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Pleins feux sur les horizons autochtones du Festival TransAmériques

Cliff Cardinal accroupi sur scène devant une rangée de personnes debout.

Issu de la communauté autochtone de Pine Ridge au Dakota, Cliff Cardinal s'est établi à Toronto. Il présentera « William Shakespeare’s As You Like It, A Radical Retelling by Cliff Cardinal », du 1er au 3 juin.

Photo : Dahlia Katz

À une semaine de l'ouverture du Festival TransAmériques (FTA), l'une des plus importantes manifestations en arts vivants de l'Amérique du Nord, Radio-Canada s'est entretenue avec la codirectrice artistique Martine Dennewald sur la tonalité autochtone de la programmation. Cap chez les Samis de la toundra arctique, puis vers l'Argentine rurale des opprimés, en passant par le Chili et le Nunavut.

Sous l'impulsion d'une double direction avec Jessie Mill, le FTA poursuit son décloisonnement des pratiques scéniques. Au sens propre comme au sens figuré : deux spectacles sortent prendre l'air en débutant à l'extérieur, avant d'inviter les spectateurs à poursuivre la représentation à l'intérieur du Monument-National.

Le 17e Festival TransAmériques, du 24 mai au 8 juin à Montréal, s'ouvrira avec la pièce Vástádus eana (La réponse est le territoire) en donnant rendez-vous au public sur l'esplanade Tranquille au son des mégaphones de chanteuses de joik, cet art vocal traditionnel du peuple autochtone sami que l'on a encore tendance à appeler lapon avec la connotation coloniale que ce terme implique, puisqu'il signifie ceux qui portent des haillons en suédois.

Dans ce spectacle entièrement féminin et mis en scène par Elle Sofe Sara, tout est fait pour remettre en question le rapport à l'endroit où l'on est, résume Martine Dennewald. Le programme du FTA pique la curiosité en évoquant un récit polyphonique de résistance, de guérison et d'amour pour le territoire.

Cinq chanteuses a cappella du spectacle Vástádus eana – La réponse est le territoire.

Les interprètes du spectacle « Vástádus eana (La réponse est le territoire) » s'adonnent au joik, une pratique de chant du peuple sami.

Photo : Antero Hein

Parmi les 24 spectacles programmés, 6 s'affirment explicitement dans la lignée des préoccupations autochtones, même si la codirectrice réfute toute idée d'étiquette accolée aux créations artistiques. Il y a autant d'aspects qui les rassemblent et qui les distinguent aussi, s'empresse-t-elle de nuancer.

Ce sont des artistes d'ici et d'ailleurs, car nous sommes un festival international et il nous importe d'ouvrir une fenêtre sur le monde, de permettre aux artistes de réseauter entre eux.

Une citation de Martine Dennewald, codirectrice artistique du FTA depuis 2021

Autre spectacle à moitié en extérieur, moitié en salle, Soliloquio, de Tiziano Cruz, se présente comme un défilé et une performance pour exorciser les siècles d'injustice et rendre visibles les cultures autochtones (du 28 au 30 mai).

Cet artiste queer vient d'un milieu rural, à la frontière chilienne et bolivienne, au nord de l'Argentine, raconte Mme Dennewald. Il se reconnecte à sa culture autochtone, qui serait la culture andine, mais laquelle précisément? À partir du moment où sa culture entre dans la modernité et [s'intègre] au discours de l'art contemporain, elle se retrouve étiquetée.

Tiziano Cruz, seul en scène, regarde la projection du portrait d'une femme.

Tiziano Cruz provient d'une région du nord de l'Argentine, appelée Jujuy. Il s'inspire de ses origines autochtones dans « Soliloquio », deuxième volet d’une trilogie.

Photo : Humberto Araujo

Tiziano Cruz a recruté des danseurs péruviens, à Montréal, pour un défilé prévu sur la rue Sainte-Catherine. En marche, ce seront aussi les siècles de maltraitance et d'invisibilisation que l'artiste convoque.

Sa biographie mentionne qu'en 2015, Tiziano Cruz perd sa jeune sœur à cause d’une négligence du système hospitalier de sa région natale.

Martine Dennewald promet un texte très revendicatif, cristallisant une pensée depuis une perspective subalterne très courante dans les discours anticoloniaux.

Vinnie Karetak et Laakkuluk Williamson Bathory.

« Qaumma », qui signifie « lumière » en inuktitut, met en scène Vinnie Karetak et Laakkuluk Williamson Bathory.

Photo : Maryse Boyce

Également à l'affiche, l'artiste inuk Laakkuluk Williamson Bathory revient avec Qaumma en compagnie de son complice Vinnie Karetak (du 3 au 6 juin), preuve que le FTA souhaite accompagner les artistes plus que les sélectionner, fait valoir Mme Dennewald. Ce spectacle constitue la mouture finale d'une première version issue d'un laboratoire du FTA.

Laakkuluk Williamson Bathory est connue pour ses vidéos, ses installations et ses performances d’uaajeerneq, une danse du masque pratiquée par les Inuit du Kalaallit Nunaat (Groenland). Elle a reçu le prestigieux Prix Sobey en 2021.

Revisiter ses classiques

Du côté canadien, puisque Cliff Cardinal est désormais établi à Toronto (il est issu de la communauté autochtone de Pine Ridge, au Dakota), il faudra découvrir son mystérieux spectacle William Shakespeare’s As You Like It, A Radical Retelling by Cliff Cardinal. La pièce est saluée pour son habile stratégie de détournement.

Martine Dennewald.

Après une carrière de plusieurs années au sein de prestigieux festivals en Europe, Martine Dennewald codirige depuis mai 2021, avec Jessie Mill, le Festival TransAmériques (FTA).

Photo : FTA / Hamza Abouelouafaa

Une véritable révélation a lieu pendant le spectacle, promet Martine Dennewald, sans divulgâcher le contenu.

Un changement de perspective s'opère dans le spectacle, pas seulement dans le propos, mais dans ce que le spectateur peut ressentir.

Une citation de Martine Dennewald, codirectrice artistique du FTA

Enfin, le chorégraphe Radouan Mriziga s'inspire de son héritage amazigh (berbère) et explorera la question des connaissances autochtones exclues des narratifs dominants et de l’histoire dite officielle du bassin méditerranéen dans Libya (du 25 au 27 mai).

Pour montrer la pluralité des artistes autochtones présentés, autant que la variété de profils conviés, la programmatrice cite aussi la présence du Chilien Malicho Vaca Valenzuela, de la communauté mapuche, mais qui ne transpose pas ses origines dans un discours artistique politisé avec Reminiscencia (du 4 au 6 juin).

C'est la preuve que les esthétiques proposées diffèrent, tout comme les propos artistiques, d'une grande richesse, conclut la programmatrice.

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