Accès aux archives des pensionnats pour Autochtones : des comptes exigés aux récalcitrants

Des nounours et des chaussures symbolisant les enfants morts dans les pensionnats pour Autochtones. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Andrew Lee
Un comité sénatorial s'engage à tenir une audience cet automne pour demander des réponses aux organisations qui n'ont toujours pas divulgué leurs archives liées au système canadien des pensionnats pour Autochtones. Ces institutions seront donc convoquées.
Le comité estime que les gouvernements et les Églises font barrage aux Autochtones dans leur recherche de vérité.
Dans un communiqué de presse publié mercredi, le sénateur Brian Francis, de l'Île-du-Prince-Édouard, a qualifié de décourageant
le fait que tant de gouvernements et d'organisations n'aient pas fourni les informations demandées. Celles-ci pourraient apporter une certaine paix
aux familles et aux communautés, dont certains enfants sont morts dans ces établissements financés par le gouvernement et gérés par l'Église.

Brian Francis siège sur le comité sénatorial permanent des peuples autochtones.
Photo : (Laura Meader/CBC)
Le Canada ne peut se réconcilier avec son passé sans faire face à cette vérité
, a déclaré M. Francis dans le communiqué.
M. Francis, qui est un Mi'kmaw de la Première Nation de Lennox Island, préside le comité sénatorial permanent des peuples autochtones.
Ce rapport a été publié après l'étude des travaux du Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) qui sont en cours. Il se base aussi sur les informations de l'interlocutrice spéciale pour les enfants disparus et les tombes anonymes associées aux pensionnats.
Le rapport, intitulé Honorer les enfants qui ne sont jamais rentrés chez eux : vérité, éducation et réconciliation, propose six recommandations au gouvernement libéral.
La commission demande instamment à Ottawa d'accélérer le transfert de tous les dossiers fédéraux au CNVR, de veiller à ce que le centre soit correctement financé et de prendre toutes les mesures nécessaires
pour lutter contre le négationnisme lié aux pensionnats.

Kimberly Murray a été nommée interlocutrice spéciale indépendante pour les enfants disparus et les sépultures anonymes en lien avec les pensionnats pour Autochtones.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Le comité est très préoccupé par le petit groupe d'individus qui tente de saper les récits des survivants sur les épreuves et les abus qu'ils ont subis
, peut-on lire dans le rapport.
Le groupe demande également à Ottawa de soutenir davantage l'interlocutrice, Kimberly Murray, que le ministre de la Justice David Lametti a nommée en juin 2022 afin de recommander un nouveau cadre fédéral pour la protection des lieux de sépulture et des tombes anonymes.
Le rapport indique que les familles ont attendu assez longtemps
et exhorte les Églises et les gouvernements à divulguer immédiatement tous les documents.
Les ministères fédéraux, les gouvernements provinciaux et les organisations religieuses s'interposent entre les peuples autochtones et la vérité sur ce qui leur a été fait au nom du Canada
, a déclaré Dennis Patterson, sénateur du Nunavut, par voie de communiqué.
Il est encore temps pour eux de faire ce qu'il faut
, a-t-il ajouté.

Dennis Patterson est le sénateur du Nunavut depuis 2009.
Photo : CBC / Vincent Robinet
Le système des pensionnats a été au cœur des politiques de génocide culturel du Canada, selon le rapport final de 2015 de la Commission de vérité et de réconciliation. Le système a été créé pour séparer les enfants autochtones de leurs familles et les assimiler à la société dominante, selon la Commission.
Le système a fonctionné dans tout le pays pendant plus d'un siècle, et 150 000 enfants, selon les estimations du gouvernement, y sont passés. Ils étaient souvent victimes de négligence, de malnutrition et d'abus physiques, psychologiques et sexuels.
L'année dernière, la Chambre des communes a adopté à l'unanimité une motion exhortant les libéraux à reconnaître les pensionnats comme un génocide.
La CNVR a recensé plus de 4000 décès dans les pensionnats.
D'après un texte de Brett Forester, de CBC