Feux de forêt : les évacuations se poursuivent dans les communautés autochtones
« Legault ne dirige pas notre communauté », a lancé le chef de Mistissini en réaction à une déclaration du premier ministre qui a évoqué la possibilité d'une évacuation prochaine de la communauté crie.

Depuis plusieurs jours, les feux de forêt inquiètent la communauté crie de Waswanipi. Dennis Saganash a pris cette photo il y a cinq jours.
Photo : Gracieuseté: Dennis Saganash
Kitcisakik, Lac-Simon, Obedjiwan, Oujé-Bougoumou, Lac-Rapide et maintenant Waswanipi... Le nombre de communautés autochtones évacuées ne cesse d'augmenter. La communauté crie de Waswanipi, située entre Chapais et Senneterre, est la dernière à avoir annoncé l'évacuation des personnes vulnérables à cause des feux de forêt.
À l'heure actuelle, 12 693 personnes sont évacuées au Québec, selon les derniers chiffres du gouvernement. Près de 15 % d'entre elles proviennent de communautés autochtones. Ce chiffre ne tient pas compte des nouvelles évacuations prévues à Obedjiwan et certaines communautés estiment que davantage de leurs membres sont toujours évacués.
La cheffe de Waswanipi, Irene Neeposh, a annoncé que les personnes qui souffrent notamment de problèmes respiratoires, de handicaps, de problèmes de santé mentale et de maladies cardiaques, ou encore qui ont des besoins spéciaux doivent évacuer la communauté crie.
L'évacuation se fait en direction de la ville de Québec. Selon le gouvernement, 300 personnes sont évacuées.
La cheffe a demandé aux membres de sa communauté de rester calmes.
Les lignes téléphoniques avec Waswanipi ne fonctionnent plus.
Hier, en fin d'après-midi, c'est une autre communauté crie, Oujé-Bougoumou, qui avait dans un premier temps ordonné l'évacuation des personnes vulnérables, avant de procéder à une évacuation totale peu après.
Selon Québec, près de 800 personnes ont été évacuées de la communauté. Après un voyage pénible dans la nuit, elles sont arrivées à Roberval et Saguenay. Quelques familles ont trouvé refuge à Mistissini.
Évacuations dans les communautés autochtones le 7 juin vers 15 h
Communauté autochtone | Nbre de personnes évacuées |
---|---|
Kitcisakik | 250 |
Lac-Simon | 150 |
Lac-Barrière | 206 |
Opitciwan | 51 |
Oujé-Bougoumou | 795 |
Waswanipi | 300 |
En Abitibi, la communauté anishnabe de Kitcisakik, située au sud de Val-d’Or dans la réserve faunique de La Vérendrye, est toujours vide. Les quelque 250 membres évacués depuis la fin de semaine sont toujours à Val-d'Or et dans les environs.
Le chef Régis Penosway ne prévoit toujours pas un retour à cause de la qualité de l'air, surveillée étroitement
.
Les panaches de fumée ne sont pas bons pour la santé et la qualité de l'air n'est vraiment pas bonne. On ne prévoit pas de retour présentement
, a-t-il expliqué. Le CISSS de l'Abitibi-Témiscamingue indique d'ailleurs que la qualité de l'air est très mauvaise à Kitcisakik et Lac-Simon, et se dégrade de manière générale en Abitibi-Témiscamingue.
À Lac-Simon, l'avis d'évacuation a été levé lundi soir et des membres ont commencé à revenir dans la communauté. Québec estime que 150 personnes sont toujours évacuées, mais le chef de Lac-Simon, Lucien Wabanonik, évalue que seulement près de la moitié des 2000 membres sont de retour dans leurs maisons.
Jeudi matin, des navettes vont commencer le rapatriement des quelque 200 personnes qui sont à la Polyvalente Le Carrefour de Val-d'Or. Toutefois, le chef demande aux personnes vulnérables de rester en dehors de la communauté jusqu'à vendredi.
Pour Lac-Barrière, Québec recense 206 évacuations. Le chef indiquait que la quasi-totalité de la communauté (environ 700 habitants) avait pourtant été évacuée. La grande majorité se trouve dans des hôtels ou chez de la famille.
Pour sa part, la communauté atikamekw d’Opitciwan évacue 200 personnes supplémentaires, sur une base volontaire. Les personnes vulnérables, essentiellement des femmes et des enfants, seront accueillies par la communauté innue de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean. Des autobus ont été nolisés pour évacuer les membres de la communauté qui est située au nord de La Tuque.
Opitciwan avait déjà commencé l'évacuation des personnes vulnérables. Le chef Jean-Claude Mequish estimait que plus de 75 personnes avaient été déjà évacuées.
Mardi, environ 300 personnes d’Opitciwan ont quitté par leurs propres moyens leur communauté, qui compte quelque 2500 membres.
Legault ne dirige pas notre communauté
, dit le chef de Mistissini
Le premier ministre du Québec, François Legault, a évoqué ce matin la possibilité d'une évacuation prochaine de la communauté crie de Mistissini. Le coordinateur de la sécurité publique ainsi que le responsable des communications de la communauté avaient rapidement démenti cette information à Espaces autochtones, précisant rester en mode alerte
.
Dans une déclaration publiée en cri puis en anglais sur Facebook, le chef de Mistissini, Michael Petawabano, a tenu à rassurer les membres de sa communauté, située au nord-est de Chibougamau.
Legault ne dirige pas notre communauté. La communauté est gérée par les responsables ici présents, nous prenons les décisions. Nous sommes en sécurité, il n'y a pas de danger.
Néanmoins, il a indiqué être en train d'élaborer tranquillement des plans pour les personnes vulnérables si le besoin s'en faisait sentir. Ne paniquez pas
, a-t-il répété.
La situation est surveillée de près, avec la collaboration de la SOPFEU.
Par ailleurs, la 9e édition du Pow-wow Abitibiwinni à Pikogan a été annulée. Dû aux circonstances, il est de notre devoir de prioriser la sécurité et le bien-être de tous les spectateurs, chanteurs, danseurs et bénévoles. La décision n'a pas été facile à prendre
, a écrit le comité du Pow-wow dans un communiqué.
Le Pow-wow Abitibiwinni devait se tenir les 10 et 11 juin.