Les Autochtones toujours surreprésentés en prison, selon Statistique Canada

Près de 1 homme autochtone sur 10 âgé de 25 à 34 ans a été incarcéré de 2019 à 2021. (Photo d'archives)
Photo : iStock / Pict Rider
Le taux d’incarcération des Autochtones est environ neuf fois plus élevé que celui des non-Autochtones, révèlent des données de Statistique Canada publiées mercredi.
Le rapport étudie la surreprésentation des Autochtones détenus de 2019-2020 et 2020-2021 dans des établissements provinciaux pour adultes de cinq provinces, soit la Nouvelle-Écosse, l'Ontario, la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique.
Parmi les cinq provinces étudiées, c'est en Saskatchewan que le taux d’incarcération des Autochtones était le plus élevé, soit 17,7 fois plus que le reste de la population. L'Alberta suivait avec 10,8, puis la Colombie-Britannique (7,9) et l'Ontario (6,3). La Nouvelle-Écosse fermait la marche avec un taux 1,9 fois plus élevé que chez les non-Autochtones.
Au cours de la période étudiée, ce n'est pas moins 3 % de la population autochtone adulte qui a été incarcérée. En outre, les jeunes hommes sont davantage surreprésentés : près de 1 homme autochtone sur 10 âgé de 25 à 34 ans a été détenu.
En 2020-2021, la surreprésentation des Autochtones a aussi augmenté de 14 % par rapport à l’année précédente, notamment en raison de la baisse du nombre de détenus durant la pandémie, souligne le rapport, qui s'appuie sur les données de l'Enquête sur les services correctionnels canadiens.
Pour cette période, Statistique Canada recense 42,6 détenus autochtones dans les établissements provinciaux pour 10 000 habitants. Ce nombre tombe à 4,0 pour les détenus non autochtones.
Les femmes surreprésentées
La publication rapporte aussi qu'en 2020-2021, les femmes autochtones étaient surreprésentées dans les établissements correctionnels provinciaux. Leur taux d’incarcération était 15,4 fois plus élevé que celui des femmes non autochtones, tandis que le taux d’incarcération des hommes autochtones était 8,4 fois plus élevé que celui des hommes non-autochtones.
Les analystes attribuent la surreprésentation des femmes et des hommes autochtones dans le milieu carcéral aux conséquences du colonialisme ainsi que du racisme individuel et systémique, aux conditions socioéconomiques difficiles et aux traumatismes générationnels.
Portrait semblable au Québec et au fédéral
L’étude concerne pour le moment seulement cinq provinces canadiennes, mais Statistique Canada souhaite élargir l’enquête à l'ensemble du pays. Au Québec, tout indique que le portrait est similaire, selon un rapport de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) publié en 2021.
En 2019-2020, les Autochtones du Québec représentaient 6,6 % des personnes ayant été admises dans le système carcéral, alors qu'ils ne représentent que 2,3 % de la population de la province.
Dans les établissements fédéraux, le constat est similaire. Le rapport annuel 2021-2022 du Bureau de l’enquêteur correctionnel notait que la surreprésentation des Autochtones dans les établissements pénitentiaires fédéraux s’était « accélérée ». Par exemple, ils représentaient 32 % des personnes incarcérées au fédéral, tandis que les femmes autochtones représentaient 50 % de l'ensemble des femmes détenues, même si elles ne comptent que pour 5 % de la population canadienne.
Baisse du taux d'incarcération en raison de la COVID-19
Statistique Canada souligne toutefois une diminution du taux d'incarcération en 2020-2021 par rapport à l'année précédente, tant pour les Autochtones (en baisse de 18 %) que pour les non-Autochtones (en baisse de 27 %).
Le rapport explique que cela est attribuable à la pandémie, période durant laquelle les établissements correctionnels ont diminué le nombre de détenus pour prévenir les risques pour la santé publique. Plusieurs mesures ont été prises, comme la mise en liberté temporaire ou anticipée.
Au début de la pandémie, le recours à la mise en liberté sous caution a été plus fréquent chez les non-Autochtones que chez les Autochtones, mais l'écart s'est considérablement rétréci après une année, conclut le rapport.