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Fouilles au Royal Victoria : les Mères mohawks de retour en cour

Kahentinetha et un caméraman cri.

Les Mères mohawks ont tenu à ce que les fouilles soient filmées pour pouvoir tout documenter. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Les Mères mohawks ont déposé au tribunal une motion d’urgence pour demander l’arrêt des travaux d’excavation sur le site de l’ancien hôpital Royal-Victoria. Elles estiment que l’Université McGill et la Société québécoise des infrastructures (SQI) ne respectent pas l’entente que les trois parties ont conclue.

Les Mères mohawks (kanien’kehá:ka kahnistensera) souhaitent que des fouilles soient menées sur le site de l’ancien hôpital. Elles soupçonnent que des sépultures anonymes d’enfants autochtones et non autochtones s’y trouvent, victimes d’une série d’expériences psychiatriques telles que des électrochocs et des lobotomies durant les années 1950 et 1960.

L'ancien hôpital Royal Victoria.

L'ancien hôpital Royal Victoria. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

En novembre 2022, les femmes de Kahnawake, qui se représentaient elles-mêmes, ont réussi à mettre sur pause le chantier de plus de 800 millions de dollars de la SQI et de l’Université McGill.

Cette bataille juridique avait mené à un accord entre les trois parties, désignant les Mères mohawks comme les leaders des recherches d’éventuelles tombes. C’est cet accord que les Mères mohawks accusent la SQI et McGill de ne pas respecter.

[Nous sommes] choquées et déçues que l'Université McGill et la Société québécoise des infrastructures aient poursuivi [les travaux] le 11 septembre en forant un grand nombre de trous marquant le début d'une série d'excavations, disent-elles dans un communiqué de presse.

Le forage est la seule technique exigée par le Panel d’archéologue pour ce secteur et elle a donc été respectée, se défend la SQI.

Fragments d'une botte.

Les fragments d'une botte ont été retrouvés sur le site sans que les experts soient pour le moment capables d'expliquer leur provenance. (Photo d'archives)

Photo : Photo fournie par Philippe Blouin

Le même jour, l'Université McGill a diffusé un message à l'ensemble de son personnel et de ses étudiants déclarant que l'investigation de la zone où les travaux devaient commencer n’a révélé aucune trace de sépultures.

Dans ce courrier, dont Espaces autochtones a pu avoir une copie, Christopher Manfredi, vice-principal exécutif de McGill, rappelle que ces travaux ont été effectués en suivant à la lettre les recommandations d’un panel indépendant d’archéologues et en parfaite conformité avec la convention de règlement conclue en avril entre l’Université McGill, la Société québécoise des infrastructures, le groupe Kanien’keha:ka Kahnistensera (ou Mères mohawks) et plusieurs autres parties. Je suis aujourd’hui en mesure de confirmer qu’aucune trace de restes humains ni de sépultures anonymes n’a été détectée pendant cette phase des recherches.

Les Mères mohawks considèrent ces développements comme des provocations majeures, étant donné que l'enquête est loin d'être terminée et que McGill n'a pas de preuves de l'existence ou non de tombes.

Deux techniciens poussent un radar pénétrant.

Le radar pénétrant a été utilisé sur le site pour voir si des sépultures non marquées d'enfants autochtones se trouvent sous terre. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Par courriel, la SQI a réagi en indiquant vouloir corriger les différentes allégations des Mères mohawks.

Elle rappelle également que le panel d'archéologues a terminé son mandat, mais qu'il n'a pas été dissous, contrairement aux allégations des Mohawks.

Les dossiers judiciaires de la Kahnistensera montrent que McGill et la SQI ont refusé de suivre plusieurs recommandations des archéologues, comme le tamisage du sol provenant des zones où des anomalies de corps potentiels ont été localisées, expliquent encore les Mères mohawks.

Elles assurent que la SQI aurait refusé de partager les données du géoradar avec l'Association canadienne d'archéologie et le groupe d'experts lui-même. La SQI et l’Université McGill auraient aussi, selon elles, refusé d'autoriser les chiens de recherche à retourner sur le site.

La SQI n'a pas répondu à ces accusations.

Je ne comprends pas comment ils peuvent agir de la sorte, alors qu'une décision de justice a établi qu'il s'agissait d'un projet mené par des Autochtones, ajoute Kwetiio, l’une mère mohawk.

Une femme est assise à l'extérieur et parle.

Kwetiio est membre des Mères mohawks. (Photo d'archives)

Photo : Philippe Granger

Dans sa note aux employés et aux étudiants, le vice-principal exécutif de l'Université McGill dit aussi que les Mères mohawks ont fait savoir très récemment que leur groupe et leurs gardiens de la culture autochtone ne seraient pas présents sur le site au début de cette nouvelle phase de travaux, et c’est leur droit.

Les Mères mohawks expliquent plutôt qu’elles se sentent menacées depuis une altercation avec un gardien de sécurité de la SQI et qu’ils ne nous ont même pas donné une formation à la sécurité pour le travail dans les zones en construction et nous n'avons pas l'équipement approprié. L'accord de règlement stipule que nous devons être présents.

Les moniteurs culturels peuvent en tout temps se rendre sur le site afin d’assurer le suivi des travaux archéologiques ou les protocoles concernant les cérémonies, assure de son côté la SQI.

Des mesures de sécurité ont été mises en place pour protéger l’accès à la zone d’intérêt ainsi que les partenaires présents sur place, dit-elle encore.

L'audience pour l'arrêt des travaux d'excavation aura lieu le 14 septembre, au palais de justice de Montréal.

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