonialisme guidé par l’expropriation des peuples autochtones et l’exploitation intensive de leurs richesses : minerais, terres rares, hydro-électricité, forêt, poissons, faunes, flores, etc. De la soif d’or des conquistadores espagnols jusqu’à l’appétit féroce des forestières pour les arbres de la forêt boréale, en passant par la quête insatiable des métaux de l’avenir comme l'ytterbium, le lanthane, le lithium ou le gadolinium qu’on retrouve déjà dans nos ordinateurs, nos téléphones cellulaires ou les voitures électriques, on voit que notre économie, en bonne partie basée sur l’extraction, a toujours faim de ces richesses qu’on retrouve pour la plupart sur les territoires des nations autochtones. Or, les Autochtones ont décidé qu’ils méritaient mieux que les déchets de mine ou les coupes à blanc laissés derrière et surtout, qu’ils ne seront plus des spectateurs passifs devant ce pillage.
Le territoire représente donc aussi l’avenir, c’est-à-dire les bases sur lesquelles repose l’édification de gouvernements autonomes. Une démarche inexorable, dont nous avons amplement expliqué les tenants et les aboutissants dans un dossier antérieur. Et cet avenir passe obligatoirement par le territoire, non plus comme un buffet ouvert aux ressources inépuisables qui ne profitent qu’aux autres, mais bien comme un espace politique, culturel, spirituel, social, économique, et de guérison où les Premières Nations seront les acteurs principaux d’une réappropriation de leurs terres, mais aussi, in fine, de leur destin.
Bonne lecture!