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L’École des dirigeants des Premières Nations souffle sa deuxième bougie

Deux personnes sont debout sur une estrade, dont une qui prononce un discours.

Manon Jeannotte et Ken Rock, tous deux titulaires d'un EMBA McGill-HEC Montréal, ont fondé l'École des dirigeants des Premières Nations en 2021.

Photo : Myriam Boulianne

448 diplômés, 37 communautés, 85 formateurs : la crème de la crème était réunie vendredi soir à Montréal pour célébrer le deuxième anniversaire de l’École des dirigeants des Premières Nations (EDPN). Celle-ci offre des programmes de leadership destinés aux chefs, aux gestionnaires, aux entrepreneurs et aux femmes autochtones et, plus globalement, sert à « décoloniser l’éducation ».

Manon Jeannotte en convient : elle et l’avocat innu Ken Rock ne s'attendaient pas à un engouement aussi rapide lorsqu’ils ont fondé l’EDPN, propulsée par HEC Montréal, en 2021. Maintenant, il y a même des listes d’attente pour certains programmes. On voit que le besoin est là, confie d’emblée en entrevue la directrice de l'établissement.

Sur les 448 diplômés, 341 sont issus des Premières Nations. Les autres sont des allochtones qui ont suivi une formation spécifique afin de mieux connaître et de mieux collaborer avec les Autochtones, explique Mme Jeannotte.

Les cinq programmes offerts misent sur le leadership des femmes, les aptitudes entrepreneuriales et la gestion collaborative, entre autres.

C'est une fierté de voir le changement que l'École peut faire dans leur vie. Les participants nous témoignent qu'il y a un avant-EDPN et un après.

Une citation de Manon Jeannotte, directrice de l'École des dirigeants des Premières Nations

Et l’année 2024 s’annonce riche en développements. Un nouveau programme basé sur la réconciliation économique verra le jour à l’hiver 2024 et les responsables sont présentement à l’idéation d’un programme destiné aux jeunes de 18 à 35 ans, poursuit Mme Jeannotte, qui a agi pendant 12 ans à titre de conseillère puis de cheffe au sein de la Première Nation Mi’kmaq de Gespeg.

Cette dernière souhaite également attirer les Inuit à s'inscrire à leurs formations. Elle travaille aussi à ce que l’École puisse s'implanter dans d’autres provinces.

Une approche tournée vers la réconciliation

Dès ses débuts, l’EDPN a bénéficié d’un financement de 10 millions de dollars sur cinq ans du gouvernement québécois. Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, a d'ailleurs prononcé un discours lors duquel il a souligné que ça avait été les 10 millions les plus rapides à obtenir puisque [le gouvernement] croyait au projet.

Un homme prononce un discours.

Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, a dit trouver « rassurant » le succès de l'EDPN et a salué « la qualité » des participants et des formateurs.

Photo : Myriam Boulianne

Avec les connaissances que vous avez acquises, vous allez retourner dans vos communautés avec un bagage. [...] Vous êtes [en quelque sorte] des modèles.

Une citation de Ian Lafrenière, ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit

Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), s'est quant à lui remémoré les rencontres préliminaires avec HEC Montréal avant la mise sur pied de l'école. Notre première rencontre avait été plus que convaincante. On était sûrs de notre coup que ce projet allait trouver preneur, a-t-il relaté en se félicitant désormais de l'adhésion totale et sans équivoque.

Deux hommes jouent de la musique sur une scène.

Ghislain Picard, chef de l'APNQL, a rejoint sur scène l'artiste innu Shauit lors de la prestation musicale d'ouverture.

Photo : Myriam Boulianne

Serge Lafrance, directeur de l’École des dirigeants HEC Montréal, a également tenu à souligner l'approche par binôme, c'est-à-dire dispensée par un formateur autochtone et par un formateur de HEC. Prônée par l'EDPN, cette approche s’inclut dans la réconciliation et dans le fait de décoloniser l’éducation, a-t-il affirmé.

La cérémonie a aussi été l'occasion de remettre des diplômes à cinq cohortes, ce qui porte à 16 leur nombre total depuis 2021.

Je me suis immédiatement inscrite

Deux diplômes sous le bras, Amy Beauvais, cheffe au Conseil mohawk de Kanesatake, confie s'être inscrite au programme Devenir un leader transformationnel à la suite de critiques envers son leadership au sein même de son conseil. J'ai vu l'opportunité [à l'EDPN] et je me suis dit que si quelqu'un pense que je suis incompétente, je vais faire en sorte qu'il ne puisse plus le dire.

L'objectif principal du programme consistait à soumettre un projet à leur communauté. Le sien : créer un département de communications au Conseil mohawk de Kanesatake.

J'ai choisi un projet qui, selon moi, bénéficierait réellement à la communauté, car par le passé, il y a eu des plaintes sur le fait que le Conseil ne communiquait pas assez bien.

Une citation de Amy Beauvais, cheffe au Conseil mohawk de Kanesatake

De la création d'une politique en matière de communications à l'amélioration du site web en passant par l'élaboration d'un protocole en cas de fausses rumeurs, ce département sera utile pour démystifier les mensonges et diffuser rapidement la vérité afin d'éviter que la situation ne s'enflamme, explique-t-elle.

Après avoir présenté son projet, la cheffe Beauvais a même été approchée par deux autres communautés qui souhaitent mettre sur pied un département similaire.

Deux femmes posent avec leurs diplômes.

Amy Beauvais, cheffe au Conseil mohawk de Kanesatake, et Ellen Filippelli, directrice générale au Centre de justice des Premiers Peuples de Montréal, ont reçu leurs diplômes de l'EDPN vendredi à Montréal.

Photo : Myriam Boulianne

Diplômée de la même cohorte, Ellen Filippelli, directrice générale du Centre de justice des Premiers Peuples de Montréal, admet de son côté qu'elle s'est immédiatement inscrite lorsqu'elle a su qu'il existait une formation destinée aux leaders autochtones. Nous devons nous tenir au courant des dernières nouveautés en matière d'éducation et des nouveaux moyens de diffuser nos idées.

Mme Filippelli, issue de la nation mohawk, a également tenu à souligner les grandes amitiés qui se sont créées. Nous sommes plusieurs nations et nous avons toutes nos propres problèmes. Mais nous sommes aussi très semblables. Nous n'avons pas à lutter seules, a-t-elle lâché sur une note d'espoir.

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