Direction l’Élysée pour un groupe réclamant l’extradition du prêtre Rivoire
Le 16 janvier, Be Brave France avait manifesté devant la résidence de Johannes Rivoire, exigeant l'extradition de ce prêtre qui fuit la justice canadienne depuis 30 ans, accusé de multiples crimes sexuels sur des enfants inuit.

Le 16 janvier dernier, le groupe Be Brave France a effectué une manifestation devant le lieu de résidence de Johannes Rivoir, à Lyon.
Photo : Be brave France
Des leaders de Be Brave France, un groupe de défense de victimes de pédophilie, verront s'ouvrir les portes de l'Élysée, lundi, où ils seront reçus par le conseiller en justice de la république française, M. Xavier Ronsin. Leur but : faire extrader le père Johannes Rivoire accusé au Canada d'avoir abusé d'enfants inuit.
Accompagné d'une avocate, l'organisme compte poursuivre ses pressions sur l'État français pour que celui-ci « prenne ses responsabilités en matière de protection de l'enfance, au pays comme à l'international ».
L'Élysée représentant le plus haut lieu du pouvoir français, cette rencontre a le potentiel de légitimer les revendications du groupe, qui ne souhaite rien de moins que la modification de la politique française en matière d'extradition
.
L'organisme Be Brave se décrit comme un mouvement international rassemblant des survivants et survivantes d'inceste et de violence sexuelle dans leur enfance
. Selon son cofondateur, Arnaud Gallais, la France est aux prises depuis longtemps avec un grave problème en matière de gestion de la pédocriminalité, alors que plus de 165 000 enfants sont victimes de violence sexuelle au pays, chaque année
.
Devant l'étendue de ces problèmes, le président de la République française, Emmanuel Macron, avait d'ailleurs, en 2022, fait de la protection de l'enfance l'un de ses engagements majeurs du quinquennat.
À l'automne dernier, la France avait réitéré son refus officiel d'extrader Johannes Rivoire, en s'appuyant sur la législation française.
En temps normal, le droit français ne permet pas au pays d'extrader ses propres citoyens et, dans le cas présent, le délai entre les événements allégués et le dépôt des accusations est trop grand.
Selon Be Brave, cependant, le refus d'extrader Johannes Rivoire par la France entre en contradiction directe avec l'engagement du président Macron de 2022
, et Arnaud Gallais compte bien le rappeler à l'Élysée.
Une stratégie diversifiée
Malgré les limites de la législation et de la jurisprudence françaises en la matière, Arnaud Gallais est convaincu que justice peut être faite
dans ce dossier et compte présenter différents arguments à M. Ronsin.
Sur le plan juridique, par exemple, la double citoyenneté de Johannes Rivoire n'a pas vraiment été considérée dans les dernières décisions
, explique M. Gallais.
En effet, M. Rivoire est citoyen canadien, ce qui le rend susceptible d'être jugé par les autorités canadiennes, contrairement aux personnes possédant uniquement la citoyenneté française.
Le contexte actuel est également particulier, puisqu'en 2021, le rapport de la commission Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église en France a établi qu'environ 330 000 enfants ont été victimes d'abus de la part de représentants de l'Église depuis les années 1950.
Arnaud Gallais est d'avis que permettre l'extradition de Johannes Rivoire, un pédocriminel [présumé] en série qui échappe à la justice depuis 30 ans grâce aux lois françaises, enverrait un signal fort de l'engagement de l'État français pour la protection de la jeunesse
.
Surtout que, selon lui, le président de la République a le pouvoir de faire des exceptions en matière d'extradition, lorsqu'il y a raison suffisante
, et cette situation s'est d'ailleurs déjà présentée dans les cas d'accusations de terrorisme.
Nous comptons également lire des lettres des victimes [alléguées] de M. Rivoire, puisque le but ultime de notre rencontre est évidemment que justice leur soit donnée.