•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Kanesatake : un autre site pollué inquiète Québec

Un panneau annonce la délimitation de la communauté mohawk de Kanesatake et de la municipalité d'Oka.

L'entrée de la communauté mohawk de Kanesatake, au nord-ouest de Montréal, tout près de la municipalité d'Oka. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Francois Villeneuve

Il n’y a pas que l’ancien dépotoir de G&R qui cause des soucis environnementaux à Kanesatake. Selon le ministère de l'Environnement du Québec, de la terre contaminée en provenance de l'extérieur de la communauté mohawk a été trouvée sur un autre terrain de Kanesatake.

Le 9 mai, le ministère de l’Environnement a remis une ordonnance ministérielle à l’entreprise Distribution Top Layer, située au 1460, rang Sainte-Philomène, à Kanesatake.

L’entreprise est dirigée par Jean-Sébastien Sears-Pépin et se spécialise dans le domaine de l’asphaltage et des revêtements extérieurs. Elle est située sur le même terrain que le Centre de pêche chez Robert.

À la suite d’une plainte, le ministère a effectué une inspection sur ce terrain le 16 octobre 2020. Ses inspecteurs ont constaté, selon le document obtenu par Espaces autochtones, la présence de matières résiduelles (béton, briques, asphalte, tiges de métal, etc.), alors que le site ne constitue pas un lieu où le stockage est autorisé.

Le ministère détaille que le lot a fait l’objet de travaux de remblayage dans le littoral, ainsi que dans la rive et les plaines inondables (ou zones inondables) du lac des Deux Montagnes et de la rivière des Outaouais, sans qu’une autorisation ministérielle ne soit délivrée à cette fin, ce qui contrevient à la loi.

Par ailleurs, la présence de matières résiduelles est aussi en contravention avec la loi, dit le ministère. Les résultats d’analyse de ces échantillons démontrent que certains sols dans les amas et dans le remblai contiennent des concentrations […] supérieures à certains critères de la loi.

En décembre 2020, Distribution Top Layer avait déjà écopé d’une amende. M. Sears-Pépin, le propriétaire, indique à Espaces autochtones qu’elle s’élevait à 5000 $.

Le ministère de l'Environnement le somme aussi de cesser tous travaux et de remettre en état le terrain.

Malgré plusieurs avertissements, demandes et courriers envoyés, le ministère de l'Environnement estime que le propriétaire de Distribution Top Layer n’a jamais fourni de réponses satisfaisantes.

Des déchets dans la nature.

Si le site de G&R est particulièrement visible, d'autres sont plus discrets mais sont tout de même dans le viseur des autorités.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

M. Sears-Pépin soutient n’avoir contrevenu à aucune loi, puisque ces analyses ont été réalisées sur un terrain en dehors de la juridiction du Québec. Ils ne savent même pas qui est le propriétaire du terrain, ajoute M. Sears-Pépin.

Dans le document du ministère, il est indiqué que le terrain est la propriété du gouvernement du Canada.

M. Sears-Pépin assure connaître le propriétaire, un Mohawk, dont il a refusé de divulguer l’identité.

Environnement Québec sort de sa juridiction et ils ont raté leurs tests. Nos résultats ne correspondent pas aux leurs, assure M. Sears-Pépin.

Il détaille aussi que son entreprise a été engagée par Liaison Terrex pour faire l’épandage des sols. Il précise que Liaison Terrex est une entreprise qui met en relation des entrepreneurs et des gens pour déposer de la terre pour du remblai.

Selon lui, c’est aussi à Liaison Terrex de faire le suivi.

C’est bizarre, Environnement Québec n’a rien fait contre eux autres, ajoute M. Sears-Pépin, qui estime que le gouvernement préfère s’attaquer à lui, un petit poisson , qu’à un gros entrepreneur.

Contacté par Espaces autochtones, Liaison Terrex n’a pas répondu à nos appels.

Selon M. Sears-Pépin, le tout a été considéré comme un contaminant, car on se trouve dans une zone inondable et sur un littoral. Tu peux mettre n’importe quoi : de la terre, des feuilles, ça va devenir un contaminant parce que c’est dans une zone, pour eux, où tout devient un contaminant, poursuit-il.

Il assure aussi que rien n’a été déversé dans la rivière ou dans le lac, tout est resté sur le terrain du propriétaire.

Légalement, j’ai les mains liées, je suis juste entre deux choses. Si c’est vrai qu’il y a des contaminants, ils n’ont pas été voir le propriétaire, l’excavateur, etc., ajoute-t-il.

Si le propriétaire du terrain me dit "mets ça là", je mets ça là, dit-il encore.

Il estime aussi que c’est le service d’environnement de Kanesatake qui devrait s’occuper de ça, avec l’appui du gouvernement.

Contacté par Espaces autochtones, le maire d’Oka, Pascal Quevillon, estime qu’en général, ce qui se fait en territoire autochtone, sur le littoral, manque d’encadrement. Ça prendrait plus d’encadrement.

Le grand chef de Kanesatake, Victor Bonspille, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.