Brésil : la situation sanitaire des Yanomami « demeure préoccupante »

D’après des données officielles, une centaine d'enfants de moins de cinq ans sont morts en 2022 dans la réserve Yanomami, où vivent quelque 30 400 Autochtones. (Photo d'archives)
Photo : Reuters / AMANDA PEROBELLI
Plus de quatre mois après l'état d'urgence sanitaire décrété par le gouvernement brésilien dans la réserve autochtone Yanomami, la situation « s'est améliorée », mais « demeure préoccupante », a déclaré à l'AFP la ministre de la Santé, Nisia Trindade.
Il y a eu des améliorations, notamment une baisse des cas de dénutrition grave. Mais la situation demeure préoccupante. Nous avons encore un grand nombre de cas de malaria, plus de 6700 depuis le début de l'année, dont 8 mortels
, a-t-elle expliqué lors d'un entretien téléphonique.
L'état d'urgence sanitaire a été décrété le 21 janvier, trois semaines après l'entrée en fonction du gouvernement de gauche de Luiz Inacio Lula da Silva, qui a succédé au président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Une enquête pour génocide
avait été ouverte dans la foulée, après la publication de données officielles faisant état de la mort, en 2022, d'une centaine d'enfants de moins de cinq ans dans la plus grande réserve du pays, où vivent quelque 30 400 Autochtones.
Des images d'enfants aux corps squelettiques avaient choqué le monde entier.
Aussi vaste que le Portugal, le territoire des Yanomami vit une situation critique depuis des années, en raison des intrusions d'orpailleurs.
Les Autochtones les accusent de violer et de tuer des membres de leur communauté, tout en les privant d'un de leurs principaux moyens de subsistance, la pêche, en polluant les fleuves au mercure.
L'armée a été déployée par le gouvernement Lula pour déloger les orpailleurs en février, mais de nombreuses mines illégales restent en activité dans la réserve.
L'hôpital de campagne installé fin janvier par l'armée de l'air à Boa Vista, capitale de l'État de Roraima, pour renforcer la capacité de soins aux Autochtones, est toujours en place aujourd'hui.
Un centre de référence en santé autochtone a été inauguré en avril dans la localité de Sururucu, à l'intérieur de la réserve. Selon le ministère de la Santé, 91 enfants atteints de dénutrition ont été guéris après avoir été soignés dans ce centre.
Il faut rappeler que cette situation d'urgence est due au fait que cette population était délaissée, privée des soins les plus basiques
sous le gouvernement Bolsonaro, dit Mme Trindade.
La semaine dernière, la ministre s'est rendue à Genève, où l'OMS a approuvé une résolution présentée par le Brésil faisant de la santé des peuples autochtones une priorité mondiale.
L'approbation de cette résolution est importante, car c'est une reconnaissance du fait que les Autochtones ont besoin d'une attention spéciale, [...] adaptée à leurs particularités culturelles
, a-t-elle assuré.
Dans de nombreux pays, comme le Brésil, les indicateurs de santé sont moins bons chez les Autochtones, notamment pour ce qui est de la mortalité infantile ou de l'espérance de vie
.