Caroline Monnet revisite ses racines à C2 Montréal

Caroline Monnet
Photo : Radio-Canada / Martin Ouellet-Diotte
Pour l’artiste multidisciplinaire autochtone Caroline Monnet, l’histoire est un puissant moteur de changement et d’inspiration. Elle portera ce message dans le cadre de l’événement C2 Montréal, qui rassemble des milliers de participants dans la métropole québécoise jusqu’à la fin de la semaine pour discuter d'entrepreneuriat, d'innovation et de créativité.
En compagnie de l’artiste culinaire jamaïco-américain DeVonn Francis, elle présentera vendredi une conférence sur le thème Revisiter nos racines.
L’objectif est de montrer comment nos racines et nos différents héritages culturels peuvent amener de nouvelles idées et créer de nouvelles réalités dans la conscience collective
, raconte la prolifique artiste autochtone.
Dans le cadre de cette conférence, elle aura l’occasion d’expliquer comment son histoire personnelle et son héritage anishnabe se sont retrouvés au cœur de sa pratique artistique, et comment elle a utilisé son travail pour combattre les préjugés et changer le narratif.
J’approche mon travail avec une philosophie autochtone et je m’intéresse beaucoup aux enjeux autochtones. C’est ce qui anime mes recherches et ce sont les choses que j’ai envie de raconter, explique-t-elle. J’aime utiliser mon travail pour décloisonner des communautés autochtones, pour briser certains stéréotypes, pour mieux faire connaître des réalités et pour contrer l’ignorance et l’incompréhension.
Créer des ponts
Spécialiste en arts visuels, cinéaste et photographe, Caroline Monnet n’a pas chômé ces dernières années. Depuis 2010, ses œuvres ont été exposées à travers le monde, et ses films ont été projetés dans plusieurs festivals internationaux. Sa série Ikwewak, qui met en vedette des femmes autochtones, a aussi été présentée au World Press Photo l’an dernier.
Cette urgence de créer, de raconter son histoire, s'inscrit dans une mission plus grande.
« À travers l’art, j’ai l’impression que je peux créer des ponts entre les nations et les communautés, entre les francophones et les anglophones, entre les Autochtones et les allochtones. »
Elle sait qu’elle a un impact positif lorsqu’elle arrive à toucher les gens avec ses œuvres, à susciter un intérêt pour le message qu’ils portent et, ultimement, à provoquer une réflexion.
C’est arrivé que je fasse une exposition au musée des beaux-arts et qu’une personne (allochtone) décide d’y retourner avec ses enfants dans le but de les éduquer, de les exposer à nos réalités. C’est dans ces moments-là que mon travail prend son sens.
Une belle plateforme
Dans le cadre de l’événement C2 Montréal, Caroline Monnet s’adressera principalement à des entrepreneurs. Elle y voit une occasion parfaite pour parler des enjeux et des réalités autochtones à un public international qui s’y connaît peu en la matière.
C’est vraiment une belle plateforme. En étant là, en montrant et en parlant de notre travail, on peut intéresser ces gens et briser l’image qu’ils ont de nous dans leur imaginaire.
Le message qu’elle souhaite transmettre, c’est que peu importe le domaine d’activité, il est toujours possible d’utiliser ses expériences personnelles pour atteindre de nouveaux horizons. Elle espère aussi que son auditoire retiendra certaines choses au sujet des Autochtones.
« On n’est pas une culture stagnante, on a beaucoup à offrir. On a des idées et des histoires originales qui sont ancrées dans des millénaires de tradition. On est des artistes et des individus ancrés dans une tradition forte, mais qui sont totalement tournés vers l’avenir. »
Des qualités essentielles pour surmonter les traumatismes du passé et pour mieux se projeter dans le futur.
On est dans un moment dans la société où on a besoin d’espoir, de pouvoir travailler ensemble pour bâtir des choses. La résilience des dernières générations, il faut l’utiliser pour faire quelque chose de positif, explique Caroline Monnet. On est encore là et on est encore très forts dans nos valeurs, dans notre philosophie, dans notre travail, dans nos connaissances. C’est très important de les mettre de l’avant.